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« devant être lus dans l'Église : a patribus ista accipimus in Ecclesia legenda (1). » Nous trouvons enfin les livres deutéro-canoniques dans l'ancienne version Italique, qui a été en usage dans les Églises latines dès les premiers temps du christianisme jusqu'à saint Jérôme.

240. Une autre preuve en faveur de la divinité des livres deutéro-canoniques, c'est que les Pères et les auteurs ecclésiastiques les plus anciens les ont mis au nombre des livres saints; ils les citent comme contenant la parole de Dieu. Nous avons pour le livre le Tobie Clément d'Alexandrie, Origène, saint Cyprien, saint Ambroise, saint Basile et saint Augustin; pour le livre de Judith, saint Augustin, saint Jérôme, saint Ambroise, Origène, Clément d'Alexandrie, Tertullien, et l'auteur des Constitutions apostoliques; pour le livre d'Esther, saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Épiphane, saint Basile, l'auteur des Constitutions apostoliques, saint Hilaire de Poitiers et Origène; pour le livre de Baruch, saint Chrysostome, saint Cyrille de Jérusalem, saint Basile, Eusèbe de Césarée, saint Athanase, saint Hippolyte de Porto et saint Denys d'Alexandrie; pour le livre de la Sagesse, saint Clément de Rome, saint Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, saint Denys, évêque de cette ville, saint Hippolyte, Origène, saint Cyprien, Eusèbe de Césarée, saint Hilaire, Lactance, saint Basile, saint Épiphane et Didyme d'Alexandrie; pour l'Ecclésiaste, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, saint Cyprien, saint Athanase, saint Basile, saint Éphrem, saint Épiphane, saint Ambroise, saint Augustin, saint Paulin et saint Fulgence; pour les trois articles de Daniel, tous les Pères qui ont mis le livre de ce prophète parmi les livres saints sans aucune restriction; et pour ce qui regarde spécialement l'histoire de Susanne, l'auteur des Constitutions apostoliques, saint Ignace d'Antioche, Origène, saint Athanase, saint Grégoire de Nazianze, saint Fulgence et Ruffin d'Aquilée; pour les livres des Machabées, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, saint Cyprien, Lucifer de Cagliari, saint Grégoire de Nazianze, saint Ambroise et saint Augustin.

241. Quant aux parties deutéro-canoniques du Nouveau Testament, nous pourrions citer, pour le dernier chapitre de saint Marc, l'auteur des Constitutions apostoliques, saint Irénée et saint Augustin; pour le passage de saint Luc touchant l'agonie de Jésus-Christ, les mêmes docteurs; pour l'histoire de la femme

(1) Labbe, Concil., tom, п, col. 1177.

adultère, Ammonius d'Alexandrie, saint Ambroise, saint Jérôme et saint Augustin; pour l'Épitre aux Hébreux, l'auteur des Constitutions apostoliques, Clément d'Alexandrie, saint Denys, évêque de cette même ville; Origène, les Pères du concile d'Antioche de l'an 264; saint Athanase, Eusèbe de Césarée, saint Épiphane et Didyme d'Alexandrie; pour la seconde Épître de saint Pierre, saint Irénée, Origène, Firmilien, saint Athanase, Eusèbe de Césarée, saint Cyrille de Jérusalem, Didyme d'Alexandrie, saint Macaire, saint Épiphane, saint Jérôme et saint Augustin; pour la seconde et troisième lettre de saint Jean, saint Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, saint Athanase, saint Cyrille de Jérusalem, saint Jérôme et saint Augustin; pour celle de saint Jacques, l'auteur des Constitutions apostoliques, saint Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, saint Hilaire, saint Athanase, Eusèbe de Césarée, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, saint Chrysostome et saint Paulin; pour celle de saint Jude, saint Augustin, saint Jérôme, Ruffin d'Aquilée, saint Épiphane, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille de Jérusalem, Origène, Clément d'Alexandrie, Tertullien; pour l'Apocalypse enfin, saint Paulin, saint Augustin, saint Épiphane, Didyme d'Alexandrie, saint Grégoire de Nazianze, saint Basile, Eusèbe de Césarée, saint Hilaire, saint Cyprien, Origène, saint Hippolyte, Clément d'Alexandrie, Tertullien et saint Irénée.

242. Il est donc constant que les plus anciennes Églises et de l'Orient et de l'Occident regardaient les livres deutéro-canoniques comme des livres sacrés. Aussi voyons-nous que, dès le cinquième siècle, l'Église latine s'accorde avec l'Église grecque à mettre tous ces livres au nombre des livres divinement inspirés. Il est vrai qu'avant cette époque quelques Églises particulières ont douté plus ou moins de temps, les unes de la canonicité de celui-ci, les autres de la canonicité de celui-là: mais ce doute fortifie plutôt qu'il n'affaiblit la tradition apostolique; il prouve que les livres deutéro-canoniques n'ont été reçus par ces Églises qu'après un mûr examen, et que lorsque la croyance des principales Églises a été reconnue et constatée partout. Il ne faut pas être étonné que la croyance catholique n'ait pas été aussitôt fixée sur l'inspiration des livres deutéro-canoniques que sur l'inspiration des livres proto-canoniques, ceux-ci étant, sous le point de vue religieux, plus importants que les premiers. Concluons donc qu'on doit admettre comme sacrés tous les livres contenus dans le canon du concile de Trente les mêmes raisons qu'on allègue pour les uns militent en faveur des

autres; nous avons pour ceux-ci, comme pour ceux-là, la tradition qui remonte jusqu'aux apôtres, la croyance des Grecs et des Latins, l'autorité de l'Église catholique, sans laquelle nous ne pourrions pas même croire à l'inspiration des Évangiles: Ego vero, comme le dit saint Augustin, Evangelio non crederem, nisi me Ecclesiæ catholicæ commoveret auctoritas (1).

CHAPITRE VII.

Du texte primitif et des principales versions des livres saints.

ARTICLE I.

Du texte primitif des livres saints.

243. Le texte primitif ou original des livres saints est l'hébreu, généralement, pour l'Ancien Testament, et le grec, généralement, pour le Nouveau. Nous disons généralement, car le livre de la Sagesse, le second des Machabées, ont été composés en grec. Quant au livre de Tobie, on ne sait pas d'une manière bien certaine s'il fut écrit en hébreu, en grec ou en chaldéen; et on n'est guère mieux fixé sur le texte primitif du livre de Judith, que les uns prétendent être chaldéen, les autres grec. Parmi les livres du Nouveau Testament, il n'y a que l'Évangile de saint Matthieu et l'Épître de saint Paul aux Hébreux qui aient été écrits en syro-chaldaïque; cet idiome était la langue vulgaire des Juifs au temps de Jésus-Christ, mais on n'en a plus le texte original. On a également perdu le texte primitif de l'Ecclésiastique, de Baruch et du premier livre des Machabées, qui était aussi le texte hébreu, tel à peu près qu'on le parlait dans la Judée après le retour des Juifs de la captivité de Babylone.

244. La division des livres saints en chapitres et en versets ne remonte pas jusqu'aux auteurs sacrés; les anciens ne la connaissaient point: aussi les Pères grecs et latins citent l'Écriture sans aucune indication de chapitres et de versets. On est redevable de la distinction des chapitres au cardinal Hugues de Saint-Cher, qui publia, au treizième siècle, une Bible avec de petits commentaires

(1) Contra Epistolam Manichæi, c. v, no vш.

qu'il divisa en chapitres, ajoutant à la marge les lettres A, B, C, D, pour faciliter les citations et les renvois. Quant à la division des chapitres en versets, comme elle existe maintenant, on la doit à Robert Estienne, célèbre imprimeur de Paris, qui l'introduisit dans son édition du Nouveau Testament de 1551. On ne trouve point non plus de ponctuation dans les anciens manuscrits des livres saints; elle n'a été inventée que vers le neuvième ou le dixième siècle. Il en est de même des accents, des esprits et des pointsvoyelles, actuellement en usage chez les Juifs; ils sont de beaucoup postérieurs au texte primitif.

245. Le texte original, soit hébreu, soit grec, des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, est parvenu jusqu'à nous sans altération substantielle. Les différents manuscrits et les différentes éditions du texte primitif nous offrent, quant au fond, les mêmes faits, les mêmes dogmes et les mêmes lois. D'ailleurs, il s'accorde, pour la substance des choses, avec les principales versions répandues dans tout l'univers (1).

ARTICLE II.

Des principales versions des livres saints.

246. Les versions bibliques sont anciennes ou modernes. Les premières sont ou orientales ou occidentales : les unes ne comprennent que les livres de l'Ancien, les autres que les livres du Nouveau Testament; d'autres enfin comprennent tous les livres sacrés.

§ I. De la version des Septante.

247. La plus ancienne et la plus accréditée de toutes les versions de l'Ancien Testament est la version d'Alexandrie, dite la version des Septante-deux, et en nombre rond des Septante. On l'appelle ainsi, ou parce qu'elle a été approuvée par le sanhédrin de Jérusalem, composé de soixante-douze docteurs, ou, plus vraisemblablement, parce que, au rapport d'Aristée, elle a été faite par soixante-douze Juifs. Cette version parut l'an 285 avant l'ère vulgaire, sous Ptolémée, fils de Lagus et roi d'Égypte, sur la demande de Démétrius de Phalère, pour l'utilité des Juifs hellénistes qui

(1) Voyez l'Introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, par M. l'abbé Glaire, tom. 1, ch. v, sect. 1.

avaient été emmenés de la Judée en Égypte, au nombre de plus de cent mille. Mais elle ne comprenait alors que les livres de Moyse; ce ne fut qu'un peu plus tard, et à différentes époques, que les Juifs traduisirent en grec les autres livres de l'Ancien Testament. Indépendamment du témoignage des anciens, qui, en parlant de la version des Septante, ne citent que le Pentateuque, la diversité du style prouve clairement que tous les livres des Juifs n'ont pas été traduits par les mêmes auteurs (1).

248. La version des Septante est authentique, c'est-à-dire qu'elle s'accorde avec le texte primitif pour ce qui tient à la substance des faits et de la doctrine. En effet, cette version, telle qu'elle existait au temps de Jésus-Christ et des apôtres, était certainement authentique, puisque Jésus-Christ et les apôtres l'ont souvent citée, au lieu de citer le texte hébreu. Aussi, c'est la version des Septante que les apôtres ont laissée aux Églises qu'ils ont fondées; c'est sur cette version qu'a été faite l'ancienne Italique, dont l'Église latine s'est servie jusqu'au seizième siècle ; c'est sur elle encore qu'ont été faites les différentes versions en usage chez les Orientaux ; c'est elle que les anciens Pères et les anciens conciles ont employée le plus souvent pour confondre les hérétiques. Or, cette version est aujourd'hui, quant au fond des choses, ce qu'elle a toujours été, ce qu'elle était dans les premiers siècles de l'Église; elle ne diffère point essentiellement ni du texte original qui est imprimé, ni des anciens exemplaires restés manuscrits, ni des citations dont sont remplis les ouvrages des Pères, ni des autres versions de la plus haute antiquité. D'ailleurs, comme elle a été constamment suivie dans l'Église grecque après comme avant le schisme de Photius, il est évidemment impossible qu'elle ait souffert aucune altération substantielle. Enfin, les Latins n'ont jamais reproché aux Grecs d'avoir falsifié les saintes Écritures, preuve que ceux-ci ne se sont jamais permis la moindre interpolation pour ce qui tient à la substance de l'histoire, des dogmes et de la morale des livres saints (2).

(1) Voyez l'Introduction de M. Glaire, ibid., sect. 11; les Titres primitifs de la Révélation, par le P. Fabricius, tom. 1, pag. 223, etc. — (2) Voyez les Prolégomènes de Walton, etc.; l'Herméneutique sacrée de Janssens, et l'Introduction de M. l'abbé Glaire, tom. 1, etc. — Les meilleures éditions de la version des Septante sont: 1° celle d'Alcala, dans la Polyglotte de ce nom; 2° celle des Alde, Venise, 1518; 3° celle de Rome, d'après les manuscrits du Vatican imprimés par les soins du cardinal Caraffa, sous Sixte V; 4° celle de Lambert Bos, avec les variantes, 1709; 5° celle de Grab, qui a été faite sur le manuscrit d'Alexandrie, 1707-20; 6° celle de Breitenger, 1730-32. Dans ces différentes édi. tions, la prophétie de Daniel est tirée de la version de Théodotion.

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