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des Aborigènes M. George Clarke, qui, pendant l'espace de seize ans, a exercé les fonctions de catéchiste dans le pays. La mission perd un soutien précieux, mais elle se réjouit de le sacrifier aux intérêts des indigènes, seul objet de sa sollicitude chrétienne.

L'évêque de l'Australie a hautement approuvé la conduite de la Société des missions dans la Nouvelle-Zélande, en demandant que les terres achetées pour les enfants des missionnaires soient considérées comme leur propriété légitime et définitive. Le vénérable prélat pense que cés jeunes gens sont plus dignes que les autres colons, par l'éducation qu'ils ont reçue, les principes qu'ils professent, l'intelligence qu'ils montrent, de se fixer dans le pays pour le cultiver, et de se mêler aux indigènes pour les civiliser. Germe précieux d'une communauté nouvelle, ils jetteront de profondes racines dans le sol, dont ils deviendront la force et l'ornement. Ainsi les accusations se dissipent en présence de ces témoignages flatteurs donnés avec autant d'abandon que d'empressement. La malveillance, sans doute, ne se taira pas, mais il serait puéril de la combattre l'approbation des âmes élevées et vertueuses suffit à une œuvre chrétienne.

Le lecteur veut-il maintenant, résumant en son esprit tout ce qu'il vient de lire sur la Nouvelle-Zélande, se faire une idée exacte de l'aspect général de ce pays; qu'il se rappelle ces phénomènes charmants que la terre. offre au printemps. Une semaine après que la semence a été jetée en son sein, sa surface garde l'empreinte d'un travail diligent, mais n'offre encore aucune trace de végétation on voit le travail de l'homme, on ne voit pas celui de la nature. Bientôt un manteau de verdure tendre et délicate renouvelle l'aspect des champs et réjouit l'œil par son doux éclat. Mystérieusement fécondée, la semence pousse son jet verdoyant, première parure des campa

gnes embellies. La Nouvelle-Zélande, comme un champ magnifique, se couvre aussi d'une riche végétation; c'est le fruit précieux de cette semence divine depuis longtemps jetée dans le secret des cœurs, où elle était jusqu'ici restée cachée. Des semailles à la moisson, le temps est long, les dangers sont bien nombreux; bien des circonstances peuvent semer la mort parmi ces commencements de vie; nous avons nous-mêmes montré ce qu'il y a de grave dans l'état actuel de la Nouvelle-Zélande; mais Dieu règne, et du haut du ciel il répandra, nous en avons l'espérance, nous le lui demandons, les pluies de la première et de la dernière saison, qui changent en réalité les douces espérances du laboureur.

VARIÉTÉS.

RAPPORT DE LA DÉPUTATION ENVOYÉE EN PALESTINE PAR L'EGLISE D'ECOSSE.

PREMIER ARTICLE.

Lieux particulièrement propres à la fondation de missions juives. Le Nord de la Palestine.-Smyrne.

L'intérêt que l'amour chrétien excite de nos jours en faveur de la postérité d'Abraham se manifeste par de beaux fruits au milieu des respectables pasteurs de l'Eglise d'Ecosse. Réfléchissant que quand il s'agit de la conversion de tout un peuple dispersé aux quatre vents des cieux, il faut de l'ensemble et de la méthode dans les efforts, et à cet effet une connaissance préalable des circonstances favorables ou contraires à leur réussite, ces

hommes sages nommèrent au commencement de 1839 une députation composée de quatre ministres de l'Eglise, et ils la chargèrent de visiter, en leur nom, les villes qui, en Europe et en Asie, comptent le plus de Juifs parmi leurs habitants. La députation devait encore donner son avis sur les différentes questions qui se rattachent au projet de l'Eglise d'Ecosse. On va lire les passages les plus importants de son intéressant rapport.

« Grâce à la favorable assistance de notre bon Dieu, nous avons enfin rempli notre mission. Et maintenant revenus sains et saufs dans notre patrie chérie, et debout encore une fois au milieu de la vénérable assemblée de notre Eglise, nous formons dans nos cœurs un désir, une prière, c'est que les espérances qui étaient si vivantes à notre départ puissent pleinement s'accomplir. Nous sentons qu'une grande responsabilité pèse sur ceux d'entre nous qui ont eu le privilége de visiter, dans leurs demeures éparses, les nombreux enfants d'Israël, de les voir errer comme des étrangers sur les montagnes de Juda, leur antique patrie, et étendre encore vers Dieu leurs mains suppliantes dans les synagogues de la Pologne. Nos cœurs brûlent au dedans de nous-mêmes du désir, nonseulement de soumettre à notre Eglise les résultats de nos recherches, mais de communiquer à tous ses membres les vives impressions de commisération que nous avons éprouvées en faveur du peuple juif.

« Si nous pouvions conduire nos pères, nos frères, tout le peuple chrétien d'Ecosse au milieu des scènes diverses que nous avons nous-mêmes contemplées; si nous pouvions leur faire partager les sentiments avec lesquels nous avons vu les Juifs végéter près des ruines désolées du temple de Jérusalem, déployer une dévotion extravagante dans les synagogues de la Galilée, se promener dans les rues de Brody où l'on voit à peine d'autres faces

humaines que celles des enfants d'Abraham; surtout si nous pouvions leur communiquer les émotions qui remplissaient nos cœurs quand nous voyions les mille manières dont ils cherchent à établir leur propre justice, en priant pour les morts, en faisant des pélerinages à Jérusalem, en portant des phylactères, en dansant avec la loi, nous sommes bien assurés que le même sentiment de profonde sympathie s'emparerait de tous les cœurs dans cette Eglise, et qu'une même prière, fervente et efficace, serait présentée à Dieu par toutes les familles pieuses d'Ecosse. Cette prière serait le vœu du prophète : « Ah! que le salut d'Israël vienne de Sion! »

<< Sous tous les rapports, la Terre-Sainte présente un champ de travail des plus importants et des plus intéressants. Depuis 1832, époque où le Pacha d'Egypte prit possession d'Acre, les Juifs y ont toujours été les objets d'une tolérance équitable, quelquefois même d'une bienveillante protection. C'est un avantage que nous accorde Celui qui tient le cœur des rois dans ses mains puissantes. Toutefois les Juifs souffrent dans le pays de leurs pères. Leurs peines les rendent plus ouverts et plus aimables que partout ailleurs. Il est clairement enseigné dans la Bible que l'affliction est un moyen que Dieu emploiera pour convertir les Juifs. (Ezéchiel, xx, 37; Ozée, μ, 14.) Dans les autres pays, engagés dans le commerce et riches par leur négoce, ils nous ont paru peu attentifs à la sollicitude des missionnaires; mais en Judée, la peste, la pauvreté, le pouvoir tyrannique des rabbins, les insultes des Païens les ont si profondément humiliés, qu'ils s'attachent à quiconque leur montre de la bonté; ils écouteront donc sans amertume les paroles de grâce et d'amour qui sortiront un jour des lèvres du messager de la bonne nouvelle. Ils tiennent à leurs rabbins ; ils sont étrangers à l'incrédulité française ainsi qu'au néologisme allemand.

Ils croient que l'Ancien-Testament est la Parole de Dieu; ils conservent l'attente réelle du Messie. Cet espoir s'est même accru avec les années, et il est aujourd'hui plus ferme que jamais. Le missionnaire trouvera donc un point de départ bien arrêté, et avec la Bible hébraïque à la main, il pourra leur expliquer avec autant de facilité que de force tout ce qui est écrit de Jésus dans la loi, les prophètes et les psaumes.

« La Judée peut être considérée comme le centre du monde juif. En vérité, la nation bénie autrefois est bien dispersée aujourd'hui dans tous les pays qui sont sous les cieux; toutefois, au nom sacré de Jérusalem, tout cœur israélite bat encore de regret et d'espoir, et c'est vers la ville sainte que, chaque matin et chaque soir, il tourne sa face attristée durant la prière. C'est de là encore que, comme du cœur de la nation, toute influence nouvelle se répand facilement aux membres éloignés de ce corps malheureux. Un pauvre Juif, habitant d'une petite ville sur le Danube, nous parla des conversions qui s'opèrent à Jérusalem. Ainsi quoi qu'on fasse en faveur des Juifs dans la Palestine, l'impulsion qui partira de Jérusalem même sera beaucoup plus forte que si elle venait d'ailleurs.

« Il faut ajouter que les Juifs considèrent les Anglais comme leurs amis. Le nom d'un Anglais emporte pour eux, avec lui, une idée de bonté, de protection, de sympathie. Trois ans avant notre arrivée, un consul anglais s'était établi à Jérusalem; c'est un homme, sous tous les rapports, fort bien qualifié pour être l'ami véritable d'Israël et du missionnaire évangélique. Les limites de son pouvoir sont les mêmes que celles de l'Israël d'autrefois; il a reçu de son gouvernement l'ordre de protéger les Juifs de toute son influence. La main de la souveraine Providence n'est-elle pas visible ici? N'est-il pas de notre devoir d'ennoblir l'intérêt que nous avons à

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