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coinme vous-même; là, vous avez pour principe de le haïr, quand il vous nuit ou qu'il vous déplaît. Ici, vous vous appelez tous frères, et vous êtes tous assis à la même table, nourris du même pain qui est J. C. là, vous vous regardez comme des étrangers, vous vous traitez comme des ennemis, vous vous portez envie, vous vous déchirez les uns les autres. En un mot, ici, vous paroissez chrétiens; là, vous êtes souvent pires que les infidèles.

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Ah! c'est donc à moi, devez-vous dire, c'est à moi que s'adressent les malédictions. prononcées contre les cœurs doubles : Vo va duplici corde! Si je vous cherchois, ó mon Dieu dans la droiture et la simplicité de mon cœur, je vous trouverois infailliblement, je m'attacherois à vous seul, et je ne serois point partagé comme je le suis entre J. C. et le monde ; tantôt à l'un, tantôt à l'autre ; voulant servir deux maîtres, quoique J. C. m'assure positivement que cela est impossible, et que quiconque n'est pas tout à lui, est nécessairement contre lui.

C'est donc faute d'avoir le cœur simple M. F., que nous sommes si lâches, si infidèles dans le service de Dieu; c'est de là que viennent notre inconstance dans le bien > et nos rechutes continuelles dans le péché. De là vient qu'il y a si peu de bonne foi dans nos marchés, tant de duplicité dans la société, si peu de charité envers notre prochain. De là vient que le libertin cherche à justifier ou à excuser son libertinage ; l'a

vare, son avarice, ses usures; le vindicatif, ses vengeances; l'ivrogne, ses excès; tous les hommes, leurs vices et leurs manquemens; de là viennent enfin tant de détours, de déguisemens, de dissimulations, même dans le tribunal de la pénitence, dans l'accusation que l'on fait de ses fautes.

Ayons horreur de ce défaut, M. F., dépouillons-nous désormais de toute duplicité, comme nous le recommande l'Apôtre saint Pierre; devenons simples comme les petits enfans; et, à l'exemple de notre divin modèle J. C., qu'il ne sorte jamais de notre bouche aucun mensonge ni tromperie; que notre cœur soit toujours d'accord avec nos lèvres, soit que nous parlions à Dieu, soît, que nous nous entretenions avec le prochain.

O Dieu, vérité souveraine! imprimez en nous un amour sincère pour la vérité et la simplicité, afin qu'après avoir pratiqué la vérité par la charité, nous arrivions enfin à ce Royaume qui a pour roi la vérité, pour loi la charité, pour durée l'éternité.

Ainsi soit-il.

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POUR LE HUITIÈME DIMANCHE

APRÈS LA PENTECÔTE.

Sur le travail.

Redde rationem villicationis tuæ. Rendez compte de votre administration. S. Luc, 16.

La première vérité que vos parens vous ont apprise, M. C. P., la prémière que vous apprenez vous-mêmes à vos enfans, est que Dieu nous a placés sur la terre, pour que nous travaillions à gagner le ciel. D'où il suit que l'homme le plus actif, le plus laborieux, le plus occupé, n'est qu'un homme oisif, qui passe sa vie à ne rien faire, lorsque son but principal et sa fin dernière ne sont pas de sauver son ame et de gagner le ciel. Tous les mouvemens que vous vous donnez ne vous servent de rien, par conséquent, si vous ne travaillez point au salut de votre ame; vous le savez vous en convenez, vous le dites vous-mêmes. Quelle est donc mon intention en vous adressant aujourd'hui les paroles de notre Evangile? Seroit-ce de vous engager à quitter vos occupations et votre état, pour ne songer qu'à votre salut? Au contraire, je viens vous exhorter au travail, vous en faire sentir la nécessité, vous le proposer comine un des moyens les plus propres à notre sanctifica

tion, parce qu'en travaillant, nous faisons la volonté de Dieu, nous sommes utiles au prochain, nous évitons l'oisiveté qui, comme vous le savez, est la mère de tous les vices. Ecoutez donc trois réflexions qui vous feront un bien infini, si vous voulez vous donner la peine de vous y arrêter et de les approfondir. Le travail, considéré par rapport à Dieu qui nous y a condamnés, est une suite et une punition du péché : il faut donc travailler en esprit de pénitence. Le travail, considéré par rapport au prochain, est une obligation que les lois de la société nous imposent il faut donc travailler en esprit de charité. Le travail, considéré par rapport à nous-mêmes, est un remède contre le vice: il faut donc travailler par un esprit de prudence et de précaution.... Je ne serai pas plus long qu'à l'ordinaire.

Le travail auquel Dieu à condamné tous les hommes, est une suite et une punition du péché. C'est ce que Dieu dit à Adam, aussitôt après sa désobéissance : Parce que tu as mange du fruit que je t'avois défendu, cette terre qui devoit être pour toi un séjour délicieux, et que j'avois bénie, sera maudite; elle produira des épines de toute espèce, pour te punir et exercer ta patience. Tu ne vivras de ses fruits qu'en travaillant tous les jours de ta vie, et tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu'à

ce que tu rentres dans la terre d'où tu es sorti.

Telle est, M. C. F., la sentence prononcée, dès le commencement, contre la terre et contre tous les pécheurs qui doivent l'habiter. Elle n'a été depuis, qu'un séjour de peines et de fatigues, un lieu d'exil, une vallée de larmes. Les créatures que vous n'aviez faites, ô mon Dieu ! que pour nos plaisirs et la douceur de notre vie, sont de venues les instrumens de votre justice, et vous vous en servez, quand il vous plaît, pour répandre l'effroi, le trouble, la consternation sur la terre.

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Tantôt vous appelez, des quatre coins du monde, ces vents furieux qui abattent nos fruits, déracinent nos arbres, renversent nos maisons. Tantôt vous envoyez les eaux du ciel, qui tombent avec impétuosité, grossissent nos rivières, inondent nos campagnes, les couvrent d'un sable stérile, pénètrent jusque dans nos maisons, entraînent quelquefois avec elles les hommes et les animaux. Ici, vous commandez aux ardeurs du soleil de brûler nos moissons. Là, pendant que vous faites gronder votre tonnerre la grêle, pour obéir à vos ordres, se précipite avec fureur, et ravage tout sans miséricorde. Quelquefois vous rassemblez une multitude prodigieuse d'insectes, qui rongent nos fruits, les dévorent, les perdent.

Que dirons-nous de ces guerres cruelles qui, depuis que la terre est habitée par des pécheurs, l'ont tant de fois abreuvée de leur

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