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VIES DES SAINTS

XXIV JOUR D'AVRIL

MARTYROLOGE ROMAIN.

A Sévis, au pays de Grisons, saint FIDÈLE DE SIGMARINGEN, de l'Ordre des Mineurs Capucins, qui, envoyé en ce lieu pour prêcher la foi catholique, fut tué par les hérétiques et mérita ainsi d'être mis au rang des Martyrs par le pape Benoît XIV. 1622. A Rome, saint Sabas, officier de l'armée, qui, ayant été accusé de visiter les chrétiens dans les prisons, confessa librement Jésus-Christ devant le juge celui-ci le fit brûler avec des torches ardentes et jeter dans une chaudière pleine de poix bouillante, d'où, étant sorti sans lésion aucune, il convertit soixante-dix hommes par ce miracle, lesquels, ayant persévéré dans la confession de la foi, passèrent par le tranchant du glaive: pour lui, il fut enfin jeté dans le fleuve, où il acheva son martyre. 272. A Lyon, dans la Gaule, saint Alexandre, martyr, qui, dans la persécution d'Antoninus-Vérus, après avoir été longtemps détenu en prison, fut d'abord tellement déchiré par la cruauté de ceux qui le fouettaient, que les jointures de ses côtés étant rompues, on lui voyait jusqu'aux intestins, et ensuite fut attaché à une croix sur laquelle il rendit son bienheureux esprit. Avec lui souffrirent trente-quatre autres chrétiens, dont la mémoire se célèbre en d'autres jours. 178. Le même jour, les saints martyrs Eusèbe, Néon, Léonce, Longin et quatre autres, qui, dans la persécution de Dioclétien, après de cruels supplices, furent frappés du glaive 1. Vers 303. En Angleterre, le décès de saint MELLIT, évêque, qui, envoyé en Angleterre par saint Grégoire, convertit les Saxons Orientaux avec leur roi. 624. A Elvire, en Espagne, saint Grégoire, évêque et confesseur 2. A Brescia, saint Honoré, évêque. 586. En Irlande, saint EGBERT, prêtre et moine, personnage d'une humilité et d'une continence admirables. 729. - A Reims, les saintes vierges BEUVE et DODE. 673.

Ive s.

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MARTYROLOGE DE FRANCE, REVU ET AUGMENTÉ.

A Pignerol, les saints martyrs Maurice, Georges et Tibère, de la glorieuse légion Thébaine. A Auch, le décès de saint Cérase, premier évêque d'Eause, qui gouverna saintement son diocèse au milieu des plus grands troubles de l'Eglise. 1er s. Sa fète se célèbre à Auch le 27 avril. En Auvergne, saint ROBERT, fondateur et premier abbé de la Chaise-Dieu, de l'Ordre de SaintBenoit. 1067. Il est nommé au martyrologe romain le 17 avril. Au diocèse de Blois, saint Dyé 3, premier anachorète, qui parut dans le pays blésois. La cellule qu'il se bâtit sur le bord de la Loire

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1. Eusèbe, Néon, Léonce, Longin et leurs quatre compagnons souffrirent à Nicomédie. Leur conversion est attribuée à saint Georges.

2. Saint Grégoire d'Elvire fut fort mêlé à la querelle des Ariens. Il prit parti pour Lucifer de Cagliari dans la condamnation sans merci des évêques qui avaient failli. Lucifer l'entraina dans son schisme. Sans doute saint Grégoire fut de bonne foi, mais il est curieux de remarquer avec quelle complaisance Baillet s'étend sur ce bon évêque, dont on ne sait presque rien, précisément parce que Rome a reconnu sa sainteté malgré la participation qu'il prit à un schisme. (Voir la Vie de Lucifer de Cagliari.) 3. Deodatus.

VIES DES SAINTS.

TOME V.

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1

est l'origine de l'église et du bourg qui portent son nom. Tour à tour, ascètes studieux et missionnaires actifs; prêtres dévoués et laboureurs infatigables; manoeuvres et savants, les anachorètes du moyen âge ont fait, parmi les classes moins privilégiées de la société, ce que les évêques ont fait parmi les grands; ce qui n'empêchait pas les rois de rechercher les inspirations des déserts embaumés du parfum de la sainteté : ainsi Clovis et, plus tard, son fils Childebert, marchant contre les Goths ariens, vinrent s'agenouiller aux pieds de l'ermite de Saint-Dyé et lui recommander le succès de leurs armes. Les reliques du saint ermite ont été dispersées par les Huguenots en 1518. Mort après 531. A Mortain, en Normandie, saint Guillaume Firmat, prêtre et solitaire, dont la vie a été un modèle de toutes sortes de vertus, mais surtout d'humilité et de charité. On l'invoque principalement pour les maux de tête 1. Vers 1090.-A Perthe, près de Haute-Fontaine, diocèse de Langres, saint LÉGER OU LÉZER. Ieг, III® ou VIIe s. - A Paris, le vénérable Gaston de Renty, baron de Landelle, célèbre par sa grande charité envers les pauvres, dont le corps était à Citré, près de Jouarre, dans l'église de Saint-Pons. 1639. - A Saint-André-de-Villeneuve d'Avignon, sainte Venture. Au diocèse d'Arras, saint Benoît-Joseph Labre, illustre par sa pauvreté et sa sainteté, béatifié par le pape Pie IX 2. 1783. A Fontevrault, la vénérable Pétronille de Chemillé, née de Craon, veuve et première abbesse de ce célèbre monastère. Elle suivit d'abord le bienheureux Robert d'Arbrisselles, comme les saintes femmes de l'Evangile suivaient Notre-Seigneur. Son existence fut traversée de nombreuses contradictions; mais elle eut le courage de mépriser les jugements des hommes et de marcher sans détour dans la voie du ciel. 1149.

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MARTYROLOGES DES ORDRES RELIGIEUX.

Martyrologe des Bénédictins.

En Angleterre, saint Mellit.

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Martyrologe des Camaldules et de Vallombreuse. En Angleterre, saint Mellit, etc. Martyrologe des Mineurs conventuels. A Septempeda, dans la Marche d'Ancône, le bienheureux Bentivoglio, confesseur, de l'Ordre des Mineurs, qui, plein de miracles et de bonnes œuvres, et, comblé de la grâce d'oraison et de contemplation, monta au ciel le 25 décembre. Le samedi, avant le quatrième dimanche après Pâques, à Assise, dans l'Ombrie, la dédicace de la basilique de Saint-François, qu'Innocent IV consacra solennellement, que Grégoire IX soumit immédiatement au Saint-Siége, et qu'il rétablit comme le chef-lieu et la mère de tout l'Ordre des Franciscains, et enfin que Benoit XIV érigea en basilique patriarcale et en chapelle papale. Martyrologe des Servites. Le saint Bon Larron, nommé au martyrologe romain le 25 mars. Martyrologe des Capucins. A Sévis, dans le canton des Grisons, saint Fidèle...

ADDITIONS FAITES D'APRÈS LES BOLLANDISTES ET AUTRES HAGIOGRAPHES.

A Gironna, en Espagne, saint Daniel, anachorète et martyr. Vers le IX s. Chez les Grecs, sainte Elisabeth, vierge et thaumaturge, qui, absorbée en Dieu, fut trois ans sans lever les yeux au ciel. Avant le xe s. En Angleterre, saint Wilfrid, archevêque d'York, premier du nom, qui convertit les Saxons du sud. Il fut deux fois chassé de son siége, et deux fois rétabli 3. 709. Dans le même pays, saint Hechberact, qu'on présume avoir été le maître du savant Alcuin. VIIIe s. A Bomarzo (Polymartium), en Toscane, saint Anselme de Mugnono, confesseur, qui, inconnų pendant sa vie, fut glorifié après sa mort. Bien que ses reliques soient en très-grande vénération, et que sa fête soit célébrée avec solennité, on ignore l'époque où il a vécu. A Guatemala, en Amérique, le vénérable François Colmenario, regardé comme Saint par les habitants du pays, à la conversion desquels il avait travaillé en bon ouvrier du père de famille. 1590.

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Vierges, vous êtes le paradis terrestre, prenez garde à Eve.
Ambr., in Cant., IV.

La vertu toujours louable, en quelque sujet qu'elle se rencontre, est encore plus admirée quand elle est jointe à une naissance illustre, parce

1. Voir au 28 février.

-

2. Voir sa vie au 16 avril.

3. Voir sa vie au 12 octobre.

qu'elle est alors d'un plus grand exemple, ou parce qu'elle suppose un plus grand effort pour se dégager des charmes et des intérêts du monde. Telle est celle de sainte Beuve; d'une naissance royale, et, au rapport de Flodoart, fille de Sigebert, roi d'Austrasie, cette Princesse s'est appliquée entièrement aux exercices qui conduisent au plus haut point de la perfection.

Elle fut élevée dans tous les sentiments d'une piété chrétienne; et comme on remarquait en elle une grande vivacité d'esprit, accompagnée d'une mémoire excellente, ceux qui avaient soin de son éducation lui donnèrent de bonne heure la connaissance des saintes lettres. Ce fut par la lecture de ces livres saints qu'elle apprit la science des Saints, et qu'elle conçut ce divin feu qui l'embrasa et la consuma toute sa vie. Son esprit s'étant fortifié par l'âge, Dieu lui fit la grâce de pouvoir reconnaître, au milieu du luxe et des pompes de la cour, la caducité des choses humaines; que la gloire du monde échappe; enfin, qu'elle s'évanouit comme un songe, et qu'après tout il faut un jour paraître devant le tribunal de la justice divine, où les rois mêmes n'auront pas d'autre appui que leur innocence. Après s'être souvent entretenue de ces salutaires pensées, elle forma la résolution de se retirer du monde et de renoncer à toutes ses espérances, pour se revêtir de la qualité glorieuse de très-humble servante de JésusChrist.

Sainte Beuve avait un frère nommé Balderic ou Baudry, homme d'une grande sainteté et que notre Sainte aimait tendrement; elle eût cru faire tort à leur amitié de lui cacher un dessein de cette importance. Balderic, rebuté du siècle, et songeant à la retraite aussi bien que sa vertueuse sœur, loua son dessein et l'exhorta à ne pas résister plus longtemps au SaintEsprit. Il fut donc convenu que Beuve se retirerait à Reims, dans un monastère fondé par Clotilde, reine de France, et que son frère l'accompagnerait dans cette ville, pour l'assister de ses conseils; cela ne se put exécuter sans laisser au roi Sigebert, et à toute la cour, un extrême regret de leur absence.

Enfin Beuve prit le voile de la sainte religion; ce fut alors que, délivrée des embarras de la grandeur, elle se donna à Dieu sans réserve. Il ne se pouvait rien ajouter à son humilité, à sa douceur et à sa modestie; elle affligeait son corps par de très-rudes austérités; elle pleurait et priait les nuits entières, et observait un jeune très-rigoureux. Mais comme le monastère était hors des murailles de Reims, et que, durant la guerre, il se trouvait exposé à tous les dangers que courent les maisons religieuses bâties à la campagne, sainte Beuve et saint Balderic, son frère, environ l'an 650, firent construire dans Reims la magnifique maison de Saint-Pierre, afin que tant de saintes vierges pussent servir Dieu avec plus de sûreté, et peut-être avec plus de commodité. Saint Nivard, qui fut bientôt après (655) archevêque de Reims, en dédia l'église sous le nom de la Sainte Vierge et du prince des Apôtres.

Au même temps et sous le même archevêque, saint Gombert, homme de haute condition, fonda, en l'honneur de saint Pierre, un autre couvent de vierges, auprès de la porte Bazé, autrefois Basilicaris, et cette maison s'appelait le monastère Royal ou Fiscal. Ces deux maisons, portant toutes deux le même nom de Saint-Pierre, ont souvent été confondues par les àuteurs.

Beuve s'y retira dès qu'elle le put, avec un grand nombre de filles. Il fallait donner un chef à cette troupe religieuse. La naissance de Beuve, ses bienfaits récents, mais principalement sa sainteté, ne permirent pas de

balancer longtemps sur le choix d'une supérieure. Beuve, d'une commune voix, fut appelée à la dignité d'abbesse; mais sa modestie lui fit trouver cette charge trop pesante pour ses forces; elle considérait combien il fallait de prudence et d'adresse pour conduire tant de religieuses, combien de vertu pour leur servir d'exemple; elle savait qu'il est plus facile de suivre que de guider, et d'obéir à une seule que de commander à plusieurs. Mais, comme saint Balderic, qui avait beaucoup de pouvoir sur son esprit, lui conseilla de déférer à son élection et d'accepter par humilité un honneur que d'autres eussent recherché par orgueil, l'assurant que, puisque la Providence l'appelait à cette dignité, elle lui donnerait des grâces pour s'en acquitter dignement, Beuve se rendit à ses raisons, et l'on peut dire qu'elle accepta le commandement par obéissance. La suite fit bien connaître que le Saint-Esprit avait eu la principale part dans ce choix, tant elle apporta d'exactitude à l'accomplissement de son devoir. Aussi, comme elle est la première abbesse de Saint-Pierre, selon l'ordre du temps, elle l'est de même en mérite, et toutes celles qui sont venues depuis n'ont été que les copies d'un si excellent original.

Quoiqu'elle donnât beaucoup de temps aux affaires de sa maison, elle ne négligeait pas pourtant ses exercices de piété; elle redoubla même l'austérité de ses jeûnes et l'ardeur de ses oraisons. On croit généralement qu'elle établit dans son monastère la règle de saint Benoît. Cette sainte abbesse se distinguait des autres religieuses, non par les insignes de sa dignité, mais par sa vertu. Les livres sacrés étaient sa principale étude : c'est là et dans l'oraison qu'elle s'inspirait pour faire à ses compagnes des exhortations toutes pleines de l'esprit de Dieu. Elle leur conseillait surtout le travail manuel, pour ne pas donner de prise sur elles au démon: car il est certain que l'oisiveté est la porte funeste par où Satan se glisse dans les âmes les plus innocentes.

Tandis que Beuve se traçait glorieusement un chemin à l'éternité, Balderic, qui s'était confiné dans la solitude de Montfaucon, s'acquérait une merveilleuse réputation de sainteté, gouvernant de son côté une abbaye dont il était le fondateur; il quittait néanmoins quelquefois son désert pour visiter sa sœur, et alors ils s'entre-communiquaient leurs lumières et s'animaient réciproquement à la vertu. Ce fut dans une de ces visites que Balderic fut attaqué de la maladie dont il mourut. Beuve eut besoin de toute sa constance pour supporter la perte d'un frère si tendrement aimé. Cependant, elle se soumit à l'ordre de la Providence, et baisa humblement la main qui l'avait frappée. Saint Balderic fut enseveli au monastère de Saint-Pierre, qu'il avait fondé à Reims, comme nous l'avons dit. Transporté plus tard à Montfaucon, et déposé dans l'église de Saint-Laurent, où le Saint s'était, de son vivant, préparé un tombeau, et ensuite à Verdun, il fut enfin ramené à Montfaucon et mis dans l'église de Saint-Germain, qui était celle de l'abbaye, et Dieu honora son tombeau de plusieurs miracles. Son corps a depuis été transporté à Montfaucon, dans l'église de Saint-Laurent, où il avait choisi sa sépulture.

Sainte Beuve ne survécut pas longtemps à son bienheureux frère; ses jeunes et ses veilles, avec le nombre des années, l'ayant extrêmement affaiblie, elle connut bien que Notre-Seigneur voulait mettre un terme à ses longues et pieuses fatigues. Elle se disposa à la mort avec les sentiments d'une âme qui n'a vécu que pour Dieu et qui a mis en lui toutes ses espérances, et elle s'endormit enfin du sommeil des justes, pour aller recevoir au ciel la couronne due à son incomparable vertu.

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