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livres du Nouveau Testament sont authentiques; qu'ils sont arrivés jusqu'à nous purs, intègres, et exempts de toute altération substantielle; que les faits naturels qu'ils contiennent sont vrais, certains, incontestables; que les disciples immédiats de Jésus-Christ, qui les rapportent, n'ont pu être trompés sur ces faits dont ils ont été témoins, vu que ce sont des faits sensibles, palpables, notoires et publics; qu'ils n'ont pas voulu tromper, ce projet étant le plus absurde qui se soit jamais présenté à l'esprit d'un homme; et qu'ils n'auraient jamais pu tromper, quand même ils l'auraient voulu, ni leurs contemporains, ni la postérité (1). Certainement « les faits de Socrate, dont personne « ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ (2). » Donc, encore une fois, il faut confesser que Jésus-Christ est l'envoyé de Dieu.

CHAPITRE IV.

Preuve de la divinité de la mission de Jésus-Christ par sa résurrection.

733. On sépare la résurrection de Jésus-Christ des autres miracles de l'Evangile, soit parce que c'est un fait principal sur lequel repose particulièrement la prédication des apôtres : Si Christus non resurrexit, dit saint Paul, inanis est prædicatio nostra (3); soit parce que ce fait a été plus particulièrement attaqué par les ennemis du christianisme. De l'aveu des incrédules, la résurrection de Jésus-Christ une fois constatée suffit pour établir la divinité de sa mission et justifier la foi du chrétien. Or, pour cette question comme pour celle des miracles de Notre-Seigneur en général, nous suivrons le récit des évangélistes, dont le témoignage ne peut être contesté.

734. Jésus ayant expiré sur la croix à la neuvième heure du jour, la troisième de l'après-midi, « parce que c'était la veille du sabbat, et afin que les corps (de Jésus et des deux larrons) ne de« meurassent point sur la croix le jour du sabbat (car ce sabbat était

(1) Voyez, ci-dessus, le Traité de l'Écriture sainte, ch. 11, ш et iv. — (2) J. J. Rousseau. Voyez, ci-dessus, no 216. — (3) 1re épître aux Corinthiens, c. XV,

« le plus solennel de tous), les Juifs prièrent Pilate de leur faire « rompre les jambes, et de les faire enlever. Il y vint donc des a soldats, qui rompirent les jambes au premier et à l'autre (larron)

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qu'on avait crucifiés avec Jésus. Mais étant venus à Jésus, et voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes. « Mais un des soldats lui ouvrit le côté avec une lance, et aus«< sitôt il en sortit du sang et de l'eau. Celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est véritable; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi (1). » Ainsi s'exprime l'apôtre saint Jean, qui était présent au Calvaire.

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735. « Sur le soir, il vint un homme riche, nommé Joseph, qui était d'Arimathie. C'était un sénateur, homme juste et ver. tueux, disciple lui-même de Jésus, mais en secret, parce qu'il « craignait les Juifs. Il n'avait point consenti à leur dessein, ni à ce qu'ils avaient fait; il était du nombre de ceux qui attendaient le royaume de Dieu. Il vint donc, et alla trouver Pilate, et lui « demanda le corps de Jésus. Pilate, étonné que Jésus pût déjà « être mort, fit venir le centurion, et lui demanda s'il était déjà « mort. Le centurion l'en ayant assuré, Pilate permit d'enlever le corps de Jésus ; ce que fit Joseph. Nicodème, celui qui était venu autrefois trouver Jésus durant la nuit, y vint aussi avec cent livres d'une composition de myrrhe et d'aloès. Ayant pris le corps a de Jésus, ils l'enveloppèrent d'un linceul blanc et d'autres linges - avec des aromates, selon la manière d'ensevelir en usage chez « les Juifs. Or il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, « et dans ce jardin un sépulcre nouveau, où personne n'avait « encore été mís. Comme c'était la veille du sabbat des Juifs, et « que le sépulcre était proche, ils mirent le corps de Jésus dans « ce sépulcre tout neuf, que Joseph avait fait tailler pour lui« même dans le roc. Puis, Joseph ayant roulé une grande pierre « à l'entrée du sépulcre, se retira (2). Le jour suivant, qui était le « jour du sabbat, les princes des prêtres et les pharisiens se rendirent ensemble chez Pilate, et lui dirent: Seigneur, nous

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(1) Venerunt ergo milites : et primi quidem fregerunt crura, et alterius qui crucifixus est com eo. Ad Jesum autem cum venissent, ut viderunt eum jam mortuum, non fregerunt ejus crura. Sed unus militum lancea latus ejus aperuit, et continuo exivit sanguis et aqua. Et qui vidit, testimonium perhibuit, et verum est testimonium ejus. Et ille scit quia vera dicit, ut et vos credatis. Saint Jean, c. xix, v. 31, etc. - (2) Voyez le texte dans saint Matthieu, c. xxvII, v. 57, etc.; saint Mare, c. xv, v. 42, etc.; saint Luc, c. xxII, v. 50, etc.; saint Jean, c. XIX, V. 31, étc.

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« nous sommes souvenus que cet imposteur a dit, lorsqu'il était « encore en vie: Après trois jours je ressusciterai. Commandez « donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, de « peur que ses disciples ne viennent l'enlever, et ne disent au peuple: Il est ressuscité d'entre les morts; car la dernière erreur « serait pire que la première. Pilate leur répondit : Vous avez des gardes; allez, faites-le garder comme vous l'entendrez. Ils s'en allèrent donc, et assurèrent le sépulcre, en en scellant la pierre, et y posant des gardes (1).

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736. « Le premier jour de la semaine suivante, de très-grand matin, voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre; car << un ange du Seigneur descendit du ciel, et, s'approchant du sépulcre, il renversa la pierre qui le fermait, et s'assit dessus. Son visage était brillant comme un éclair, et ses vêtements blancs «< comme la neige. Les gardes en furent saisis de frayeur, et ils « restèrent comme morts (2). Quelque temps après, le même jour, les saintes femmes qui avaient suivi Jésus avant sa mort allèrent au sépulcre. Chemin faisant, elles se disaient l'une à l'autre : Qui nous ôtera la pierre de l'entrée du sépulcre? car elle était << très-grande. Mais, en regardant, elles virent que la pierre était « renversée. Et étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d'une robe blanche; et «<elles en furent fort effrayées. Mais l'ange leur dit: Ne craignez pas, vous ; je le sais, vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; car il est ressuscité, comme il l'a dit. Venez, et voyez «<le lieu où il avait été mis. Mais allez promptement, et dites à ses disciples, et à Pierre, qu'il est ressuscité; et le voilà qui vous précède en Galilée; là, vous le verrez, comme il vous l'a dit. Elles a sortirent aussitôt et s'enfuirent, étant saisies de crainte et toutes tremblantes; et elles ne dirent rien aux personnes qu'elles rencontraient, tant elles étaient effrayées (3).

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(1) Convenerunt principes sacerdotum et pharisæi ad Pilatum, dicentes: Domine, recordati sumus quia seductor ille dixit adhuc vivens: Post tres dies resurgam. Jube ergo custodiri sepulcrum usque in diem tertium, ne forte veniant discipuli ejus, et furentur enm, et dicant plebi : Surrexit a mortuis. Et erit novissimus error pejor priore. Ait illis Pilatus: Habetis custodiam, ite, custodite sicut scitis. Illi autem abeuntes munierunt sepulcrum, signantes lapidem, cum custodibus. Saint Matthieu, c. xxvп, v. 62, etc. (2) Et ecce terræ motus factus est magnus. Angelus enim Domini descendit de cœlo; et accedens, revolvit lapidem, et sedebat super eum. Erat autem aspectus ejus sicut fulgur : et vestimentum ejus sicut nix. Præ timore autem ejus exterriti sunt custodes, et facti sunt velut mortui. Ibidem, c. xxvIII, v. 2, etc. — (3) Introeuntes in mo

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737. Cependant, tandis que les saintes femmes allaient et venaient, « quelques-uns des gardes vinrent à la ville, et rapportèrent « aux princes des prêtres tout ce qui s'était passé. Et s'étant assemblés avec les sénateurs et ayant délibéré ensemble, ils donnèrent « une grosse somme d'argent aux soldats, et dirent: Dites que « ses disciples sont venus la nuit, et l'ont dérobé pendant que vous « dormiez. Et si cela vient à la connaissance du gouverneur, nous l'apaiserons, et nous vous mettrons en sûreté. Les soldats ayant « donc pris l'argent, firent ce qu'on leur avait dit; et ce bruit qu'ils répandirent dure encore aujourd'hui parmi les Juifs (1). » 738. Il résulte de la narration des évangélistes, 1° que JésusChrist est mort sur la croix. Il était sur la croix lorsqu'il a expiré, qu'il a rendu l'esprit, expiravit (2), emisit spiritum (3), tradidit spiritum (4). Nous avons en outre le témoignage des soldats qui s'abstinrent de rompre les jambes à Jésus-Christ, parce qu'ils le trouvèrent mort; celui de Pilate, qui ne livra le corps de Jésus à Joseph d'Arimathie qu'après s'être assuré de sa mort; celui du centurion, qui avait été témoin de son dernier soupir. Nous avons enfin le témoignage des Juifs, qui ne mirent des gardes à son tombeau que parce qu'ils ne doutaient point de sa mort. S'ils en avaient eu le moindre doute, ils n'auraient pas manqué de le vérifier, et au besoin d'achever leur victime. D'ailleurs, en supposant que Jésus-Christ ne fût pas mort auparavant, ne serait-il pas mort du coup de lance qu'on lui enfonça dans le côté, d'où sortit du sang et de l'eau, indice certain que l'enveloppe du cœur avait été percée? Toutes les circonstances du supplice et de la sépulture de Jésus de Nazareth, tirées de l'histoire évangélique, sont des preuves irréfragables de sa mort sur la croix.

numentum viderunt juvenem sedentem in dextris, coopertum stola candida, et obstupuerunt. Qui dicit illis : Nolite expavescere: Jesum quæritis Nazarenum, crucifixum : surrexit, non est hic; ecce locus ubi posuerunt eum. Sed ite, dicite discipulis ejus, et Petro, quia præcedit vos in Galilæam : ibi eum videbitis, sicut dixit vobis. Saint Marc, c. xvi, v. 1, etc.; saint Matthieu, C. XXVIII, v. 5, etc. — (1) Ecce quidam de custodibus venerunt in civitatem, et nuntiaverunt principibus sacerdotum omnia quæ facta fuerant. Et congregati cum senioribus, consilio accepto, pecuniam copiosam dederunt militibus, dicentes : Dicite quia discipuli ejus nocte venerunt, et furati sunt eum, nobis dormientibus. Et si hoc auditum fuerit a præside, nos suadebimus ei, et securos vos faciemus. At illi, accepta pecunia, fecerunt sicut erant edocti. Et divulgatum est verbum istud apud Judæos, usque in hodiernum diem. Saint Matthieu, c. xxvIII, v. 11, etc. (2) Saint Marc et saint Luc. (3) Saint Matthieu. Jean.

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739. Il en résulte 2o que le corps de Jésus a été mis dans le tombeau le jour même de sa mort, le vendredi au soir; qu'il y était encore le samedi au matin, et qu'il n'y était plus le dimanche au lever du soleil. La précaution prise par les Juifs le samedi de mettre les scellés et des gardes au tombeau, eût été par trop ridicule, s'ils n'avaient pas su que le corps y était encore. Il est donc certain que c'est dans l'intervalle du samedi matin au matin du dimanche, que le corps de Jésus a disparu du tombeau. Or comment a-t-il disparu? Est-il sorti du sépulcre par la résurrection, comme le rapportent les évangélistes? ou a-t-il été enlevé, comme le prétendent les Juifs? Telle est et telle à toujours été la question débattue entre les Juifs et les chrétiens, entre nous et les incrédules.

740. On prouve la résurrection comme on prouve les autres miracles, les autres faits contenus dans les livres du Nouveau Testament. Nous dirons done qu'on doit admettre la résurrection de Jésus-Christ, si les apôtres qui l'ont transmise n'ont pu être trompés, s'ils n'ont pas voulu tromper, et s'ils n'ont pu tromper, quand même ils l'auraient voulu. Or les apôtres n'ont pu être trompés; ils n'ont pas voulu tromper, ils n'ont pu tromper, sur le fait de la résurrection; donc il faut admettre que Jésus est ressuscité.

741. Premièrement, ils n'ont pu être trompés sur la résurrection de Jésus. Le fait de la résurrection est attesté non-seulement par tous les écrivains du Nouveau Testament, mais encore par tous les apôtres et les disciples de Jésus-Christ. Jésus s'est montré vivant, après sa mort, non à une seule personne, dont le témoignage, par cela seul qu'il serait unique, pourrait être suspect d'illusion, mais à plusieurs, à un très-grand nombre à la fois, à Madeleine, à d'autres femmes encore, à saint Pierre, à saint Jacques, aux deux disciples d'Emmaüs, aux onze apôtres, à plus de cinq cents personnes réunies. Saint Paul écrivant aux Corinthiens, leur dit : « Je vous ai principalement enseigné ce que j'avais reçu moi-même; savoir, que Jésus-Christ est mort pour nos péchés, selon les Écri«tures; qu'il a été mis dans le tombeau; qu'il est ressuscité le troi« sième jour, selon les mêmes Écritures; qu'il s'est fait voir à Céphas, puis aux onze apôtres; qu'après il a été vu, en une seule « fois, de plus de cinq cents frères, dont la plupart vivent encore aujourd'hui (1). » Jésus apparaît, non en songe, ni dans les om

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(1) Tradidi vobis imprimis, quod et accepi: quoniam Christus mortuus est pro peccatis nostris, secundum Scripturas: et quia sepultus est, et quia resur

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