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GÉRONTE, père de Lucinde.
LUCINDE, fille de Géronte.
LÉANDRE, amant de Lucinde.
SGANARELLE, mari de Martine.
MARTINE, femme de Sganarelle.
M. ROBERT, voisin de Sganarelle.
VALÈRE, domestique de Géronte.

LUCAS, mari de Jacqueline, domestique de Gè

ronte.

JACQUELINE, nourrice chez Géronte, et femme de Lucas.

THIBAUT, père de Perrin,

PERRIN fils de Thibaut,

paysans.

(La scène est à la campagne.)

1

MALGRÉ LUI.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

SGANARELLE, MARTINE.

SGANARELLE.

Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître.

MARTINE.

Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.

SGANARELLE.

Oh! la grande fatigue que d'avoir une femme! et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon.

MARTINE.

Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote!

SGANARELLE.

Oui; habile homme. Trouve-moi un faiseur de fagots qui sache comme moi raisonner des choses,

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qui ait servi six aus un fameux médecin, qui ait su, dans son jeune âge, son rudiment par cœur.

MARTINE.

Peste du fou fieffé!

SGANARELLE.

Peste de la carogne!

MARTINE.

Que maudits soient le jour et l'heure où je m'avisai d'aller dire oui!

SGANARELLE. 1

Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine.

MARTINE.

C'est bien à toi vraiment à te plaindre de cette affaire Devrais-tu être un seul moment sans rendre grâces au Ciel de m'avoir pour ta femme, et méritais-tu d'épouser une femme comme moi?

SGANARELLE.

Il est vrai que tu me fis trop d'honneur, et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces! Hé! morbleu! ne me fais point parler làdessus je dirais de certaines choses....

MARTINE.

Quoi ? que dirais-tu ?

SGANARELLE.

Baste, laissons là ce chapitre. Il suffit que nous savons ce que nous savons, et que tu fas bienheu reuse de me trouver.

MARTINE.

Qu'appelles-tu bienheureuse de te trouver? Un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître qui mange tout ce que j'ai !...

SGANARELLE.

Tu as menti, j'en bois une partie.

MARTINE.

Qui me vend pièce à pièce tout ce qui est dans

le logis!

SGANARELLE.

C'est vivre de ménage.

MARTINE.

Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avais !....

SGANARELLE.

Tu t'en lèveras plus matin.

MARTINE.

Enfin qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison!...

SGANARELLE.

On en déménage plus aisément.

MARTINE.

Et qui, du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer et que boire!

SGANARELLE.

C'est pour ne me point ennuyer.

MARTINE.

Et que veux-tu pendant ce temps que je fasse avec ma famille?

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Donne - leur le fouet: quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit soûl dans ma maison.

MARTINE.

Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ?...

SGANARELLE.

Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.

MARTINE.

Que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches?...

SGANARELLE.

Ne nous emportons point, ma femme.

MARTINE.

Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir?

SGANARELLE.

Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante, et que j'ai le bras assez bon.

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