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plus la même; il nous faut commencer par raffermir la foi si faible, si mal assise et si terriblement attaquée d'une foule de Chrétiens, qui n'entendent presque jamais parler de l'Eucharistie, qu'avec la légèreté de l'indifférence ou l'hostilité du mépris.

Oh! combien je me féliciterais, si, dans quelques-unes de ces pages que je vais écrire sous la dictée de mon amour et sous les inspirations de votre sainte Eglise, mon cœur, s'élevant vers vous, pouvait les emporter avec lui et leur faire bien connaître ce Dieu caché 1 que l'œil de l'homme voyageur ici-bas ne peut sans doute pas plus apercevoir dans l'Eucharistie que dans le ciel, mais que la vérité de votre parole nous assure être aussi réellement présent sur l'autel qu'au milieu des gloires du paradis! Oui, combien je m'estimerais heureux de pouvoir leur montrer, d'une part, ce que vous avez fait pour nous dans ce mystère, et de l'autre, ce que nous devons faire pour vous! Trois mots me paraissent renfermer l'abrégé de vos bienfaits dans l'Eucharistie: PROMESSE, DON, POSSESSION. Vous avez, en effet, commencé par nous promettre ce trésor, en le faisant annoncer et figurer dès 1 Isa. c. 45, y 15.

les temps anciens, et plus tard, en laissant tomber de votre bouche adorable le solennel engagement de nous donner votre chair à manger et votre sang à boire 1; puis, cette promesse, vous l'avez effectuée par le don ineffable que l'Eglise a reçu de vous la veille de votre mort 2; et enfin ce don, vous nous en avez confirmé le bienfait par une possession authentique, invariable et publique de votre Eglise; laquelle possession forme un titre en faveur de cette sainte Epouse de Jésus-Christ, puisque la condition de celui qui possède est ordinairement la meilleure 3. Je veux me donner la joie de bien méditer toutes ces choses.

Je verrai ensuite, si vous m'en faites la grace et « que le temps me soit accordé pour cela, »> comment le Chrétien doit répondre aux graces reçues dans ce mystère. Trois mots encore ici résumeront tous ses devoirs par rapport au divin Sacrement de l'autel L'HONORER, LE RECEVOIR, EN PROFITER. Voilà, mon Dieu, la route tracée sous nos pas; voilà un abrégé de nos obligations par rapport au Dieu de l'Eucharistie. Il me semble que si je puis bien

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2 I. Cor. c. 11, y 23 - 3 Melior est con

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Si vita comes fuerit. IV. Reg. c. 4, ŷ 16,

comprendre toutes ces choses, en pénétrer mon cœur, en remplir ma vie, j'aurai acquis cette science du tabernacle, qui est aussi la science des Saints. N'est-ce pas là, en effet, mon Dieu, que se trouve « l'abrégé de vos merveilles'?» et n'est-ce pas surtout dans l'Eucharistie, qui est le renouvellement, la continuation et le complément du Calvaire, que vous achevez en quelque sorte votre ouvrage, et que, par la consommation » de votre sacrifice, (( vous devenez l'Auteur du salut éternel pour tous ceux qui vous obéissent" >> et vous reçoivent avec pureté, ferveur et amour?

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PREMIÈRE SEMAINE

Élévations à Dieu sur les figures qui, dans l'ancienne loi, présageaient l'institution de la sainte Eucharistie.

PREMIÈRE ÉLÉVATION

Que les figures et les prophéties relatives à l'Eucharistie ont été comme une promesse qui précédait celle de l'Evangile.

Quel admirable édifice que celui de la Religion! Tout s'y enchaîne, s'y unit merveilleusement. Le passé renferme toujours un germe de l'avenir, et l'avenir un riche développement du passé. Sur cet arbre mystérieux, les fruits ne viennent jamais sans avoir été préparés et annoncés par des fleurs; et le Père céleste semble vouloir rendre ses dons encore plus précieux, en les faisant toujours précéder de promesses souvent multipliées, qui ont pour but de nous les faire désirer avec plus d'ardeur et recevoir avec plus de reconnaissance.

Le grand bienfait de l'Eucharistie, comme celui de l'Incarnation, demandait donc que l'univers fût préparé à le recevoir. Il fallait que de nombreuses et éclatantes figures se joignis

1

sent aux oracles des prophètes pour amener peu à peu le plein jour de vos révélations, Seigneur, le moment fortuné où votre divin Fils, ce « grand Prophète » infiniment audessus de tous ceux qui l'avaient précédé, devait laisser tomber de sa bouche adorable une promesse plus claire encore que les leurs, et qui touchât, pour ainsi dire, à l'événement.

« La loi, dit saint Paul, n'avait que l'ombre des biens à venir 2; » mais cette ombre elle la possédait réellement. Or, parmi les biens que nous gardait l'avenir, ne faut-il pas mettre en première ligne la grande richesse eucharistique, l'auguste Sacrement de nos autels? L'ombre de cette vérité doit donc se trouver quelque part dans l'Ancien Testament: vous me la découvrirez, Seigneur, et j'en ferai mes délices. Sans doute, je ne veux pas attacher à ces figures plus d'importance qu'elles n'en méritent; ce serait m'arrêter en chemin, « puisque toutes ces choses n'ont été que l'ombre de celles qui devaient arriver, » et « que Jésus-Christ en est le corps et la vérité 3. » C'est lui que je cherche, c'est à lui que je dois m'attacher, c'est en lui que je trouverai la fin et l'accomplissement de toutes choses. Mais, pour arriver là, je veux

1 Luc c. 7, 18

2 Heb. c. 10, 1 =

3 Colos. c. 2, 17.

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