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565 Tragicomedie, qu'il a trauaillée avec tant d'art et tant de soins. >>

Et plus loin:

Reuenant à monsieur de Schelandre, ie passe de son ouvrage à sa personne, pour t'aduertir, Lecteur, que faisant profession des lettres et des armes, comme il fait, il sçait les employer chacune en leur saison: De sorte qu'il ne seroit pas homme pour entretenir le theatre de combats en peinture, tandis que les autres se battent à bon escient; si des considérations importantes, qu'il n'est pas besoin que tu scaches, ne luy donnoient malgré luy le loisir de solliciter des procès et de faire des liuures... »

Vient ensuite l'« Advertissement de l'imprimevr. (N'oublions pas que c'était Robert Estienne):

« Ceste pièce ayant esté composée proprement à l'vsage d'vn theatre public, ou les acteurs sont priuilégiez de dire plusieurs choses qui seroient trouuées ou trop hardies, ou malseantes aux personnes plus retenues que les comediens ordinaires... (combien qu'à le bien prendre il n'y ait rien qui soit insupportable aux oreilles chastes...), j'ay prié l'Auteur de faire un modèle retranché... comme vous verrez en la table qui s'ensuit... >>

Suit la table. Voici un échantillon des euphémismes proposés pour ménager les oreilles d'une chasteté » exagérée :

« Scène II, p. 34 : « ... Pour se tenir dans les termes de la modestie, on peut, au lieu du 6. vers, qui finit par ces mots, des fesses fretiller, mettre le mot de cuisses pour fesses... »

La scène VI de l'acte IV, entre Zorote et le page, est tout entière supprimée il est vrai; mais il est vrai aussi qu'il n'y a rien de plus cru dans Martial, que cette scène conservée pour les « Comediens ordinaires » et pour le public d'alors.

Après le « Priuilege du Roy » du 8 août 1628, vient l'«Argvment » où commence la pagination régulière; puis, pag. 8, les « personnages de la première iournée, » et enfin, p. 9, le titre où l'on ne rencontre ni les restitutions à faire, ni les noms à rétablir signalés par de Mouhy, et que voici textuellement : « Tyr et Sidon tragico« medie. Première journée, où sont repre"sentez les funestes succez des amours de «Leonte et de Philoline. »

Même observation pour la « seconde « iournée, » page 105, « où sont représen«tez les diuers empeschemens et l'heureux « succez des amours de Belcar et Me<liane. »

Entre les folios 246 (226) et 247 (227) sont intercalées douze pages qui reproduisent, avec des variantes, les pages correspondantes du volume.

Conclusion: il me semble bien établi qu'il n'y a eu qu'un seul auteur; qu'il n'y a eu que deux éditions devenues fort rares, et que le chevalier de Mouhy a décrit sans l'avoir sous les yeux ce spécimen, très-curieux aujourd'hui, des libertés de langage

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que l'usage autorisait alors sur la scène. (Grenoble.) N. M.

Dirons-nous, encore une fois, que Jean de Schelandre et Daniel d'Anchères sont l'anagramme exacte l'un de l'autre, et qu'il n'y a qu'un seul auteur, Jean de Schelandre, pour « les funestes amours de Balcar et Méliane»?-Sans être généalogiste en titre de l'Intermédiaire, je le répète à qui voudra l'entendre, puisqu'on a cité mes notes (IX, 422, 505): Ne nous arrêtons point, en plaidant la circonstance atténuante pour Didot et consorts, à la ༥་ physionomie » plus française du vocable d'Anchères: on a donné, sur titres, les dérivés et déviations du primitif Jean Thin von Schelnders, signature propre de l'oncle du gentilhomme-poëte, le célèbre défenseur de Jametz. Les plus intrépides chercheurs ne me dénicheront, j'en suis sûr, aucune famille de ce nom de d'Anchères en Barrois, Verdunois ou Lorraine; et puis qu'on ne retombe point en arrêt, en apprenant qu'Anne de Montaud, la belle Provençale, doit se nommer, malgré l'absence d'euphonie, Anne Arles. En vérité, c'est encore aux Arles de Marseille que je rends Anne de Montaud, alias Anne Arles de Montaud. H. DE S.

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De l'opinion du XVIIIe siècle sur la Pucelle de Voltaire (X, 483, 538). Clément, dans ses Essais de Critique sur la littérature ancienne et moderne (Amsterdam et Paris, 1785, t. I, p. 273), consacre tout un chapitre à la Pucelle, pour établir combien Voltaire est resté au-dessous de l'Arioste. J'en extrais les dernières lignes, qui paraîtront plus topiques à M. D. C. que la réponse de notre moderne Fréron. Il ne s'agit pas de l'opinion de Vinet, un peu trop momier vaudois, mais de celle d'un défenseur de Jeanne, ami ou ennemi de Voltaire, au XVIIIe siècle.

«Ne comparons point au Roland furieux, qui fait la gloire de son auteur et celle de l'Italie, un ouvrage fait pour déshonorer et les héros qui y sont célébrés, et la poésie employée à cet usage, et tout autre poëte que Voltaire. S'il existait encore des âmes capables de s'enflammer de ce noble enthousiasme qui doit inspirer le véritable héroïsme, on érigerait, dans une de nos places publiques, une statue à Jeanne d'Arc, libératrice de son pays, et tous les ans on ferait brûler aux pieds de sa statue l'indigne poëme qui outrage sa mémoire. »>

Il est superflu de dire que Clément (l'inclément, comme l'appelait Voltaire) comptait au nombre de ses ennemis. C'est toutefois l'un de ses rares contemporains, sinon le seul, qui l'ait ainsi accusé d'avoir diffamé la pucelle d'Orléans (1).

(1) Les Essais de Clément ont paru en 1785, sept ans après la mort de Voltaire; mais ils

N° 225.]

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Sans doute, de grandes rumeurs se sont élevées à l'apparition du livre; les criailleries de la gent dévote et celles des La Beaumelle, des Des Fontaines, des Fréron, etc., étaient même justifiées par les mille et une petites impiétés et par les traits mordants dont Voltaire avait assaisonné son poëme; mais si le poëte a cherché à désavouer certains Chants de la Pucelle et à protester contre les interpolations des premiers éditeurs, il ne l'a guère fait que pour échapper au ressentiment d'illustres amis, que ses ennemis (et l'on sait qu'ils étaient nombreux) avaient fait figurer dans les copies clandestines qui circulaient sous le manteau.

Voltaire avait surtout à redouter Louis XV, ce roi « qu'on méprise et qu'on aime» (Chant XV, vers 281), et madame de Pompadour, dont il avait donné un si piquant portrait au Chant II:

Telle plutôt cette heureuse grisette,
Que la Nature ainsi que l'Art forma
Pour le b..... ou bien pour l'Opéra,
Qu'une maman avisée et discrète
Au noble lit d'un fermier éleva,
Et que l'Amour, d'une voix plus adrète,
Sous un monarque entre deux draps plaça.

Déjà, en 1754, un an avant que parût la Ire édition de Louvain, Voltaire écrivait à son ami le comte d'Argental : « L'un mutile l'Histoire générale, l'autre estropie Pandore, et, pour comble d'horreur, la Pucelle va paraître. Un je ne sais quel Chevrier se vante d'avoir eu ses faveurs, de l'avoir tenue dans ses vilaines mains, et prétend qu'elle sera bientôt prostituée au public. Il en est parlé dans les Malsemaines de ce coquin de Fréron. Il est bon de prendre des précautions contre ce dépucelage cruel qui ne peut manquer d'arriver tôt ou tard. »

En mai 1755, il écrit au même: «Jamais pucelle n'a tant fait enrager un vieillard. » Au mois de juillet: « Le pucelage de Jeanne me tue.» Au mois d'octobre: «Qui croirait qu'à mon âge une pucelle fit mon malheur? Vous ne savez pas ce que c'est que de faire bâtir en Suisse, pendant qu'on a une Histoire générale sur les bras et une maudite Pucelle qui court le monde en dévergondée!» Le mois suivant, il écrit au même d'Argental: « Je suis plus glacé que jamais par les nouvelles que j'apprends du pucelage de Jeanne. Il est très-sûr que des fripons l'ont violée, qu'elle est toute défigurée et qu'on la vend en Hollande et en Allemagne sans pudeur. Pour moi, ce n'est point là ma fille ! Je ne veux pas entendre parler de catins, quand je suis sérieusement occupé de l'histoire du genre humain. »

avaient été publiés, par chapitres détachés, dans le Journal de Monsieur, créé en 1776 et mort en 1783.

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Société républicaine de La Zowski (X, 487, 540). C'est Lazowski. Thiers, partageant l'erreur, générale en France, que le w polonais se prononce comme le w anglais, écrit Lazouski. Voyez ce nom, dans son Hist. de la Révol., à la Table analytique (vol. 12), vous y trouverez les renvois suivants : II, 187; III, 375 et 341. Enfin, si vous ne tenez pas beaucoup à la médaille révolutionnaire dont vous parlez, et que vous vouliez bien la céder à prix d'argent, veuillez m'en donner avis par l'Intermédiaire. K. P. DU ROCH III.

- Le vertueux Roland, ex-inspecteur des manufactures, avait été collègue de l'aimable Lazowski, et il était permis à sa célèbre femme de mépriser à son aise et sur titres. Je demanderai, toutefois, au confrère G. I., à quels royalistes le même Lazowski put prendre, le 10 août 1792, un drapeau blanc ? car, sur le plancher des vaches, entendons-nous bien, je ne connais pas de drapeau blanc avant les principes de 89. Il y eut, dans les régiments d'infanterie, un enseigne du drapeau blanc, tenant guidon de cette couleur à la révérence du Roi, colonel-général de l'infanterie française; mais, de drapeau de régiment, et il y avait plus d'un drapeau dans chaque régiment, sans qu'il y eût

blanc

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identité de dessin ou de couleurs entre ceux d'un même corps ni d'un corps à l'autre, je répète qu'on n'en promena point pour faire objectif à la vaillance de Lazowski. Ses exploits comme septembriseur sont moins contestables: lui et ses parisiens ad hoc massacraient dans la rue de l'Orangerie, à Versailles, le 9 sept. 1792, en compères de Fournier l'Américain, les prisonniers, dits d'Orléans (Voir Les Rues de Versailles, par J.-A. Le Roi, 1861, pages 465-487). H. DE S.

L'apôtre Jean Journet (X, 489, 541). D'après Vapereau il serait mort en 1861, mais Ch. Monselet, dans un post-scriptum d'un article qu'il lui a consacré, à propos de sa détention à Bicêtre en 1849, et publié dans les Ressuscités, indique sa mort comme arrivée en 1863. J. A.

- Je crois avoir lu dans le Figaro, il y a déjà quelque temps, un assez long article sur ce personnage, où l'on annonçait, si je ne me trompe, sa mort dans une des îles ou sur les bords de la Seine, près de Paris. M. H. T.

- Vapereau dit bien que Jean Journet est mort en 1861; Otto Lorenz le répète ; mais faut-il considérer ce renseignement comme certain? Vapereau a commis quelques erreurs, inévitables dans un travail colossal de ce genre, quelque soin qu'on y apporte; A. D. doit le savoir aussi bien que moi. C'est justement parce que ce «< fait divers » m'avait frappé et qu'il me semblait un fort canard, que j'ai posé ma question. Un de nos correspondants de Toulouse (et nous devons en avoir en cette ville) nous renseignerait d'une manière positive. Que ce soit l'Echo du Blanc (Indre) qui donne des nouvelles locales de Toulouse, est-ce donc si extraordinaire? Les faits divers » se font à coups de ciseaux. Et aujourd'hui n'avons-nous pas des détails circonstanciés sur Brigham Young, mort, dit-on, d'une prosaïque indigestion à Salt Lake City; sur le festin annuel qui vient d'avoir lieu à Gregorey's Point, dans le Connecticut, à propos du Concours des hommes gras? Les Etats de Connecticut et de l'Utah sont un peu plus éloignés de Paris que Toulouse ne l'est du Blanc. A. NALIS.

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(DENYS CHALLIne, 1653.)

Le bien que l'on perd, sans art fait soupirer. (DE SILVECANE, 1691.)

On donne à son argent des larmes bien sin[cères. (DUBOYS-LAMOLIGNIÈRE, 1801.)

La perte de l'argent fait couler de vrais pleurs. (L.-V. RAOUL, 1815.)

Les pleurs que coûte l'or partent du fond des [cœurs.

...

(Baron MECHIN, 1817.) .Les larmes alors sont des pleurs véritables. (FABRE DE NARBONNE, 1825.) La perte de l'argent se pleure de franc jeu. (N.-L. HACHETTE, 1846.) L'argent perdu se pleure, et ces pleurs-là sont [vrais.

(JULES LACROIX, 1846.) On donne à l'or perdu des larmes véritables. (PAPION DU CHATEAU, 1853.) L'argent qu'on a perdu fait couler de vrais pleurs. (BOUZIQUE, 1854.) L'or n'arrache, en fuyant, que des pleurs sé[rieux.

(CONSTANT DUBOS, 1862.) C'est tout de bon qu'on pleure une somme niée. (P.-M. GEFFRoy, 1866.)

L'or perdu fait couler des larmes véritables. (H. Kerdaniel, 1868.)

Si un scrutin littéraire pouvait être ouvert à ce propos, il serait curieux de savoir quelle est celle de ces traductions que nos confrères en l'Intermédiaire regarderont comme la plus heureuse. De la comparaison de ces jugements résulterait sans nul doute un certain intérêt.

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sus lota in volutabro luti (car il leur eût été meilleur de n'avoir pas connu la voie de la justice, que de retourner en arrière après l'avoir connue, et d'abandonner la loi sainte qui leur avait été donnée. Mais ce qu'on dit d'ordinaire par un proverbe véritable leur est arrivé le chien est retourné à son vomissement, et le pourceau, après avoir été lavé, s'est vautre de nouveau dans la boue. Trad. Lemaistre de Sacy). Le proverbe cité par S. Pierre est au 26 chapitre des Proverbes de Salomon, V. 11: Sicut canis, qui revertitur ad vomitum suum, sic imprudens, qui iterat stultitiam suam. (L'imprudent qui retombe dans sa folie est comme le chien qui retourne à ce qu'il a vomi.) E.-G. P.

Les futuritions de M. Joseph Brunet (X, 514). Le mot futuritions, employé par M. Lafond de Saint-Mür, à propos de M. Brunet, n'appartient ni au javanais, ni à l'iroquois. C'est un mot français. Il est possible qu'on ne le trouve pas dans le Dictionnaire que possède M. B. M.; mais il est dans Nap. Landais, dans Bescherelle, dans Littré. Littré définit ainsi le mot futurition: «Terme didactique. Qualité d'une chose en tant que future. » Et il cite des exemples: «Ce qui n'a aucune possibilité n'a aucune futurition (Fénelon, t. III, p. 33). Un animal qui n'a jamais vu d'hiver peut-il en pressentir, au milieu de l'été, la futurition? (BONNET, Contempl. de la nat., XII, 38.)-La futurition des choses, la préordination des événements, la prescience de Dieu ne touchent point à notre liberté (DIDEROT. Opinion des anc. philosophes). » Dans tous ces exemples, futurition n'est employé qu'au singulier; mais voici un exemple de pluriel : « A chaque « pas dans la vie, mille lointains divers, « mille futuritions s'ouvrent devant nous. » (CHATEAUBRIAND. Essai sur la littér. angl. Edit. Pourrat, t. I, p. 318.)

FIRMIN BOISSIN.

Le don de foire de Champagne (X, 515). Cet ancien proverbe s'applique à tout homme bien informé du fond et des détails d'une affaire, de ce qui se passe en son pays et même à l'étranger, et Alger est là pour désigner une contrée peu connue, avec laquelle les relations sont rares et difficiles. Voici l'étymologie qu'en donne Quitard:

Les foires de Champagne, dont il est fait mention dès l'an 427, dans une lettre de Sidoine Apollinaire à saint Loup, étaient fort célèbres au moyen âge, en raison de leur ancienneté et de leur importance commerciale. Elles offraient un point central de réunion aux marchands d'Espagne, d'Italie et des Pays-Bas, qu'on y voyait arriver en foule; et elles trouvaient dans la législation simple et com

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mode qui les régissait toute sorte d'éléments de prospérité. Mais il cessa d'en être ainsi à partir du règne de Philippe le Bel, devenu maître de la Champagne par sa femme. Elles furent multipliées dans un intérèt tout fiscal et donnèrent lieu à une quantité de règlements qui gênèrent beaucoup les transactions. A ces embarras s'en joignirent d'autres, produits par la variation et l'altération des monnaies, dont il n'était pas facile d'établir le pair; et il fut très-naturel de juger de l'habileté d'un négociant d'après la connaissance qu'il avait de ce qui concernait ces foires. A. D,

La perle de Charles-Quint (X, 516). N'est-ce pas Brantôme? Dans son article sur Charles le Quint, après avoir parlé de perles et pierreries, il ajoute : « Tesmoing

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la belle et incomparable perle de cet « Hernand Cortès qu'il rapporta des Indes, << sur laquelle il fit graver ces mots : Inter « natos `mulierum non surrexit major, « pour si monstrueuse grandeur et grosseur qu'elle revenoit à la grosseur d'une poire, bien certes dissemblable à celle de Cleopatre, dont je parle ailleurs; laquelle il perdit depuis devant à Alger, la mons<«< trant à un de ses amys, et par maiheur, << estant sur le tillac de son navire, tomba « dans la mer et ne la peut jamais recou« vrer, quelque recherche et pescheries « qu'il peust faire punition possible di« vine, pour avoir donné à une chose pro« fane une subscription de nostre Escriture <«< saincte. Il ne la voulut jamais vendre « ny mettre à prix, non pas meme à l'Em«pereur, la réservant pour en estrainer la « femme qu'il vouloit espouser. Ce Ferdi«nand fut certes grand capitaine, qui con« questa le royaume de l'Empire de Mon<< tezzuma pour l'empereur son maistre. « Or si ceste perle se perdit et se coula « dans la mer et disparut des yeux des hommes, indignes de posséder un mira«cle de nature, elle presagea la perte de « cette belle ame et du beau corps de « nostre grand Empereur, ainsy que les « Affricquains appellent leurs roys et em« pereurs Pierres Précieuses, pour estre <«< recueillie au ciel et y servir de quelque << lumineuse estoille, d'autant que les grands princes sont en ce monde comme « les estoilles qui donnent influence à tous « leurs peuples. » E-G. P.

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Blason des Jésuites? (X, 517.)- C'est le blason de la ville d'Avignon: « de gueules, à 3 clefs posées de face. » Le Magistrat d'Avignon ayant jugé à propos de faire les frais de la cérémonie de la distribution des prix, il n'y a rien d'étonnant que les armoiries municipales soient sur les volumes donnés. L'Armorial du Bibliophile contient quelques-unes de ces

573 marques, qu'on ne doit pas confondre, comme l'observe avec raison feu Beaupré, auteur de l'excellente Hist. de l'imprimerie en Lorraine, avec les frappes des bibliothèques particulières. Cette coutume d'armorier les plats des volumes existait dans les colléges de Pont-à-Mousson et de Metz, et les amateurs recherchent avec empressement les volumes décorés de cette manière. Le P. Abram a donné la liste des donateurs de son collége, et l'éditeur moderne de cet ouvrage n'a pas manqué de la reproduire. En cela, les Jésuites, qui savent parfaitement se servir ungue et rostro contre leurs ennemis, et ils ont parfaitement raison, faisaient preuve d'une certaine reconnaissance envers leurs bienfaiteurs. On ne doit pas les dénoncer pour cela. M. E.-G. P. doit connaître le célèbre monogramme de la Société; il figure sur les sceaux de toutes les maisons. La Société n'a jamais eu d'autres armoiries.

A. B.

La fin du monde par la Science (X, 518). -Cet ouvrage existe, en effet, à la Bibliothèque de la rue Richelieu, mais la date de 1836 indiquée m'a fait terriblement chercher et attendre. La Bibliothèque possède la 3e édit. 1 vol. petit in-8°. Paris, Dentu, 1865 (179 pp., dont 19 de préface). C'est l'oeuvre d'Eug. Huzar. L'ouvrage est divisé en quatre parties: Livre I, le Passé; liv. II, le Présent; liv. III, l'Avenir; 4o partie ou Conclusion: L'Arbre de la science. A. NALIS.

-Cet opuscule n'a pas été publié en 1836, mais bien en 1855, chez Dentu, au Palais-Royal. Il a eu trois éditions. La deuxième est de 1859, et la troisième de 1865. L'auteur est M. Eugène Huzar, né en 1820, à Paris. La Fin du monde par la science porte, à sa première page, la figure d'un serpent enroulé autour d'un globe terrestre, avec cette épigraphe: Ce qui a été sera. M. Eug. Huzar a été amené à écrire son livre à la suite d'une expérience sur la compression des gaz, dont il fut témoin. La machine à compression éclata, et le préparateur fut littéralement broyé. «En voyant, dit-il, ces atomes infiniment petits, produits de la science; ces fluides invisibles, impondérables, ces gaz intangibles produire des effets si terribles, si inattendus, nous nous sommes demandé si l'homme, étendant sans cesse sa domination sur les énergies de la nature, n'amènerait pas fatalement et malgré lui une de ces catastrophes dernières, qui sont le dernier jour du monde. » M. Eug. Huzar n'est pas rassurant du tout. Sa thèse est celle-ci : Que la fin du monde doit arriver fatalement par l'exagération de la science et de la puissance de l'homme qui, chaque jour, rompt l'équilibre et l'harmonie des lois naturelles. Voyez d'ici l'épouvantable explosion de l'immense chaudière

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qu'on appelle la terre? Brrr!! cela donne le frisson.

Il

M. H. a développé sa théorie dans un autre ouvrage intitulé: L'Arbre de la science (Paris, Dentu, 1857, in-8°). y a dans ce livre de très-curieux rapprochements historiques, mais aussi des conceptions bien étranges,- notamment l'explication que donne l'auteur du péché originel. Renouvelant une hypothèse d'Isaac de la Peyrère, l'auteur du livre des Préadamites (1656), M. Huzat croit à une grande civilisation édénique disparue, et considère Adam comme la figure de l'humanité de cette époque, arrivée à son complet développement. Pour lui, l'arbre de la science n'est autre que la science expérimentale, et la chute originelle symbolise tout simplement la fin de l'humanité édénique, fin occasionnée par une science ignorante et imprévoyante. Naturellement, il juge du présent par le passé et arrive à la devise qui lui est chère: Ce qui a été sera. Un autre ouvrage du même auteur: L'Arbre de vie, devait montrer le remède et indiquer les moyens (la science harmonique, prévoyante et rationnelle) de se préserver de la catastrophe suprême. Malheureusement (!!!), ce livre n'a pas paru.

On doit encore à M. Huzar (d'après Otto Lorenz, Catal. de la libr. franç. de 1840 à 1845) les deux opuscules suivants : Le Christ et le Pape (Dentu, 1860, in-8o); Recherches sur les bruits du souffle dans les maladies du cœur (Delahays, 1860, in-8°). Ce dernier travail indiquerait que M. Huzar était médecin, ou du moins s'occupait de médecine.

Le système de M. Huzar sur la «< fin du monde par la science » a eu, à l'époque, un certain retentissement. Le père Félix y fit allusion, du haut de la chaire de Notre-Dame, et Lamartine lui consacra la 12o livraison de son Cours familier de littérature. FIRMIN BOISSIN.

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