De son étude, enfin, je veux qu'elle se cache, HENRIETTE. Ses écrits, ses discours, tout m'en semble ennuyeux, CLITANDRE. Oui, vous avez raison; mais monsieur Trissotin Je vis, dans le fatras des écrits qu'il nous donne, Cette intrépidité de bonne opinion, Cet indolent état de confiance extrême, Qui le rend en tout temps si content de soi-même, HENRIETTE. C'est avoir de bons yeux que de voir tout cela. CLITANDRE. Jusques à sa figure encor la chose alla, Et je vis, par les vers qu'à la tête il nous jette, De quel air il falloit que fût fait le poëte; Et je vis qu'en effet la gageure étoit bonne. Quel conte! HENRIETTE. CLITANDRE. Non; je dis la chose comme elle est : Souffrez, pour vous parler, madame, qu'un amart Et se découvre à vous de la sincère flamme.... BÉLISE. Ah! tout beau: gardez-vous de m'ouvrir trop votre âme. CLITANDRE. Des projets de mon cœur ne prenez point d'alarme. Ah! certes, le détour est d'esprit, je l'avoue : 1. Le Palais de Justice, dont les galeries étaient un lieu de promenade à la mode. CLITANDRE. Ceci n'est point du tout un trait d'esprit, madame, Je vois où doucement veut aller la demande, Et que, sans rien prétendre, il faut brûler pour elle. CLITANDRE. Eh! madame, à quoi bon un pareil embarras? Mon Dieu! point de façons. Cessez de vous défendre Mais... CLITANDRE. BÉLISE. Adieu. Pour ce coup, ceci doit vous suffire, Et je vous ai plus dit que je ne voulois dire. Mais votre erreur.... CLITANDRE. BÉLISE. Laissez. Je rougis maintenant, Et ma pudeur s'est fait un effort surprenant. CLITANDRE. Je veux être pendu, si je vous aime; et sage.... BÉLISE. Non, non, je ne veux rien entendre davantage. SCENE V. CLITANDRE, seul. Diantre soit de la folle avec ses visions! A-t-on rien vu d'égal à ses préventions? Allons commettre un autre au soin que l'on me donne, ACTE DEUXIÈME. SCENE I. ARISTE, quittant Clitandre, et Oui, je vous porterai la réponse au plus tôt; J'appuierai, presserai, ferai tout ce qu'il faut. Qu'un amant, pour un mot, a de choses à direi Et qu'impatiemment il veut ce qu'il désire! Jamais.... i parlant encore. Non; mais, si vous voulez, je suis prêt à l'entendre. ARISTE. Depuis assez longtemps vous connoissez Clitandre? CHRYSALE. Sans doute, et je le vois qui fréquente chez nous. ARISTE. En quelle estime est-il, mon frère, auprès de vous? CHRYSALE. D'homme d'honneur, d'esprit, de cœur et de conduite, ARISTE. Certain désir qu'il a, conduit ici mes pas, CHRYSALE. Je connus feu son père en mon voyage à Rome. Fort bien. On le dit. ARISTE. CHRYSALE. C'étoit, mon frère, un fort bon gentilhomme. ARISTE. CHRYSALE. Nous n'avions alors que vingt-huit ans, 'Je le cois. ARISTE. CHRYSALE. Nous donnions chez les dames romaines, ARISTE. Voilà qui va des mieux; Mais venons au sujet qui m'amène en ces lieux. SCENE III. BELISE, entrant doucement, et écoutant; ARISTE. Clitandre auprès de vous me fait son interprète, Quoi! de a fille? CHRYSALE. ARISTE. Qui; Clitandre en est charmé, Et je ne vis jamai. amant plus enflammé. BELISE, à Ariste. Non, non; je vous entends. Vous ignorez l'histoire, ARISTE. BÉLISE. Comment, ma sœur? Clitandre abuse vos esprits, Et c'est d'un autre objet que son cœur est épris. ARISTE. BÉLISE. Vous raillez. Ce n'est pas Henriette qu'il aime? Non; j'en suis assurée. Hé! oui. ARISTE. Il me l'a dit lui-même. BÉLISE. |