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Après un examen minutieux, c'est vers le quatrième siècle de notre ère que nous avons placé la construction du puits dont il s'agit. Les fragments de tuiles à rebords de la plus grande dimension trouvés dans le mur, et le mélange des pierres d'origines si diverses, font supposer qu'il a été construit avec des matériaux de démolition.

La presque totalité des fragments de poteries appartiennent de même à la dernière époque de la période gallo romaine. Un seul vase fait exception; il est moins ancien et date des premiers siècles du moyen-âge, alors que l'art romain s'effaçait de plus en plus; il rappelle beaucoup la poterie dite Mérovingienne, si reconnaissable à ses formes anguleuses et qui commençait alors à se répandre de nos côtés.

Parmi quelques objets exceptionnels trouvés avec les débris de vases, nous avons remarqué une espèce de petit panier en argile blanche et non cuite; plusieurs petits objets en argile grise crue, sans forme bien précise, s'y trouvaient également. Des fragments de ces pâtes ayant été mis au four ont donné des résultats différents : l'argile grise a pris une belle couleur rouge; mais la terre du petit panier ne contenant pas d'oxyde de fer ni d'autres matières colorantes, a conservé toute sa blancheur. Le gîte de cette argile se trouve peut-être dans la vallée de la Bêbre.

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L'examen de quelques morceaux de poterie lustrée laisseraient supposer que ce beau vernis des potiers romains.

n'était pas le produit d'une glaçure purement silico-alcaline, qu'il était plutôt obtenu par une couche très-mince de pâte, dont le verre était mélangé avec une argile fine contenant une forte proportion d'oxyde de fer. L'application s'en faisait par engobe; de là un vernis coloré, uni et solide.

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Une dernière remarque est encore à signaler toute la poterie que nous avons examinée se compose d'ustensiles de ménage; les grands vases de tous geures sont habilement fabriqués, et satisfont surtout aux conditions de stabilité la mieux entendue. Les petits vases, destinés à contenir des liquides, paraissent avoir la même origine que les premiers, et cependant la stabilité leur manque; ils ont une base si petite, comparée à leur panse, que le moindre choc suffit pour les faire tomber. Avaient-ils un support sur lequel on les plaçait? La table où ils étaient posés était-elle creusée en certains points pour les recevoir? Nos recherches n'ont pu nous aider à résoudre ces questions.

En résumé, si, dans notre fouille, le lot de la science est peu important, il n'en est pas de même de la part faite au Musée; tout a été mis à notre disposition, et de nouveaux présents, également dûs à M. de Faye, lui assurent dans la Société d'Emulation un souvenir durable.

E. TUDOT.

POÉSIE.

Les Oiseaux de passage.

Vous fuyez, oiseaux de passage;
On entend vos étranges cris.

Au ciel, comme un épais nuage,
Vous frappez nos regards surpris.
Pourquoi voler à tire-d'aile,

Bien loin, vers des mondes nouveaux?
Quel est le but qui vous appelle?
Passez, passez, pauvres oiseaux.

Passez.... votre goût des voyages
N'a rien qui puisse me tenter,
Et loin de nos riants bocages,
Jamais je ne veux déserter.
Je veux toujours voir la lumière
Mourir sur les mêmes côteaux.
Mon pays vaut la terre entière !
Passez, passez, pauvres oiseaux.

Avez-vous, pour charmer l'absence,
La faculté du souvenir?

Dans le lieu de votre naissance

Etes-vous sûrs de revenir?

D'une rive inhospitalière

Craignez les rets et les appeaux.

Je ne crains rien dans ma chaumière !

Passez, passez, pauvres oiseaux.

Pourtant, ma vie est un voyage:
Vous fuyez chassés par les vents;
Comme vous, oiseau de passage,
Je m'enfuis sur l'aile du temps.
Mais vous, au but qui vous appelle,
Vous trouvez des dangers nouveaux;
Mon but est la rive immortelle !
Passez, passez, pauvres oiseaux.

E LE ROY DE CHAVIGNY.

Mon vieux Clocher.

Comme un géant, dont la tête domine
Les humbles toits de nos blanches maisons,
Je t'aperçois, du haut de la colline,
Mon vieux clocher qui braves les saisons.
Tu vis passer à tes pieds, d'âge en âge,
Mes bons parents qui reposent en paix;
Ils m'ont légué l'amour de mon village...
Mon vieux clocher, ne t'écroule jamais!

Mon vieil ami, dans ma longue existence,
Plus d'un lien est là pour nous unir:
Lorsque dans l'air, ta cloche se balance,
Mon pauvre cœur s'émeut d'un souvenir :
Comme ta voix respirait l'allégresse,
Quand je m'unis à celle que j'aimais!
Plus tard, hélas! tu redis ma tristesse....
Mon vieux clocher, ne t'écroule jamais !

Lorsque, jadis, mon humeur trop volage
M'avait conduit vers de lointains climats,

Il m'en souvient, au retour du voyage,
Mon cœur battait et je hâtais mes pas;
Et quand mon œil, interrogeant l'espace,
T'avait trouvé, vieil ami, je pleurais.
Reste debout et ris du temps qui passe,
Mon vieux clocher, ne t'écroule jamais !

Chaque printemps, auprès de toi, rappelle
L'essaim léger des oiseaux voyageurs :
Reste debout, afin que l'hirondelle
Retrouve encor tes créneaux protecteurs,
Et pour bénir ta cîme hospitalière,
Ses gais refrains rediront tes bienfaits.
Reste debout, sous ton manteau de lierre...
Mon vieux clocher, ne t'écroule jamais !

Ta voix, qui fut l'écho de mon baptême,
Sera bientôt l'écho de mon trépas;

Mais quand j'aurai quitté tous ceux que j'aime,
Mon vieil ami, je ne t'oublîrai pas:
Si Dieu permet que mon âme immortelle
Parcoure encor les lieux que j'habitais,
Elle viendra t'effleurer de son aile...
Mon vieux clocher, ne t'écroule jamais !

E. LE ROY DE CHAVIGNY.

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