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l'année précédente; on l'accompagnait en bon ordre au lieu de la cérémonie, où, d'après un article additionnel de 1706, chaque chevalier était obligé de tirer, sous peine d'amende. Ceux qui ne le pouvaient faire, pour cause légitime ou pour infirmité, devaient faire. tirer leur coup par une personne étrangère à la confrérie. Le connétable était juge des coups, avec les deux plus anciens de la compagnie.

3. Enfin, « en souvenir des agapes des premiers chrétiens, qui ne formoient tous qu'un cœur et qu'une âme, on se réunissait une fois l'année, d'après une pratique observée de tout temps par les anciens confrères, dans un endroit désigné par le connétable, pour y faire, à frais communs, une collation sobre et honnête. Toute espèce d'excès en était bannic. « Voulons, est-il dit dans les statuts, que celui qui aura scandalisé l'assemblée par intempérance, paroles deshonnêtes ou médisantes, soit déchu en amende arbitraire, selon la grandeur du crime, et indiquée par le connétable présent ou l'ancien présidant à l'assemblée, laquelle amende sera employée à la décoration de nostre autel, après que le délinquant aura été contraint de la payer, même par exécution de ses meubles; et ne sera cette peine réputée comminatoire, mais véritablement encourue par la seule transgression de

ce statut. »

Telle était l'organisation de la compagnie de Marquivillers au XVIIIe siècle.

A l'exception du repas commun qui n'a plus lieu, elle est encore à peu près la même aujourd'hui.

Avec des noms différents, les dignitaires sont toujours nommés le jour de Saint-Sébastien. Seulement, le comptable, qui remplace l'ancien marguillier, n'y a

plus le pas; c'est le roi, puis le capitaine qui marchent les premiers. L'oiseau est toujours tiré le jour de l'Ascension, et celui qui l'abat est proclamé roi. Enfin, s'il n'y a plus de sergent exploitant, il y a toujours un sergent de l'ordre pour réprimer par des observations, et même par des amendes, toute espèce d'intempérances; ce qui fait que ceux qui ne savent pas sacrer peuvent toujours assister aux exercices, et que les honnêtes gens ne sont jamais exposés à s'y entendre insulter par les ivrognes.

Les compagnies réunies à celle de Marquivillers pour le prix général sont celles de Bus, de Fescamps, d'Onvillers, de Remaugies, de Piennes, de Rollot, de Boulogne-la-Grasse, de Conchy-les-Pots et de Tilloloy.

Chaque année, le jour de la Pentecôte, le prix est rendu, à tour de rôle, par l'une des dix communes de la circonscription. Cette cérémonie lui est annoncée, l'année précédente, après les exercices, par la compagnie qui l'a rendu elle-même. Autrefois, cette annonce était faite par la remise d'un bouquet aux proportions gigantesques, dont quelques-uns atteignaient jusqu'à trois mètres d'élévation. A une inutilité incontestable, ils joignaient un autre inconvénient plus grave; c'est qu'ils étaient souvent une source de difficultés pour les compagnies, parce que celle qui les recevait, et qui en devait payer les frais, n'aimait pas à les voir varier, chaque année, de forme et de valeur au gré de celle qui les rendait. Le 22 mai 1825, les capitaines de la ronde, réunis à Marquivillers, avaient commencé par prendre un arrêté par lequel il avait été interdit à toute compagnie présentant un bouquet, d'exiger plus de 20 francs de celle qui le recevait, « quand même elle l'aurait payé davantage. » En 1855, on compléta

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la réforme, et le bouquet fut définitivement remplacé par une statue de Saint-Sébastien, qui, sortie pour la première fois de Marquivillers, a depuis parcouru à diverses reprises chacune des paroisses qui ont choisi ce saint pour protecteur. Le clergé, qui est allé au devant de la statue, à son arrivée, la reconduit à son départ, et chacun des assistants ne manque pas, en la quittant, de demander à saint Sébastien d'être encore, dans dix ans, présent à son retour.

La cérémonie du prix général dure plusieurs jours. Le dimanche de la Pentecôte est consacré à la parade, à l'assistance aux offices et à la partie du vin d'honneur, et les deux journées du lundi et du mardi au tir des chevaliers, qui doivent être au moins au nombre de dix par chaque compagnie. Nous ne nous arrêterons pas à décrire ces différents exercices, ni les « honneurs ordinaires » rendus à chaque société, à son arrivée au jardin de l'Arc, ni cette belle procession où dix tambours battent aux champs et dix bannières déployées ouvrent la marche, et dont les rangs sont formés, d'abord par les conscurs des communes convoquées, portant à la main une flèche enrubannée qui leur tient lieu de billet d'admission aux privilèges et aux honneurs de la confrérie, ensuite par les chevaliers des diverses compagnies portant sur l'épaule leur arc débandé. Bornons-nous à constater que tout cela forme un spectacle fort intéressant, et qu'il est rare qu'une paroisse qui en a été témoin n'y puise pas un nouvel amour pour son antique confrérie, un nouvel élan pour en perpétuer parmi ses enfants les respectables traditions.

Voici les noms des connétables et des capitaines que

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PIERRE-LOUIS DUPUIS, 1762-1785.

JEAN-CHARLES DE LA CORNE, 1785-1812.

JEAN-LOUIS DE LA PORTE, 1812-1833.
NICOLAS DELATTRE, 1833-1858.

LOUIS-CASIMIR PELLIEUX, 1858-1863.

FULGENCE BRULIN, 1863-1874.
ACHILLE DEFOULLOY.

Graveur d'Abbeville

BIOGRAPHIE ET ÉTUDE DE SON OEUVRE

PAR

M. Ém. DELIGNIÈRES

Président de la Société d'Emulation d'Abbeville.

La longue suite des graveurs abbevillois qui a commencé, en 1598, par Claude Mellan, pour se continuer sans interruption jusqu'à nos jours, comprend plus de quarante artistes nés dans la cité picarde. Il ne restait qu'un dernier survivant, le vénérable Bridoux, qui vient de mourir, le 9 avril 1892, âgé de près de soixante-dix-neuf ans.

Après une si longue carrière consacrée à la gravure en taille-douce, cette branche si pure des arts de reproduction, notre concitoyen ne pouvait pas être laissé dans l'oubli.

Si, en effet, par une modestie qui l'honorait d'autant plus que souvent elle est rare, notre graveur n'avait guère fait parler de lui, et si, depuis plusieurs années surtout, à la suite de déceptions nombreuses, il était

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