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parmi les peuples païens. Elle se soutient par des contributions volontaires, et toute personne souscrivant la somme de douze francs est membre de la Société.

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La Société a eu à se féliciter récemment des succès obtenus par ses missionnaires dans le Bengale. De Calcutta et de ses environs, les rapports sont on ne peut plus encourageants. Deux mille jeunes Indiens dans cette ville seule. reçoivent une instruction chrétienne; et l'école de jeunes filles indiennes, sous la direction de madame Peare, femme du vénérable missionnaire, W. H. Peare, prospère d'une manière satisfaisante. M. Yates a donné en bengali une traduction du Nouveau Testament, dont la première édition est déjà épuisée. Il en prépare une seconde, et pour l'exécution de cette œuvre, la Société doit un tribut de reconnaissance à la Société anabaptiste des États-Unis d'Amérique, qui est généreusement venue à son secours avec un don de vingt-cinq mille francs.

Un autre missionnaire, M. Ward, travaille, à Samarang, à un dictionnaire de la langue malaye. Il avait déjà terminé une traduction du Nouveau Testament, lorsque la découverte d'une portion de la langue malaye, inconnue jusqu'à ce moment de tout Européen, lui a imposé le devoir de retarder sa publication, et de faire une révision complète de son travail.

Les rapports de Ceylan, des îles Bahamas, de la Jamaïque, de la Trinité et d'autres stations, offrent plus ou moins de sujets de joie sur les progrès du christianisme; mais tous témoignent de la ferveur, du zèle et de la persévérance des agents de la Société.

Les dépenses ont été, durant la dernière année, de 392,725 francs; les recettes de 378,150 francs, donnant un excédant de dépenses de 14,575 francs. Notre intention est de revenir sur les travaux de cette Société que nous ne -faisons aujourd'hui qu'indiquer. N'ayant pas reçu le dernier rapport de la Société biblique anglaise et étrangère de Londres, et notre intention étant de parler au long des

travaux de cette Société, nous remettons à le faire à notre prochain numéro.

En terminant ce premier résumé, nous regrettons que nos limites ne nous permettent pas de faire mention à la fois de toutes les associations qui méritent de fixer l'attention du monde chrétien. Dans le numéro suivant, nous signalerons d'autres sociétés de la France et de l'Angleterre, et nous parlerons en détail de celles de la Hollande, de la Prusse, de la Suisse, de la Belgique, de la Russie et des États-Unis de l'Amérique du Nord.

CORRESPONDANCE.

MISSIONNAIREs de Wesley DANS LE MIDI de la France.

Nimes, septembre.

L'objet principal qui m'a conduit à visiter Nîmes avec mon collègue M. Beecham, était d'y assister à l'ordination de quatre de nos missionnaires. Nous voulions inspecter ensuite nos stations dans le Vaunage et les Hautes-Alpes. Partout nous avons trouvé nos frères animés du plus louable zèle et travaillant avec une sainte ferveur à l'instruction évangélique d'un peuple qui leur donne chaque jour des preuves d'affection, de reconnaissance et d'attachement filial. On nous avait vanté les progrès religieux du midi de la France, mais je puis vous certifier que l'on ne nous en avait pas dit assez. Le 17 août nous avons tenu une assemblée à Vauvert, et le 19 à Congenies, nous célébrâmes les agapes. L'assemblée eut lieu à deux heures de l'après-midi dans la chapelle de Vauvert, construction simple mais commode, qui peut contenir environ 300 personnes. Des le matin, on voyait descendre des montagnes voisines et venir de plus de deux lieues à la ronde, une foule de fidèles, dont l'humble piété, la simplicité chrétienne était on ne peut plus touchante. Le révérend Charles Cook, dont les travaux dans ces

contrées, ainsi que ceux de ses collègues, ont été bénis du Seigneur, prit le fauteuil. On entendit successivement MM. Hocart, Gallienne, Rostan et Louis Martin. Je pris aussi la parole. Trois prédicateurs locaux : MM. Papenaud, Bertin et Navil se firent également entendre. Tous parlèrent de leur mieux pour la cause que tous ont si sincèrement à cœur. Je dois vous dire un mot des prédicateurs locaux (*). Ils sont nouveaux en France. Il y a quelques années ils y étaient inconnus. L'un d'eux a dit : « Je rends grâces à Dieu d'avoir envoyé ses serviteurs dans ce pays; ils ont été entre ses mains les instruments de mon salut. Je me réjouis d'appartenir à une société qui ne souffre pas la présence de gens

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avides. La religion de Jésus est une religion d'amour : c'est « cette religion-là qui nous a été prêchée. Je désire de me « consacrer entièrement à Dieu; et je vous supplie, mes frères, « de continuer VOS efforts pour la cause des missions: c'est « la cause de Jésus-Christ. » → Un autre disait : « Je suis « moi-même un exemple de l'effet des travaux des mission« naires. Je ne puis vous exprimer le bonheur que j'en res« sens. Je voudrais que tous pussent connaître la bonté ⚫ ineffable du Seigneur. Mes amis, je vous recommande de <<< tout mon cœur les missions; agissons ardemment pour elles, puisqu'elles ont tant fait pour nous. »

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Les sentiments qui animaient l'assemblée furent manifestés dans la collecte qui s'y fit. En considérant que Vauvert n'est qu'un petit bourg, et que ses habitants sont généralement pauvres, on ne pouvait pas s'attendre à une collecte de 250 francs. C'est cependant ce qui a eu lieu : elle est le double de celle de l'année passée.

Le 19, à Congenies, le service commença à 7 heures du matin par des prières. M. Cook prêcha à neuf heures. A onze on se rendit à l'église protestante; à trois heures on célébra les agapes ; et à huit je suis monté en chaire.

(1) Prédicateurs locaux : des laïques, habitants de l'endroit, prêchant sans recevoir de rétribution,

R.

L'esprit qui animait les fidèles était remarquable; ils parlèrent de leur conversion avec clarté, force, et une conviction sincère. En tout, l'assemblée m'a représenté autant que possible une de nos plus réjouissantes agapes du comté d'York. Véritablement la main de Dieu est visible ici je n'ai rien vu de pareil dans toute la France. Si nos amis en doutent, qu'ils viennent donc. voir par eux

mêmes.

Je dois vous donner maintenant quelques détails sur l'ordination à Nîmes de MM. Hocart, Lebas, et Rostan, qui eut lieu, le 24 août. Le service se célébra dans la chapelle des méthodistes de Wesley, et commença à dix heures; mais dès le matin une grande multitude était accourue, tant des campagnes voisines que de la ville même, qui semblait prendre un vif intérêt à la cérémonie qui allait se célébrer. En arrivant à l'église nous y trouvâmes réunis plus de 400 de nos frères, qui attendaient dans un pieux recueillement le commencement de l'ordination. Le service s'ouvrit sous la direction du révérend Charles Cook, surintendant du district (ce district s'étend du département du Gard à celui des Hautes-Alpes, sur une étendue de plus de 60 lieues). On chanta d'abord le cantique 213; ensuite, M. Cook fit la prière d'introduction; puis il expliqua à l'assemblée le but de la réunion, et l'engagea à prier Dieu pour les jeunes ministres qui allaient être consacrés à son service. Je m'avançai alors, et j'interpellai chacun des candidats individuellement sur sa conversion à Dieu et sa vocation pour le saint ministère ; chacun répondit avec joie à l'appel, et tous rendirent le compte le plus satisfaisant de la manière dont ils s'étaient sentis appelés vers Dieu, comment ils avaient vécu depuis ce moment, et des raisons qui les faisaient croire qu'ils avaient une véritable vocation pour se consacrer au service du Seigneur. Je fis alors la prière d'usage; les portions des Écritures saintes affectées à cette cérémonie (savoir l'Évangile selon saint Jean, ch. 10, versets 1 à 16; et la 1 épître à Timothée, ch. 6, versets 6

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à 16) furent ensuite lues avec une sainte ferveur par le révérend M. d'Ardre, pasteur protestant de Vallons. M. Cook lut l'exhortation liturgicale. Puis je posai les questions ordinaires à chacun des candidats, qui répondirent distinctement à toutes. Après la prière de l'ordination, les candidats furent solennellement consacrés par l'imposition des mains; cérémonie à laquelle prirent part avec moi, les révérends MM. Beecham, Cook, Henri Martin, L. Martin et d'Ardre. On fit ensuite présent d'une Bible à chaque candidat, et la cérémonie se termina par un discours de M. Cook, discours aussi remarquable par sa profondeur que par l'onc tion tout évangélique avec laquelle il fut prononcé. Ainsi finit cette ordination, l'un des services religieux les plus touchants que j'aie vus de ma vie, et qui a laissé de fortes impressions dans l'esprit de ceux qui en furent témoins.

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Un mot à présent sur l'état religieux du peuple des Hautes-Alpes. Les habitants de ces contrées sont les descendants en droite ligne, et sans mélange, des premiers chrétiens de la province du Dauphiné; en d'autres mots, ce sont les restes des chrétiens primitifs. Lorsqu'en 1559 s'ouvrit le premier synode national des protestants, il s'y trouva des délégués des Alpes qui dirent : «Nous consentons à faire «< cause commune avec vous; mais nous n'avons pas besoin de la réformation, car nos pères et nous-mêmes avons «< constamment refusé toute union avec les corruptions des Églises de la communion de Rome. » Une bulle papale du 24 juin 1487 promet la bénédiction apostolique à tous ceux qui se distingueront dans la destruction des hérétiques invétérés des diocèses de Lyon, de Vienne et d'Embrun. On commanda de les écraser sous le talon, comme des bêtes venimeuses. En 1488, le peuple courut, se réfugier dans les cavernes des plus hautes montagnes, avec les enfants et toutes les provisions qu'il pouvait emporter. L'officier qui commandait les troupes du roi ordonna qu'on mît le feu à une quantité d'arbres et de branchages posés à l'entrée de l'une de ces cavernes, afin d'étouffer par la

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