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que fois qu'on s'y est trouvé, on a succombé à la tentation. Ce sont des écueils où l'on tombe communément, quand on a l'imprudence de s'y exposer. En effet, comment conserver la grâce dans ces cabarets où l'on s'est si souvent enivré? dans ces compagnies où tout ce que l'on voit, tout ce que l'on entend, porte au péché? Dans ces fréquen tations où l'on a fait tant de fois la triste expérience de sa foiblesse ? Cela ne se peut, M. F.; et, ne pas fuir ces occasions, c'est s'exposer bien volontairement au péril de perdre la grâce; ou plutôt, c'est presque déjà l'avoir perdue, puisque le Saint-Esprit nous assure que quiconque aime le danger y périra.

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Enfin il faut s'approcher souvent des Sacremens c'est par les Sacremens, mes chers Frères, que vous avez recouvré la grâce; c'est par les Sacremens que vous la conserverez. Le malheur de plusieurs d'entre vous est venu de les avoir négligés. En y recourant, vous avez retrouvé la paix de l'ame ; recourez-y donc souvent si vous voulez la conserver.

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Ce n'est qu'à cette condition, que vous aurez la grande, l'éternelle récompense que Dieu vous a promise, et dont il vous a donné gage dans la sainte Communion. Courage, M. F., courage: combattez, veillez, fuyez, persévérez, et le ciel est à vous. Ah! si ce beau ciel s'ouvroit à vos yeux dans ce moment, et que Dieu vous montrât le bonheur ineffable qu'il vous y prépare, si vous per

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sévérez dans la gràce, que ne feriez-vous pas pour l'obtenir! Ouvrez, M. F., ouvrez les yeux de la Foi, et vous découvrirez, dans cet aimable séjour, le trône de gloire où Jésus-Christ promet de vous faire asseoir et les délices ineffables dont il inondera VOS ames pendant toute l'éternité. Quoi de plus encourageant? Ah! quelques violences qu'il vous faille faire pour cela, que sont-elles en comparaison d'une éternité de bonheur ?

Mais

persévérerez-vous? Hélas! mes Frères, je tremble pour la plupart ; oui, je tremble qu'ils ne retombent bientôt dans leurs premiers désordres. Alors, quel malheur ! quel état! toutes les peines que vous vous êtes données, toutes les violences que vous vous êtes faites, toutes les grâces dont Dieu vous a comblés, seront donc perdues! Toutes les fatigues auxquelles nous nous sommes livrés nous-mêmes pour vous ramener à Dieu, deviendront donc inutiles et tourneront à votre condamnation! L'enfer, que le Seigneur a fermé sous vos pieds, lorsque vous étiez sur le point d'y tomber, se rouvriroit donc, et vous engloutiroit dans les abîmes éternels! le ciel que le Sauveur vous a rouvert dans ces jours de miséricorde se refermeroit donc encore pour vous! Dieu de bonté, Sauveur des hommes, ne le permettez pas; mais faites que les cœurs de mes paroissiens, attachés à vous seul, demeurent fidèles et innocens à vos yeux, afin qu'ils puissent goûter les

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douceurs ineffables de cette paix, sans laquelle il n'y a pas de vrai bonheur sur la terre, et qui est l'image du repos éternel dont les Bienheureux jouissent en vous dans le ciel.

M. C. P., que la paix de Dieu, cette paix qui surpasse tout sentiment et toute expression, conserve vos esprits et vos cœurs en J. C. Ainsi soit-il.

POUR LE VINGT-DEUXIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE.

Sur le Respect dû aux Puissances.

Cujus est imago hæc et superscriptio? De qui est cette image et cette inscription? S. Matth.

Le défaut de soumission aux puissances a été, dans tous les temps, M. F., la source principale des troubles qui se sont élevés et dans l'Eglise et dans l'Etat, où l'on trouve toujours malheureusement de ces esprits dont parle l'Apôtre, qui méprisent la domination, blasphèment la souveraine majesté. Et pourquoi? Parce qu'en regardant la personne de ceux qui nous gouvernent, ils voient purement et simplement des hommes que l'ambition, la faveur ou la fortune et le hasard ont élevés au-dessus des autres.

La Religion chrétienne nous en donne une idée bien différente. Elle nous apprend que

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la Providence, et non pas le hasard qui n'est rien, règle et ordonne elle-même tout ce qui se fait sur la terre; que tout pouvoir vient d'en haut; et que résister aux Puissances c'est aller contre l'ordre que Dieu a établi... Vérité précieuse, qui est seule capable de réprimer efficacement l'esprit de rébellion, d'étouffer tous les murmures et de retenir les peuples dans le devoir de l'obéissance. Que chacun de nous, en voyant l'éclat extérieur qui environne et les chefs de l'Eglise, et les chefs de l'Etat, dise donc en lui-même: De qui est cette image? Qu'il écoute et qu'il apprenne de Jésus-Christ, à rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu, c'est-à-dire, au Prince, tout ce qui lui est dû, et aux Ministres de l'Eglise, le respect et l'obéissance que Dieu ordonne. C'est ce qui fera le sujet de cette Instruction.

Ce qui distinguoit autrefois le peuple français, c'étoit son attachement pour son roi. Tant qu'il a été fidèle à ce devoir, il a été le plus heureux des peuples. Ah! maudite philosophie en détachant la nation de son père, tu l'as précipitée dans un abîme de maux. M. F., reprenons notre caractère français. Ce noble caractère est d'ailleurs fondé sur l'Evangile. Que nous ordonne-t-il? Le respect, la fidélité, l'amour, l'obéis sance à notre roi ; et pourquoi ? Parce que le roi est sur la terre l'image de la Divinité,

l'image de cette puissance suprême à laquelle tout l'univers doit être soumis; l'image de cette Providence universelle qui veille à tout, et pourvoit aux besoins de toutes ses créatures; l'image de cette justice immuable qui récompense les hons, punit les méchans, et traite chacun suivant ses mérites.

Le Roi, dit l'Apôtre S. Paul, est le Ministre de Dieu qui l'a revétu de son autorité. Autorité, par conséquent souveraine, dont il peut bien communiquer une portion à quelques uns de ses sujets, mais dont la plénitude demeure toujours en lui, comme dans la source d'où elle émane. Ainsi, le soleil communique sa lumière sans en rien perdre ; ainsi le Créateur communique à ses créatures une partie de sa puissance, quoiqu'elle demeure en lui toute entière.

Et d'où vient le respect que nous avons pour les Ministres de l'Etat, pour les officiers de la justice; pour ceux qui commandent les armées ; et pour toutes les personnes que le Souverain emploie dans les différentes parties du Gouvernement dont il est le chef unique Cujus est imago hæc ? C'est que nous reconnoissons en eux la portion d'autorité que sa Majesté leur a confiée, qu'elle leur conserve ou qu'elle leur retire, suivant l'esprit de conseil, de justice et de raison qui est le caractère propre de sa puissance souveraine. C'est que les uns sont comme la bouche du monarque qui juge; les autres comme le bras du Monarque qui combat

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