Mais encore une fois ce ne font là que des caufes générales, éloignées & indirectes, aufquelles je ne pourrois m'arrêter que pour indiquer le fyftême général. La pierre frappe le chien, la main lance la pierre', le bras remuë la main, les nerfs remuent le bras, la tête commande aux nerfs, &c. Mais le fyftême général étant fuppofé, il ne s'agit ici en particulier que de la pierre qui frappe le chien, & tout au plus de la main qui a levé la pierre. Suppofant donc cette liaifon & cette harmonie admirable de toutes les caufes qui contribuent à la confervation & à l'embelliffement de la terre, & par occafion à la deftructión de quelques-unes de fes parties, comme vous l'avés folidement prouvé dans vôtre excellent Traité de la Pefanteur générale des corps, je me borne uniquement à chercher la caufe immédiate de l'écroulement de Pardines, & je crois que le feu ni l'air n'y font pour rien, au moins de près, & que l'eau en eft la feule caufe prochaine & immédiate. Quelques-uns ont voulu que ce fut un foufre qui fe fût enflamé. Mais une montagne embrafée produit des effets infiniment fupérieurs, à tout ce que nous avons vu à Pardines. Chacun fçait avec quelle fureur le Mont-Ethna en Sicile vomit quelquefois des flammes, des cendres, du foufre fondu, & des pierres ardentes. Dans l'Ile de Java il y a une montagne qui crcva pour la premiére fois l'an 1586. & répandit dans les Campagnes voifines avec tant de rapidité des torrens de foufre fondu & brûlant, qu'il y périt en trois jours près de dix mille perfonnes. ¡ Dans les Moluques il y a des volcans qui vomiffent des flammes avec des bruits effroyables. Je ne finirois pas fi je voulois faire le dénombrement des montagnes qui vomiffent du feu.Et à qui perfuadera-t'on qu'une mine de foufre s'allume fans éclat, fans flammes, fans fumée, fans odeur. Un feu foûterrain capable de renverfer Pardines & la montagne, auroit dû embrafer l'air, brûler les plantes, les arbres, calciner la terre & les cail loux, faire bouillir l'eau des fontaines. Or nos plantes & nos arbres n'ont rien perdu de leur verdure & de leur feuillage, la terre de fon humidité : point de puanteur même tempera ture d'air. la Si ce n'eft le foufre, on a dit, ce fera donc le falpêtre, le bitume, &c. Je pourrois nier tout cela tout court & fans preuve, comme on l'avance fans preuve. Mais on ne peut connoître la nature du terrain que par voye de l'analyse. Ceux qui parlent de foufre ou de falpêtre, n'y ont pas eû recours. Mais répondons directement à des difficultés qui m'ont été propofées par des perfonnes également diftinguées par la fagacité de leur efprit, & par l'étendue de leurs connoiffances. Je veux donc qu'il y ait à Pardines du falpêtre & du bitume. Je fais plus, & je veux que cette colline ne foit qu'un tas de mineraux combustibles. Je n'attends encore rien d'extraordi naire, fi l'on ne fuppofe que le feu ait pris à cette matiére, qui fans cela n'auroit pas eû plus d'action dans cette montagne que la poudre dans nos Arfenaux, Mais fi le feu y a pris, pourquoi n'y a-t'on encore vû aucun des effets néceffaires du feu ? on connoît le feu & fes effets. Il agit partout de même. La nature fimple & uniforme fuit par tout les mêmes loix. Qu'eft-ce donc qui nous a empêché de voir ici les effets du feu, des fumées, des cendres, des flammes, des calcinations? de fentir même de la chaleur ? C'est l'eau, dit-on, qui a empêché la flamme de paroître & la fumée de s'élever jufqu'à nous. Mais bien des Voyageurs nous parlent de volcans cachés fous les eaux, & que les eaux n'empêchent pas de fe manifefter de la maniére la plus fenfible & la plus terrible. Les Mémoires de Trevoux (Juin 1716.) nous décrivent en détail toutes les circonftances de celui qu'apperçut Theve, not dans la Mer de Perfe. Cer Auteur, difent-ils, rapporte qu'étant entre les Illes de Quefemo, de Lare ca & d'Ormas, il apperçut entre le Navire & l'Ifle de Quefemo,l'eau qui bouillonnoit en s'élevant environ d'un pied de hauteur fur le refte de la Mer, avec une espéce d'écume jaunâtre, au déffus de laquelle paroiffoit une fumée noire aflés épaiffe, accompagnée d'un bruit fourd, fembla ble au roulement des eaux qui fe précipitent dans de profonds vallons, & des fifflemens aigres, pareils à ceux des ferpens. Au deffus de cette premiére élévation d'eau, s'éleva peu après une colonne d'eau d'une couleur brune, laquelle montoit vers le Ciel en tournant fur elle-même de gauche à droite avec rapidité, fous la forme d'une fumée qui fort de quelque fourneau. Cette trombe étant finie, il en vint trois autres de fuite, & les roulis de leur bruit & de leurs fifflemens reffembloient à ceux de la premiére. Il arrive quelque chofe de femblable, à ce que dit Thévenot, dans les volcans des Antilles, des côtes du Paraguai, de Madagascar & de la Chine, dans lesquelles l'eau s'enfle, écume & bouillonne.T Mais ce qu'on nous raconte de la nouvelle Ile de Santorin, elt encore plus fingulier. Lorsque cette lle for |