DIVERSES DV SIE VR A PARIS, Chez GVILLAVME DE LVYNES, au M. DC. LV. AVEC PRIVILEGE DV ROT. EPISTRE DEDICATOIRE A TOVS MES M A MIS. ESSIE VRS, Apres vne longue méditation, ie n'ay point trou-, ué de perfonnes plus confidérables, ni de plus honneftes gens que vous, à qui ie puffe dédier cét Ouurage. Outre que mon inclination naturelle me porte à ce deffein, & que la part que vous donne l'amitié en tout ce qui m'appartient,m'y oblige:le trouue encore en vous, toutes les qualitez qu'on peut souhait ter pour feruir de fondement à vne Epistre dédicatoire, Carie vous puis dire d'abord que cet Ouurage vous doit la naiffance, que vous m'auez excité à le faire, que vous l'auez corrigé & redressé en beaucoup d'endroits, & que vous m'auez enfin obligé de luy faire voir le iour. Or quoy que les Autheurs qui parlent ainfi, mentent d'ordinaire, vous sçauez bien, puifque ie parle à vous, fi cela eft vray. Ie vous dirois volontiers auffi que vos noms célebres feroient les Protecteurs de mon Liure, & paroistroient sur son frontispice pour faire peur à l'Enuie. Mais i'ay reconneu que cette méchante Enuie n'est pas si peureuse qu'on diroit bien, & qu'elle s'appriuoise & s'accoustume à la veuë des noms Illuftres, puis qu'on la veu mordre & déchirer hardiment, & impudemment, des Ouurages qui paroiffoient au jour fouz la prote&tion & fauuegarde des Prélats, des Princes, & des Mécénas modernes. C'eft pourquoy ie n'ay pas creu eftre obligé à mettre vos noms, vos furnoms, & vos qualitez au tiltre de cette Lettre.Outre qu'il m'auroit fallu faire vn afsez ample Catalogue, i'aurois eu bien de la peine à faire vne affemblée de tant d'hommes Illuftres, fans vn maistre de cérémonies, pour donner les rangs & les préféances. Qui plus eft, j'aurois efté obligé de vous faire à tous des Eloges: car c'eft vne condition indifpenfable des Epiftres liminaires. Mais où en aurois-je efté réduit? Le moyen de louër tant de fçauants en toutes fortes d'Arts & de Sciences? Il n'y en a pas vn qui ne méritaft plufieurs Iliades. Il vaut mieux laiffer ce soin àla Renommée,auffi bien ie trouue vne excufe fort à propos, pour me difpenfer de ce grand trauail. Le moyen d'accorder enfemble, & en vn fi petit efpace, vn Panégyrifte & vn Satyrique? Ne feroit-ce pas faire vn Monftre, dont les deux parties fe combattroient l'vne l'autre? Ce n'eft pas que ie ne quittaffe volontiers la Satyre, pour ne pas perdre l'occafion de vous louër : Mais ie crains d'eftre accablé par l'abondance de la matiere, & de m'engager à faire vne trop longue Préface, ou peut-eftre vn tres-gros Volume, qui af fommeroit celuy-cy. Car ie ne me trouuerois pas affez iuftifié, en difant que c'eft la mode d'en vferainfi, & qu'on ne trouue point eftrange,qu'à force de Préfaces,d'Auertiffements, & deVies d'Autheurs,vn Liure parfait croisse de moitié: de forte qu'on le peut comparer en cet eftat, à vn pion qu'on meine à Dame, qui en moins d'vn moment deuient le double de ce qu'il eftoit. Vous n'aurez donc point d'Eloges, non plus que des Exemplaires reliez en maroquin de leuant, qu'on a couftume de donner aux Patrons à qui on dédie vn Ouurage. Mais ne croyez pas pour cela eftre quittes de la protection que vous devez à mon |