Images de page
PDF
ePub

a perdu une émeraude avec deux cents pièces d'or, et que, de son côté, le matelot jure que, dans la bourse qu'il a trouvée, il n'y avait point d'émeraude, il est manifeste que la dite bourse n'est pas celle qu'a perdue le marchand. Que celui-ci continue donc de faire crier sa bourse. Quant au matelot, il gardera pendant quarante jours l'or qu'il a trouvé, et, si celui qui l'a perdu ne se présente pas dans cet intervalle, il en jouira légitimement comme d'un bien qui est à lui."

62. UNE VOCATION.

Un jour, dans le petit village de Possagno, sur le territoire de Venise, le sénateur Falieri donnait un grand dîner. On servit, entre autres plats, un lion de beurre parfaitement représenté. Ce plat causa une grande surprise et un vif plaisir au sénateur ainsi qu'à ses convives. Il fit monter son cuisinier pour le féliciter en présence de ses amis. A son arrivée dans la salle du banquet, celuici fut tellement comblé de louanges qu'il en resta confus et ne put dire un mot. "Eh bien!" dit le sénateur, "n'êtes-vous pas fier d'avoir fait ce petit chef-d'œuvre?" "Ah! monseigneur," répondit le cuisinier, "je regrette de vous apprendre que ce n'est pas moi qui l'ai fait." "Qui est-ce donc ?" dit Falieri; "je voudrais bien connaître l'artiste." "Votre seigneurie sera satisfaite," dit le cuisinier en se retirant, et, au bout de quelques minutes, il

about ten years old, poorly dressed. "Here is the artist," said he, as he entered.

This was Antony Canova, the son of a poor peasant of Possagno. From his earliest years, this child exhibited a remarkable taste for sculpture. He would model all the clay he could find, and, with his knife alone, carve all sorts of little figures out of every bit of wood on which he could lay his hands.

His parents knew Senator Falieri's cook. On the morning of the day the dinner just spoken of was to take place, the latter came to see them, and, in the course of conversation, told them about the dinner he had to prepare, and of the difficulty he experienced in placing on the table something ornamental, which might do him credit, and raise his reputation as head-cook in a great establishment. Young Canova, who had listened to the conversation, said to the cook: "Don't be uneasy about that, sir; I will go and help you. Trust to me, I will make something which will please you.”

The boy repaired to the senator's kitchen, asked for a block of butter, and carved it, with that exquisite taste which he afterward displayed in carving blocks of marble. Great as had been the surprise of the senator and his guests at the sight of the artistic work which had excited their admiration, it was not less so when the young artist appeared. He was noticed in the most flattering manner; and,

revint, tenant par la main un petit garçon d'environ dix ans, mal vêtu. "Voici l'artiste," dit-il er en

trant.

C'était Antoine Canova, le fils d'un pauvre paysan de Possagno. Dès ses plus jeunes années, cet enfant montrait un goût remarquable pour la sculpture. Il modelait toute la terre glaise qu'il pouvait trouver, et, à l'aide de son couteau seul, il sculptait toutes sortes de petites figures dans les morceaux de bois qui lui tombaient sous la main.

Ses parents connaissaient le cuisinier du sénateur Falieri. Le matin du jour où devait avoir lieu le dîner dont nous venons de parler, le cuisinier vint les voir, et, dans le cours de la conversation, il leur fit part du dîner qu'il avait à faire et de la difficulté qu'il éprouvait à mettre sur la table quelque chose de gracieux qui pût lui faire honneur et ajouter à sa réputation comme chef de cuisine d'une grande maison. Le petit Canova, qui avait écouté la conversation, dit au cuisinier: "Ne vous inquiétez pas de cela, monsieur, j'irai vous aider. Fiez-vous à moi, je ferai quelque chose dont vous serez content."

L'enfant se rendit, en effet, dans la cuisine du sénateur, se fit donner un bloc de beurre et le tailla avec le goût parfait qu'il déploya plus tard à tailler des blocs de marbre. Autant avait été grande la surprise du sénateur et de ses convives à la vue du travail artistique qui avait excité leur admiration, autant fut grande leur surprise à la vue de son jeune auteur. On le combla de mille attentions; et, à par

from that time, Falieri became his patron and pro

tector.

The happy issue of this first budding of genius opened for the little peasant of Possagno the road to glory and constant success. Canova's claims to the admiration of the whole world are too well known to need recalling here. All the academies of Europe solicited the honor of enlisting him among their members. He was elected prince-perpetual of the Academy of St. Luke, in Rome, a title which, since his death, has never been conferred on any artist. (Historical.)

63. CONJUGATION OF VERBS.

Two English officers one day entered a coffeehouse in London, and sat down to a table next to one occupied by a grave personage who was smoking a cigar and drinking porter.

Before the waiter had brought them what they had called for, one of them, speaking of a person they expected, said to the other, "He will come soon." Their neighbor, who at that moment had his eyes fixed on them, said aloud, with a foreign accent, "I come, thou comest, he comes; we come, you come, they come."

The officer who had just spoken, hearing these words, thought that they were uttered to make game of him. He rose, and said, in an angry tone, to the man, "Are you mocking me, sir?" "I mock, thou mockest, he mocks; we mock, you mock, they

tir de ce moment, Falieri devint son patron et son protecteur.

L'issue heureuse de cette première éclosion du génie ouvrit au petit paysan de Possagno le chemin de la gloire et d'un succès constant. Les droits de Canova à l'admiration du monde entier sont trop connus pour qu'il soit besoin de les rappeler ici. Toutes les Académies de l'Europe sollicitèrent l'honneur de l'avoir pour membre. Il fut élu prince perpétuel de l'académie de Saint-Luc à Rome, titre qui n'a été conféré à aucun artiste depuis sa mort. (Historique.)

63. CONJUGAISON DES VERBES.

Deux officiers anglais entrèrent un jour dans un café à Londres et s'assirent à une table près d'une autre occupée par un grave personnage qui fumait un cigare et buvait du porter.

Avant que le garçon leur eût apporté ce qu'ils avaient demandé, l'un d'eux, parlant d'une personne ́qu'ils attendaient, dit à l'autre: "Il va bientôt venir." Leur voisin, qui avait, à ce moment, les yeux fixés sur eux, dit à haute voix en anglais avec un accent étranger: "Je viens, tu viens, il vient, nous venons, vous venez, ils viennent."

L'officier qui venait de parler pensa, en entendant ces mots, qu'on les prononçait pour se moquer de lui. Il se leva furieux et dit à cet homme: "Est-ce que vous vous moquez de moi, monsieur?" "Je me moque, tu te moques, il se moque; nous

« PrécédentContinuer »