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Comme avec la facilité de lire s'accroissent le plaisir et le goût de la lecture, l'étudiant lira davantage et pourra bientôt traduire à livre ouvert. Mais ses progrès ne doivent pas s'arrêter là. A mesure qu'il se familiarisera avec une plus grande portion de la phraséologie et du vocabulaire étrangers, il devra s'affranchir de ce moyen indirect, incommode et imparfait de lire, pour aborder la lecture directe. Ce but sera facilement atteint, si, préalablement initié par son maître à une bonne prononciation (1), il prononce mentalement les mots à mesure que l'œil en transmet le sens à l'esprit. C'est ainsi qu'il contractera l'habitude de suivre les idées sur le texte même, premier pas dans l'art de penser dans la langue.

Ce n'est que lorsque la lecture pourra se faire sans l'intermédiaire de la traduction qu'on attaquera les ouvrages sérieux et les grands écrivains. On ne saurait, en effet, par la traduction, étudier avec fruit des matières scientifiques: l'esprit, constamment distrait par la recherche d'expressions correspondantes à celles de l'original, ne pourrait suivre la déduction logique des idées ni se livrer à la méditation que ces matières exigent.

D'un autre côté, toutes les qualités, toutes les grâces du style qui font le principal mérite des ouvrages d'imagination se perdent par une traduction

(1) Voir, pour les exercices de prononciation, notre traité de L'Étude des langues, chs. III. et IV.

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tion; the reader, being absorbed by his desire to interpret the author's real meaning, neglects the expression in attempting to discover the sense. Poetry particularly cannot be read by means of a translation. Its fine traits, its intrinsic merits, are distorted by the imperfect interpretation of national prose. Latin and Greek poets are divested of all their grace and refinement by being translated.

In every instance, the perusal of celebrated poems should not be attempted until students are thoroughly familiar with prose. The appreciation of those authors should be considered as a reward for serious study, but not the means of acquiring knowledge. It is not absolutely necessary to be conversant with foreign poets; their works cannot promote the acquirement of useful information, nor the exchange of ideas; they do not initiate the student into the scientific, commercial, and political pursuits of other nations, which is the principal inducement to the study of living languages.

The objections generally made to the perusal of works written in a foreign idiom proceed in a great measure from the exclusive practice of the course of studies required by the university or colleges. Moreover, indirect reading, which is always insisted upon, produces a certain routine, excluding the possibility of thinking in a language, and of remembering the phraseology for improvisation. This is another motive for rejecting the assistance of a professor in the study of the first art, as he could only

improvisée, dans laquelle on néglige nécessairement la forme pour le fond, absorbé qu'on est par le besoin de rendre fidèlement la pensée de l'écrivain. La poésie plus particulièrement ne peut se lire par traduction. Tout ce qui en constitue la beauté, le mérite, disparaît en passant dans la prose nationale. Ce sont surtout les poëtes latins et grecs, dont la version ne saurait rendre la grâce et le fini.

En tout état de choses, on se gardera d'aborder les grands poëtes avant de s'être complétement familiarisé avec la prose. La lecture de leurs ouvrages doit être la récompense de l'étude et non le moyen. La poésie d'une langue étrangère n'est pas d'une nécessité absolue: elle ne sert en rien à l'acquisition des connaissances utiles ni à l'échange de la pensée; elle ne met pas en état de suivre la vie scientifique, commerciale et politique des autres nations, objet principal pour lequel on doit apprendre les langues vivantes.

La répugnance qu'on éprouve assez généralement pour la lecture d'ouvrages en langue étrangère provient en grande partie de la pratique exclusive de ce procédé qu'impose l'Université dans les lycées. De plus, la lecture indirecte, sur laquelle on insiste, engendre une habitude qui exclut la possibilité de penser dans cette langue et d'en retenir la phraséologie pour les besoins de l'improvisation. D'où un nouveau motif pour rejeter les services d'un maître dans cette première étude, puisqu'il ne saurait aider

teach his pupils how to understand an author by making them translate his works.

As regards the first art, all he need do will be to direct his scholars by judicious advice and a proper selection of books. Pupils of the same class will thus, according to their ability or inclination, and according to the time they can dispose of, or to the facility they may experience in following the exercises, read more or less, and also read different books, without any disadvantage to their classmates.

THE ART OF HEARING.

If the art of reading can be acquired without the assistance of a teacher, it is not the case with the art of hearing; in other words, the comprehension of the spoken language and pronunciation, which cannot be acquired alone. A competent professor, having a good accent, is indispensable. When a child pronounces its own language incorrectly, those who surround it are responsible; when a student pronounces a foreign language incorrectly, the fault

lies with his teacher.

The simple and natural method, by which the ear becomes familiar with the articulated sounds of the native idiom, and by which the voice is brought to imitate them, applies also to a foreign language. If this system is followed with care and perseverance, it will enable us to catch the sense of words, and acquire the foreign accentuation as readily as our own. If the reverse takes place, it is because a method

ses élèves à comprendre un auteur qu'en le leur faisant traduire.

En ce qui regarde ce premier art, il n'aura donc guère qu'à donner des conseils à ses élèves et à les guider dans le choix des livres. Les élèves d'une même classe pourront ainsi, suivant leurs aptitudes ou leurs goûts, et suivant le temps qu'ils ont à leur disposition ou la facilité qu'ils éprouvent à cet exercice, lire plus ou moins et lire des ouvrages différents sans aucun préjudice pour la classe.

L'ART D'ENTENDRE.

Si l'art de lire peut s'acquérir indépendamment d'un maître, il en est autrement de l'audition, ou intelligence de la langue parlée, et de la prononciation, dans lesquelles on ne peut faire un pas sans son secours. Il est essentiel que le professeur ait une bonne prononciation et un bon accent. Lorsqu'un enfant prononce mal sa langue, la faute en est à ceux qui l'approchent; lorsqu'un étudiant prononce mal la langue étrangère, la faute en est à son maître.

La méthode simple et naturelle, par laquelle l'oreille se fait aux sons articulés de l'idiome national et par laquelle les organes de la voix apprennent à les reproduire, s'applique également à une langue étrangère. Strictement et patiemment suivie, elle nous ferait saisir le sens des mots et acquérir la prononciation étrangère aussi aisément que la nôtre. S'il en est autrement, c'est parce qu'on suit

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