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Daniel, en commençant mes recherches, pour un nom de baptême, et c'est au contraire le patronymique de la famille. Kerinou n'est qu'un nom de terre ajouté pour distinguer les nombreux représentants du nom de Daniel dans l'évêché de Tréguier.

Fils de Daniel de Kerbriant, avocat au Parlement, exerçant à Lannion et de Guillemette Noroy, le jeune Daniel prit le nom de Kerinou pour ne pas être confondu avec son père. Ayant acheté la charge de procureur du roi à la cour royale de Tréguier au siège de Lannion, il devint maire de cette ville, car il n'y avait pas incompatibilité entre les deux charges, en 1784, puis du 17 décembre 1787 au 1er février 1790'. C'est en cette qualité qu'il fut plusieurs fois député aux Etats de Bretagne et membre de la commission intermédiaire pour l'évêché de Tréguier dès 1784. Il l'était encore au mois d'avril 17892 lorsqu'il fut élu député suppléant de la sénéchaussée de Lannion, aux Etats-Généraux: mais il n'eut pas occasion d'y siéger. Après le 9 thermidor, il devint, en l'an IV, administrateur du département des Côtes-du-Nord et je le trouve inscrit comme membre du conseil général de ce département, sur la liste des notables départementaux de l'an IX. De nouveau maire de Lannion, du 13 octobre 1813 au 17 mars 1815, il mourut dans cette ville le 4 avril 1823 dans sa soixante-dix-huitième année, et son acte de décès lui donne le titre de doyen des avocats. Il avait épousé Marie-AnneEléonore Duportal.

Je ne connais aucune notice sur le maire de Lannion, et son nom est aujourd'hui éteint, mais je dois ajouter qu'une de ses petites-filles, connue sous le nom de Mile de Kerinou, adopta une de ses nièces Me Le Nepvou de Carfort, et la maria à un Villiers de l'Isle Adam, père du poète contempo

Voy. Arch. d'Ille-et-Vilaine, Inventaire, I, 112, 169.

Voy. Pocquet, les Orig. de la Révol. en Bretagne, II, 158 et du Bouëtiez, Rech. sur les Etats de Bret., I, 151.

Anc. éréchés de Bret., II, 440, 445.

rain', qui se trouve ainsi être un arrière petit-fils adoptif du député suppléant.

* Keromen (DE).

Voy. Loëdon DE KEROMEN.

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* Kervélégan (DE). Voy. Le Goazre DE KERVÉLÉGAN.

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Député suppléant des sénéchaussées de Nantes et Guérande.

(Piriac,.... 1740. Guérande, 23 mai 1826.)

(N'a pas siégé.)

Issu d'une ancienne famille de notaires locaux qui formait une véritable tribu à Piriac au milieu du XVIIIe siècle, et fils de Pierre Lallement et de Suzanne Le Poitevin, Jean Lallement, qui devait lui même passer une quarantaine d'années dans le notariat, s'occupa d'abord d'affaires financières et prit en 1768 le bail des petits octrois du Croisic, et en 1776 ceux des grands octrois du Croisic et de Guérande. Aux approches de la Révolution, il était notaire et procureur fiscal des régaires de Guérande et se lança dans le mouvement réformiste avec l'ardeur qui emportait alors toute la haute bourgeoisie. Aussi fut-il député par la communauté de Guérande à la session extraordinaire des Etats de Bretagne le 4 février 1789, puis peu après élu à Nantes, député suppléant des sénéchaussées réunies de Nantes et Guérande aux Etats-Généraux.

1 Renseignement communiqué par M. le sénateur des Côtes-du-Nord, Huon de Penanster, qui réside près de Lannion, au charmant castel de Kergrist.

Le député spécial à la sénéchaussée de Guérande était l'avocat nantais Pellerin, qui se mit aussitôt en relation avec ses commettants directs et entretint avec les deux communautés de Guérande et du Croisic une correspondance politique qui dura jusqu'à l'époque de sa dém sion en novembre 1790'. On avait organisé à Guérande et au Croisic deux bureaux spéciaux pour correspondre avec lui et Lallement fit partie du bureau de Guérande, comme l'autre député suppléant, Milon, maire du Croisic, fit partie de celui de cette ville. C'est dans les signatures de plusieurs lettres émanées de ces bureaux que je relève pour Lallement, le surnom de du Guého qui figure aussi avec l'orthographe du Guéhaut sur la liste des cent plus forts contribuables de Guérande en 1812.

Je ne citerai qu'une des lettres écrites par Lallement à propos de la correspondance politique échangée avec Pellerin: elle contient un détail qui prouve combien l'ardent notaire s'était attiré d'animosité du côté du parti de la noblesse, par son dévouement de tous les jours à la cause du Tiers-Etat. Vers la fin de juillet 1789, Pellerin avait éprouvé quelques scrupules de conscience au sujet du mandat impératif de soutenir et conserver les anciens privilèges de la province de Bretagne, qui se trouvaient inscrits au cahier des charges de la sénéchaussée de Nantes et dont beaucoup d'autres députés de Bretagne ne se trouvaient pas chargés. Il demanda des instructions spéciales sur ce sujet à ses commettants du Croisic et de Guérande, dont le cahier ne contenait précisément pas ce mandat impératif, et Lallement écrivait le 30 juillet, à l'un de ses collègues du bureau, Lepelley de Villeneuve :

« J'étais si accablé mardy quand M. Hardouin signa le dernier bultin, que je n'eus pas le tems de vous marquer ce que nous avons

1 Elle a été publiée par M. Gustave Bord sous le titre : Correspondance inédite de J.-M. Pellerin, etc. Paris, Sauton, 183, in-8°. — Voy, ci-dessous la notice Pellerin.

écrit à M. Pellerin, relativement aux pouvoirs impératifs. Nous lui avons dit :

» Dès qu'il a été reconnu en la sénéchaussée de Nantes que celle de Guerrande avait le droit d'avoir un député aux Etats-Généraux ; qu'en conséquence, vous vous ête rendu à nos réclamations, vous vous ête done spéciallement chargé de nous représenter, et nous pensons que vous ne devez prendre que la qualité de député de la sénéchaussée de Guerrande; cela posé, nous croyons que vous ne devez pas être gesnė par vos pouvoirs, puisqu'il est vrai que notre cahier n'en contient point d'impératifs; au contraire, l'article 26 ne laisse rien à désirer; ainsi vous pouvez donc consentir à tout ce qui peut vous concerner. Les besoins de l'Etat, la prospérité du royaume et le bien de tous les sujets, sans qu'il soit besoin de faire aucune protestation ny rézervation.

» Nous reçûmes hier les bultins imprimés, sans lettre de la part de M. Pellerin.

» Les lettres particulières que nous recevons, nous engagent à nous tenir sur la défensive; une surtout, nous prévient que les gentilshommes bretons doivent se réunir à Guerrande et que je suis une des premières victimes qui doit être immolée. Je vous avoue sincèrement que je n'en suis pas plus ému, et que cela ne m'a pas empêché de dormir tranquilement.

Deux cents jeunes gens de Nantes voulaient partir pour se rendre ici; MM. Larrey et Duguétro, qui sont à Nantes, les en ont empêchés ils ont bien fait.

J'ai l'honneur d'être, avec un sincère et respectueux dévouement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, LALLEMENT »'.

Le député suppléant ne fut pas immolé par les gentilshommes, et je le trouve en 1790 procureur général syndic du district de Guérande, procédant à l'organisation des administrations du nouveau régime, ce qui n'était pas une mince besogne. Puis il reprit ses fonctions de notaire qu'il exerçait en l'an 9 et en 1812, et il mourut à Guérande le 23 mai 1826 à l'âge de quatre-vingt-six ans, laissant deux fils de sa femme Marie-Josèphe Rolland, qu'il avait perdue le 15 mai 1814 : l'un François-Marie, juge de paix à Guérande en l'an IX,

Corresp. de Pellerin, p. 105.

l'autre Jean-Marie, né en 1779, qui avait été commissaire des guerres sous le premier Empire. Un fils du premier, JeanAuguste-Marie, né à Guérande en l'an XI, fut maire de Vannes sous le second Empire, et l'un des fils du maire de Vannes, Gustave, après avoir été juge de paix à Guérande, est mort maire de St-Nazaire en 1885 un frère de ce dernier était conseiller de préfecture du Morbihan en 1875. C'est une famille, on le voit, dans laquelle les traditions administratratives se perpétuent régulièrement. Le maire de St-Nazaire n'a laissé que des filles.

(La suite prochainement).

René KERVILER.

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