Images de page
PDF
ePub

supprimer les deux régents' de l'Université, et de les remplacer par des séminaristes.

Il est probable que le collége se reconstitua promptement, car nous lisons dans un ouvrage écrit en 1819: « quatrevingts pensionnaires, venus de presque toutes les villes de Bretagne, et confiés aux soins d'un directeur habile, attestent par leurs progrès et la pureté des mœurs qui les distingue, les soins de ce digne principal'. »

Au mois de mai 1821, le collège comptait encore quatrevingts pensionnaires et quarante externes; mais la ville, qui n'avait pu longtemps payer la subvention promise, « parce que ce secours excédait les moyens de la commune et la mettait dans l'impossibilité de faire face à d'autres dépenses urgentes, telles que l'entretien de ses pavés et l'acquisition d'un cimetière", » se trouva incapable de payer même la rente de 700 francs.

« Pour se tirer de l'état de gêne où la mettait cet établisse

M. Jouaust entra dans la magistrature; quant à M. Dubois, il devait être appelé à de hautes destinées, et devenir presque célèbre sous le nom de Dubois de la Loire-Inférieure. « Né à Rennes, en 1793, mort en 1874, il entra à l'Ecole normale en 1812, professa à Guérande, à Falaise et à Limoges, obtint en 1819 la chairə d'éloquence française à la Faculté de Besançon, et devint en 1820 professeur de rhétorique au collège Charlemagne à Paris. Bientôt destitué à cause de sa collaboration aux Tablettes universelles et au Censeur européen, il fonda en 1824, avec La Chevardière et Pierre Leroux le journal le Globe, qui fit une si rude guerre à la Restauration. Un de ses articles le fit condamner à la prison en 1830. Mis en liberté après les événements de juillet, on le nomma inspecteur général de l'Université. Député de Nantes de 1831 à 1848, professeur de littérature française à l'Ecole polytechnique de 1834 à 1848, il fit partie du conseil royal de l'instruction publique de 1839 à 1852, et fut directeur de l'Ecole normale de 1840 à 1859. Il a traduit l'Histoire de l'Eglise de Reims par Flodoard, dans la collection des Mémoires sur l'Histoire de France de Guizot. >> Bachelet et Dézobry, Dictionnaire de Biographie...... Supplément. C'est Dubois qui s'écriait uu jour, à une distribution de prix : « Messieurs, vous êtes appelés à assister aux funérailles d'un grand culte. »

[ocr errors]

• Précis sur Guérande, le Croisie, et leurs environs, par J. Morlent, page Nantes, 1819.

125.

3 Archives départ.

Lettre de M. de Pellan au ministre de l'Ins

truction publique, communiqué au préfet, par 1 chvalir d› Coussin, maire de Guérande, le 30 janvier 1822.

ment, la mairie forma le projet d'aliéner les bâtiments et dépendances servant au collège. Elle espérait pouvoir traiter avantageusement avec quelqu'un qui y maintiendrait une institution d'éducation : elle dut donc accueillir avec empressement l'offre qui lui fut faite par M l'évêque de Nantes de se charger du paiement de la rente à l'hospice, et d'étab'ir à Guérande une deuxième école secondaire ecclésiastique. >> "Indépendamment d'une réduction annuelle de 1400 à 1500 francs dans ses dépenses, la ville se serait procuré par la vente du mobilier du collége, une recette extraordinaire de 18 à 20000 fr., dont elle avait le plus grand besoin. »

« Ce projet fut soumis, le 24 mars 1821, à l'approbation de son Excellence le ministre de l'intérieur, et tout portait à croire que rien ne s'opposerait à son acceptation'. »

[ocr errors]

Et cependant ce vœu si unanimement exprimé par le conseil municipal, juge né de ce qui convient à la commune, par le conseil d'arrondissement, et enfin par le conseil général » fut rejeté presque sans examen'.

Le conseil royal d'instruction publique, craignant de voir soustraire à sa juridiction un établissement florissant, et de plus, effrayé par les trois cents élèves du petit séminaire, preuve du peu de confiance qu'inspiraient les colléges de l'Université, repoussa les offres de l'évêque de Nantes et les vœux de la ville de Guérande.

Cette décision amena la chute de l'institution, chute si complète, « qu'au mois de novembre 1821, cet établissement se trouvait sans principal, sans professeurs et sans élèves, par suite de la retraite de l'ecclésiastique qui le dirigeait et que Me l'évêque jugea convenable d'appeler à d'autres fonctions3. »

Archives de l'ér. Notice.

2 Notice.

Notice M. Macé fut nommé vicaire à Saint-Nicolas de Nantes, le 18 janvier suivant. Il devint plus tard aumônier des carmélites et chanoine honoraire. Il mourut, rue Saint-André, le 22 octobre 1843.

Le maire s'occupa immédiatement de trouver un principal ecclésiastique, car il serait « désolé,» écrivait-il au préfet', <«< d'avoir un laïque. »

On fit, auprès de M. Macé, de nouvelles démarches pour l'amener à reprendre la direction du collége qu'il avait rendu si florissant; mais il refusa. L'administration ecclésiastique accorda cependant aux instances des Guérandais un nouveau directeur. Un vicaire de Machecoul fut désigné*. A peine ce choix fut-il connu que l'effroi gagna l'Université. « Je regrette, M. le Marquis, écrivit le recteur au préfet 3, qu'on ne vous ait pas fait connaître le nom de cet ancien vicaire de Machecoul. Avant de l'envoyer à Guérande, il sera nécessaire de s'assurer de l'agrément du conseil royal. La précaution sera ici d'autant mieux placée que cet inconnu peut bien être M. Tabbé Berthelot des Vergers, dont l'école a été fermée à Machecoul par ordre supérieur. Je suis d'autant plus porté à le craindre, qu'on a fait de nouvelles. instances auprès de M. Macé, principal auteur ou instrument de la chute du collége; que M. Berthelot, que je connais, pourrait bien sous trop de rapports ressembler à M Macé, et qu'il est simplement question de l'envoyer au collége de Guérande. »

La crainte était superflue; M. Berthelot n'avait pas quitté Saint-Jacques, et le nouveau directeur était l'abbé Sourisseau', vicaire à Machecoul, depuis 1820.

Pour apaiser les habitants de Guérande, « le conseil royal d'instruction publique obtint de son Excellence le ministre de l'intérieur une décision portant que le collége serait réorganisé en établissement mixte, et que la direction en serait

Archives départ. Lettre de M. de Couëssin, du 28 novembre 1821. 2 Janvier 1822.

Archives départ.

L'abbé Le Priol à M. de Brosses.

Jean-Baptiste Sourisseau, né à Nantes, le 22 septembre 1794, ordonné le 19 décembre 1818, et nommé vicaire à Saint-Nicolas. En quittant Guérande, il fut envoyé à Bouaye comme desservant (1er novembre 1823): il redevint, le 13 février 1838, vicaire à Saint-Nicolas

confiée à un principal ecclésiastique, sous la surveillance immédiate de l'Académie1. »

Cette transaction ne devait pas remédier au mal, et le collége ne retrouva pas son ancienne prospérité. Lorsque M. Macé s'en était retiré, il y avait plus de 50 internes, et un nombre supérieur d'externes'; M. Sourisseau, nommé définitivement directeur le 1er juin 1822, ne put réunir que 16 pensionnaires et 34 demi-pensionnaires, sous la direction de quatre professeurs. A la fin de l'année, le nombre des élèves n'avait pas augmenté; il était évident que le collége ne se relèverait pas M. Souriss an le comprit, et se retira après un an d'épreuve.

D'un autre côté, la commune de Guérande n'était pas devenuc plus riche; le moment approchait où son budget ne pourrait plus soutenir celui du collège, et tant que celui-ci resterait sous l'autorité universitaire, il ne fallait pas compter sur la générosité des particuliers.

La conclusion à tirer était de revenir aux négociations de de 1821. Le sous-préfet le comprit et insista dans ce sens auprès du préfet.

Tant de réclamations et d'efforts unanimes finirent par triompher: le collège municipal de Guérande devint, ce qu'il est encore aujourd'hui, le petit séminaire de Guérande'.

1 Notice.

• Lettre du sous-préfet. 19 février 1823, arch. dép.

M. Dufeugray. - Lettre du 5 juin 1823. — Arch. dép.

Une première ordonnance du 10 novembre 1823, autorisait la commune à vendre le collége: elle fut rapportée l'année suivante. Une seconde ordonnance fut portée le 17 décembre 1824, avec autorisation de fonder à Guérande une seconde école ecclésiastique pour le diocèse de Nantes. L'acte de vente est du 31 novembre 1824. M. l'abbé Alexandre Litoust était alors supérieur du collège.

(La suite prochainement).

Abbé RICORDEL.

A PROPOS

DU

CHATEAU DE RANROUËT

(LOIRE-INFÉRIEURE).

Un Avertissement au lecteur est, je crois, nécessaire. Tout récemment, M. Luzel, le très laborieux et très complaisant archiviste du Finistère, mon confrère à la Société Archéologique de Quimper, me communiquait une pièce inédite fort intéressante. C'était la copie de lettres patentes du roi Louis XIII concernant l'île Tristan, à l'entrée du port de Douarnenez. Je me promis de publier cette pièce. Mais, comme il y était question du château de Ranrouët (Loire-Inférieure), je voulus auparavant me renseigner sur ce château. Le Bulletin des Congrès archéologiques de France, (Volume de 1886, session de Nantes) contient une Notice sur le Château de Ranrouët et les seigneurs d'Assérac'. Cette notice très instructive est due à M. J. de Kersauson de Pennandreff.

Un point me surprit. Le doute qui venait de naître dans mon esprit m'incita à de nouvelles recherches. Je pris la liberté de communiquer le résultat de ce travail à M. de Kersauson, et je lui écrivis:

P. 298 à 314.

« PrécédentContinuer »