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festé qu'elle verrait avec plaisir la réunion des députés de la noblesse et du clergé de Léon en terminant son décret ainsi : au clergé de Léon à compléter la députation et à la noblesse d'user de son droit en se conformant au règlement particulier pour la province de Bretagne. »

5 août. Je m'empresse de vous faire part de la nouvelle la plus heureuse et la plus calmante qui pût arriver dans ce moment d'anarchie. J'ai été témoin hier de la séance la plus noble, la plus attendrissante et la plus sublime qui fût jamais, un combat de générosité entre les représentants de la nation la plus sensible et la plus loyale de l'univers. M. le vicomte de Noailles, en faisant une motion pour rétablir le calme et la paix dans le royaume, demandait la suppression de la féodalité, pour les droits être convertis en argent etc... Plusieurs députés de la noblesse ont soutenu cette motion en annonçant à leur parti entier, une renonciation à tous les droits auxquels ils pouvaient prétendre dans leurs terres... Le clergé s'est aussi disputé de générosité, alors l'enthousiasme s'est emparé de tous les esprits. C'était à qui ferait le premier la renonciation à ses privilèges. Un député du Dauphiné a saisi ce moment et a dit qu'ils étaient tous Français, qu'il fallait que tous les Français fussent gouvernés par une seule loi et qu'en conséquence les provinces renonçassent à leurs privilèges respectifs.... Quelle journée! quelle soirée!

10 août. (Lettre de Legendre seul à la communauté de Brest). Messieurs, je n'ai jamais négligé aucune démarche, je les ai au contraire portées jusques à la plus fatigante importunité et je dois dire de plus que les ministres ont beaucoup fait pour que vous obtinssiez la satisfaction que vous attendez et que je ne cesse de solliciter depuis huit jours. Il est enfin décidé que M. le comte d'Estaing ne peut ou ne veut pas aller à Brest, et pour la nécessité devenue de plus en plus pressante de vous procurer un commandant qui réunisse à la fois toutes les autorités et toutes les confiances, Sa Majesté a fait choix de M. le comte de Thiard. Le général était déjà appelé à cette mission par sa place, et doit l'être par votre vœu particulier, d'après les succès et la satisfaction générale qu'il a su concilier dans la pacification des troubles de la Bretagne l'année dernière. (Signé : Le Gendre).

30 août. (Discussion sur la sanction royale)... Ce détail qui semble d'abord indifférent vous donnera à concevoir que de l'ordre

que l'Assemblée a établi au dehors naitra bientôt le désordre dans son sein par les efforts combinés des ordres privilégiés. Les réflexions que nous venons de faire, Messieurs, vous feront juger combien il importe que vous conserviez entre vous la plus constante harmonie; et la question de l'amovibilité ou inamovibilité des officiers de votre milice nationale, ne doit pas être un prétexte pour la troubler. Il nous paraît que cette difficulté est anticipée et que vous devez attendre à la voir résolue dans le plan d'organisation des milices nationales, dont l'Assemblée va s'occuper à la suite de la constitution...

29 septembre. Le comte de Mirabeau a observé que d'un côté l'urgence des besoins, de l'autre l'impossibilité de porter un jugement prompt sur les moyens proposés par M. Necker, semblaient imposer la loi de les adopter sans examen... Le comte de Mirabeau, invité à se retirer pour rédiger en arrêté ses idées sur cet objet, est revenu présenter un projet qui a excité quelques réclamations... Cet incident a fait naitre dans l'Assemblée une foule de discussions... Mais l'éloquent auteur de la rédaction a tout à coup déployé une énergie incroyable, en faisant usage d'un moyen oratoire dont les grands maîtres de l'antiquité n'offrent peut-être pas d'exemple aussi sublime, il a ainsi terminé l'indécision de l'Assemblée... (Le fameux discours sur la banqueroute).

3 octobre. Nous ne pouvons vous dissimuler nos alarmes pour la ville de Versailles. Le secours dont elle avait annoncé avoir besoin et qu'elle a introduit dans son sein, pourrait lui devenir funeste... Un repas de corps a été donné jeudi par les gardes du roi. Il paraît qu'on y a sacrifié tous les sentiments de patriotisme... On a fait entendre les cris échauffés de « Vive le C. d'A... (sic) ... etc. On avait projeté de venir successivement hier et avant-hier répéter ce scandale dans nos séances. Il ne serait pas étonnant que les différents ordres de M..... (sic?) en vinssent aux mains.

11 octobre.

Messieurs et chers concitoyens, on nous fait tant d'âtre de Paris, M. de Fréteau annonçant hier soir qu'il s'y passait une révolution terrible suscitée par le faubourg Marceau, que j'ai voulu profiter de ce jour de congé pour m'instruire par moimême de l'état de la capitale. J'en arrive à neuf heures et j'ai trouvé Paris tranquille, seulement on a arrêté plusieurs malfaiteurs qui crayonnaient de noir certaines maisons comme destinées à être incendiées. Par une précaution mal entendue on fait beaucoup de

difficultés pour la sortie de Paris. On exige un passeport du district, on conduit à l'Hôtel de Ville et j'ai eu beaucoup à parlementer pour être dispensé de cette cérémonie1.

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25 octobre 1789, de Paris. (Extrait d'une lettre inédite non publiée dans le Bulletin et extraite des archives de la municipalité de Brest).

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A cette occasion nous vous expliquerons l'intention que nous avons eue quand nous vous avons priés de ne pas nous adresser vos lettres nominativement. C'est que par ce moyen nous aurions joui du port franc et il en a été ainsi de votre paquet du 29 que nous n'avons reçu qu'hier à midi avec celui du 16 de ce mois qui était taxé.

Mais nous regrettons beaucoup en ce moment d'avoir pris un biais qui ne tendait qu'à décharger pour l'avenir la communauté de ville d'un port onéreux, parce que les lettres qui doivent nous parvenir le dimanche, ne nous sont rendues que le lundi quand il n'y a pas eu de séance la veille. Il en est résulté que nous ne recevrons que demain les nouvelles affligeantes que M. Guilhem nous communique ce soir. Nous sommes alarmés du danger que nos braves compatriotes et vos dévoués commissaires ont couru et courent encore dans la marche qu'ils ont entreprise.

Nous tremblons que les campagnes soulevées ne s'arment pour soutenir la vile et cruelle canaille de Lannion, dont le chef mérite de subir une peine capitale; nous dénoncerons ces horreurs des demain à l'Assemblée nationale et néanmoins nous tarderons à provoquer ses décrets jusqu'à ce que vous nous ayez instruits de la suite de cette redoutable entreprise. Jugez, Messieurs, par notre inquiétude extrême, combien nous sommes impatients d'apprendre le résultat. Si quelque chose pouvait diminuer nos alarmes, c'est l'espoir que la ville de Morlaix joindra ses forces à votre armée et deviendra peut-être médiatrice. Il est bien malheureux que nous n'ayons pas prévenu ces événements par une loi réglementaire dans l'organisation des municipalités. Ce travail nous occupera désormais sans relâche et sans interruption.

Autant que nous avons de satisfaction d'apprendre que vous ayez réprimé le procédé violent de M. de Menou, autant nous voyons

Cette lettre fait suite au long récit des événements des 5, 6 et 7 octobre où naturellement tout le beau rôle est attribué à la populace parisienne et aux braves miliciens. Legendre relate cependant sans s'y arrêter le massacre de quelques gardes du corps quand le château fut forcé.

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avec sollicitude que le peuple ait exigé de porter la réparation trop loin. Nous n'avons pas besoin de vous faire part de nos réflexions. Elles portent sur des raisons locales que vous avez très bien appréciées. De la modération et de la prudence, nous vous en supplions, le salut public en dépend et tous nos efforts doivent se diriger vers l'ordre.....

Adressez-nous nos lettres nominativement par la poste rue SaintNicaise, no 39. Quant aux paquets, mémoires et commissions, vous pourrez continuer l'adresse en l'Assemblée nationale à Paris sous la seule dénomination des députés de la sénéchaussée de Brest.

14 novembre.

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Nous ajouterons par occasion qu'un nouvel orage a menacé de porter les derniers coups l'aristocratie. Il a été moins redouté par cela même qu'il avait été prévu, et quoique nous soyons encore à l'époque où il devra éclater, nous ne craignons pas de vous rassurer parfaitement. Quand enfin pourra-t-on parvenir à la découverte de ce foyer qui a trompé jusqu'ici la vigilance de toutes les informations.

12 décembre. J'ai fait convoquer dans la séance du matin toute la députation de Bretagne à cinq heures, afin de nommer des commissaires qui porteraient au comité de constitution les difficultés sur les divisions de la province et la désignation des chefs-lieux... M. Moreau (le futur général) venu en poste de Rennes est arrivé à six heures...

2 janvier 1790. Nous recevons avec la plus vive satisfaction le renouvellement du pacte fédératif avec les braves militaires tant de terre que de mer. Comment voudrait-on blâmer ou rompre les noeuds qui resserrent une union précieuse entre les citoyens? Nous veillerons au besoin à ce que le blâme soit blâmẻ si les ennemis de la paix essayaient de contrarier cet accord.

11 janvier 1790. Le comité de la marine a fait le rapport des débats élevés contre l'exécution du marché des filles de la Sagesse (pour l'hôpital de Brest); plusieurs amendements ont été proposés : l'un de M. Fermont (sic) qui a demandé à insérer dans le décret la réserve de faire par l'Assemblée tel règlement qu'il appartiendra pour l'administration des ports, des hôpitaux, des entreprises et fournitures. Le second amendement a été présenté par M. Bouche et tendait à ajouter à la responsabilité des ministres celle des agents qu'ils emploieraient. Le troisième de M. Le Gendre était ainsi conçu :

Et, en faveur de la soumission des citoyens de Brest, de faire procurer à l'administration un bénéfice de 50,000 en rabais du marché promis aux sœurs de la Sagesse, la nouvelle entreprise de la fourniture des hôpitaux de la marine, sera publiée et mise en adjudication au rabais et le marché des sœurs résillié. » L'Assemblée décrète que « le pouvoir exécutif suprême résidant dans la personne du roi, tout ordre émané de Sa Majesté et tout marché conclu ou à conclure en son nom doivent être exécutés dans les ports ou arsenaux, sans opposition quelconque, sauf la responsabilité du ministre. »

22 janvier. Nous nous sommes engagés à vous donner un précis de la discussion relative à la désignation du chef-lieu de notre département. M. Le Gendre était encore avec M. Gossin hier à onze heures de nuit et une grande partie de la députation de Bretagne y était assemblée pour conférer sur les difficultés respectives. La carte fut représentée et on raisonna uniquement la position topographique, parce que M. Gossin n'avait encore pris aucune connaissance des pièces qu'il devait voir dans la nuit, et cependant il était résolu de rapporter l'affaire. Rendu à l'Assemblée, il a fait son rapport... inexact en plusieurs points et sur tout dans l'assertion que Landerneau et Quimper étaient également éloignés du centre du département.. M. Le Guen' a fait un discours en faveur de Landerneau... M. Le Gendre était inscrit le second, mais M. de Champeaux' a pris de droit la parole en faveur du Comité, exaltant la population de Quimper et appelant l'attention de l'Assemblée sur la longue possession où était cette ville d'attirer à elle pour la partie de justiciement les évèchés de Léon et deTréguier... M. Le Gendre avait disposé ses moyens pour tous les cas à prévoir et après avoir établi les principes généraux, il a annoncé que leur application devait être précédée de quelques réflexions. En donnant des éloges mérités à l'activité de M. Gossin, seul chargé du travail des départements, il a mis sous les yeux de l'Assemblée une foule d'inconvénients majeurs qui étaient la suite de l'insuffisance d'un seul homme, pour prendre connaissance et rapporter avec exactitude les contestations intéressantes et multipliées sur la division de tout le royaume. Après avoir donné quelque étendue à cette réflexion, il a conclu que l'Assemblée s'exposait à faire de la France un peuple de mécontents, quand le nombre prodigieux des députés

Le Guen de Kerangal député de Lesneven, voy. ci-dessous.
Palasne de Champeaux, député de Saint-Brieuc, voy, ci-dessous,

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