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veur Jésus et la robe dont son amour enveloppe sa majesté. Sans doute « l'homme est plus grand, plus précieux que le vêtement qui le couvre1; » mais ce n'est pas une raison pour méconnaître le prix du vêtement et surtout son utilité. Viens donc, contemple de près ces saintes espèces, qui te rendent un si grand service, puisqu'elles te permettent d'approcher d'un Dieu dont la gloire t'accablerait si elles n'étaient pas là pour protéger et ménager la faiblesse de tes regards. Oui, aime-les, comme on aime un nuage bienfaisant, qui, dans un jour d'excessive chaleur, vient se placer entre le soleil et nous, et, sans nous dérober ses douces influences ni sa lumière qui nous enveloppe, tempère cependant la vivacité de ses rayons, et ne permet pas à cet astre puissant de nous dévorer. Aime-les, ces saintes espèces, comme les enfants d'Israël aimaient le voile que Moïse mettait sur sa tête pour leur permettre de s'approcher de lui et de l'entretenir à l'aise, lorsque, par suite de l'entretien qu'il avait eu lui-même avec le Seigneur, quelque chose de radieux et d'éblouissant s'élançait de son visage et remplissait tout le peuple d'une sainte frayeur2.

1 Matt. c. 6, 25 = 2 Exod. c. 34, † 29.

Oui, mon Dieu, je veux tout aimer dans le mystère de l'Eucharistie car tout ce qui vous appartient, vous touche ou vous sert, me devient infiniment précieux. J'aimerai donc les espèces sacramentelles derrière lesquelles vous êtes caché, comme l'époux des Cantiques, dont il est dit : « Le voilà qui se tient derrière notre mur, regardant par les fenêtres, jetant la vue au travers des barreaux . » Mon regard, Seigneur, répondra au vôtre. Je percerai ce mur avec l'œil de ma foi; et alors je découvrirai mon Bien-Aimé. Je le verrai, sous cette robe blanche, qui n'est plus celle de la folie, comme chez -Hérode à moins qu'on ne dise que c'est la folie de son amour poussé, dans ce mystère, jusqu'aux dernières extrémités. Je le verrai tel qu'il apparut au bien-aimé disciple dans les merveilleuses visions de son Apocalypse; et les saintes espèces, avec leur éclatante blancheur, me permettront de dire, moi aussi, en racontant mes visites à l'Eucharistie : « Et je regardai, et je vis une nuée blanche, et quelqu'un assis sur la nuée, semblable au Fils de l'Homme, ayant sur sa tête une couronne d'or3» qui semblait me dire Laisse-le régner sur toi par l'amour.

2

:

1 Cant. c. 2, † 9 = 2 Luc. c. 23

=

Apoc. c. 14, 14.

QUATRIÈME ELEVATION

Les sacrifices de l'ancienne loi, et en particulier celui de l'expiation.

Le sang qui coulait de toutes parts dans les sacrifices anciens, n'était-ce pas encore une grande promesse que Dieu faisait au monde, de lui donner un jour le sang mille fois plus précieux de Jésus-Christ son fils? et si cette figure a trouvé sa première réalisation au Calvaire, n'est-ce pas sur l'autel qu'elle a son parfait accomplissement ?

Venez, âme fidèle, venez voir cette grande expiation par le sang, dans la loi de Moïse, et vous y reconnaîtrez l'aurore et le prélude de ce sang de Jésus par lequel nous avons été rachetés et purifiés. « Si en effet le sang des boucs et des taureaux sanctifie ceux qui ont été souillés, en leur donnant une pureté extérieure et charnelle, combien plus le sang de Jésus-Christ, qui par le Saint-Esprit s'est offert à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour nous faire rendre un vrai culte au Dieu vivant1! »

1 Heb. c. 9, 13.

Ne pouvant étudier ici en détail tous les sacrifices de l'ancienne loi, qui étaient innombrables et journaliers, je veux arrêter particulièrement mes regards sur celui qui les efface ou qui, pour mieux dire, les résume tous, par son importance et son éclat, le grand sacrifice de l'expiation, qui avait lieu une fois chaque année, et dont saint Paul a si magnifiquement relevé la grandeur dans son Epître aux Hébreux. Lisons avec respect le passage où ce grand apôtre reproduit en quelques lignes, ce qui se trouve longuement détaillé dans le seizième chapitre du Lévitique.

« Moïse, ayant récité, devant tout le peuple, toutes les ordonnances de la loi, prit du sang des veaux et des boucs, avec de l'eau et de la laine teinte en écarlate et de l'hysope, et en jeta sur le livre lui-même et sur tout le peuple en disant: Voici le sang du testament que Dieu a fait en votre faveur1. >>>

Telle est l'origine de ce grand sacrifice qui prit naissance à l'occasion de la faute commise par les enfants d'Aaron, qui avaient introduit dans le temple un feu étranger. Mais, en expiant le péché de ces trois prévaricateurs, le peuple devait aussi expier les siens propres ; et voilà 1 Heb. c. 9, 19.

pourquoi ce sacrifice dut être continué et renouvelé chaque année, avec une circonstance toute particulière, qui était que le grand prêtre, portant dans ses mains le sang des victimes, entrait seul dans le Saint des saints, c'est-à-dire dans le lieu le plus secret et le plus sacré du tabernacle.

Mon Dieu, quel jour, quel moment pour les Hébreux qui étaient témoins de ce spectacle unique dans l'année et si intéressant pour eux! Il me semble voir le grand prêtre « revêtu d'une tunique de lin, ayant sur sa tête une tiare de lin, c'est-à-dire des vêtements saints, et qu'il ne prenait qu'après s'être lui-même purifié et lavé', » s'avançant avec une douce et pieuse majesté, vers ce voile que lui seul peut franchir. Je le vois « prenant d'abord l'encensoir, qu'il a rempli de charbons de l'autel, y mettant ces parfums aromatiques qui ont été composés pour servir d'encens, et entrant d'abord une première fois dans le Saint des saints, au dedans du voile ; » puis sortant pour venir prendre le sang des victimes, avec lequel il rentre de nouveau derrière ce voile mystérieux, dans le plus intime du tabernacle, dans ce lieu terrible et sacré où << nul homme ne doit se trouver quand le pon

1 Lev. c. 16.

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