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<< La coutume est notre nature. Qui s'accoutume

à la foi la croit. »

PASCAL (Pensées).

« Qui veut croire croira. »

(RENOUVIER (Psych. ration., 2° éd., t. II, p. 26).

INTRODUCTION

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I. HISTORIQUE DU PROBLÈME

On peut concevoir et, en fait, on a proposé bien des définitions et bien des théories du jugement; mais il n'y a guère que deux méthodes possibles pour aborder l'étude de cette opération mentale.

On peut, tout d'abord, considérer le jugement sous sa forme achevée, tel que nous le trouvons dans la science, dans la littérature, dans les dogmes religieux ou simplement dans les affirmations du bon sens. Ces jugements s'expriment tous par des propositions, et ces propositions se composent, dans presque tous les cas, de plusieurs termes. Un premier travail d'analyse, tout grammatical, consiste alors à distinguer et à définir les fonctions verbales des termes, à réduire ces fonctions au plus petit nombre de types possibles sujet, attribut, copule, et à découvrir les relations de ces termes entre eux. Un second travail, analogue au premier, distingue ensuite entre les jugements eux-mêmes des types généraux et, entre ces types eux-mêmes, des relations rationnelles telles que les uns étant donnés, d'autres plus particuliers ou plus généraux, positifs

ou négatifs, peuvent être légitimement dérivés des premiers. Il établit les lois de cette dérivation et détermine le degré de certitude qu'elle comporte. Ce premier point de vue, tout formel, est celui du logicien.

Tout autre est le point de vue du psychologue. Celui-ci, au lieu de rechercher ce que doit être le jugement pour être valable en raison, se demande ce qu'il est en tant qu'opération mentale et comment il se fait. Derrière les termes, il retrouve des idées et, au delà des idées, des représentations, c'est-àdire des données de la conscience; derrière la proposition, il aperçoit un pouvoir d'analyse et de synthèse capable de dissocier les éléments que l'expérience présente liés, d'unir ceux qu'elle présente isolés, et recherche l'origine de ce pouvoir; il distingue, dans la genèse de l'affirmation, des étapes, et des degrés dans la certitude. En un mot, le psychologue considère le jugement, non plus comme un produit, mais comme une fonction dont il décrit les organes et l'activité.

§. 2.

Qu'il soit légitime et profitable de se placer à l'un et à l'autre de ces deux points de vue, c'est ce que personne ne songe à contester. Mais on s'explique aisément que le point de vue de la forme ait, le premier, sollicité l'attention des philosophes et que la logique du jugement ait été presque achevée bien avant que la psychologie eût été constituée comme science indépendante. C'est ainsi que la gymnastique et l'hygiène ont de longtemps devancé l'anatomie et la physiologie, parce qu'il n'est pas plus nécessaire, pour se mouvoir harmonieusement et se nourrir sainement, de connaître le mode d'attache des muscles ou les réactions chimiques de la diges

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