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Ne fasse avec mes pleurs échapper mon secret.
Sur-tout, j'ai cru devoir aux larmes, aux prieres,
Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entieres.
Cependant, aujourd'hui puis-je vous demander
Quels amis vous avez prêts à vous seconder?
Abner, le brave Abner viendra-t-il nous défendre?
A-t-il près de son Roi fait serment de se rendre?
JOAD.

Abner, quoiqu'on se pût assurer sur sa foi,
Ne sait pas même encor si nous avons un Roi.
JOSA BET.

Mais à qui de Joas confiez-vous la garde?

Est-ce Obede, est-ce Amnon que cet honneur regarde? De mon pere sur eux les bienfaits répandus ...

JOAD, l'interrompant.

A l'injuste Athalie ils se sont tous vendus.

JO SABET.

Qui donc opposez-vous contre ses Satellites?

JOAD.

Ne vous l'ai-je pas dit? nos Prêtres, nos Lévites.

JOSACE T.

Je sais que, près de vous en secret assemblé,

Par vos soins prévoyans leur nombre est redoublé,
Que, pleins d'amour pour vous, d'horreur pour Athalie,
Uu serment solemnel par avance les lie

A ce fils de David qu'on leur doit révéler;

Mais quelque noble ardeur dont ils puissent brûler, Peuvent-ils de leur Roi venger seuls la querelle? Pour un si grand ouvrage est-ce assez de leur zele? Doutez-vous qu'Athalie, au premier bruit semé

Qu'un fils d'Okosias est ici renfermé,

De ses fiers étrangers assemblant les cohortes,
N'environne le Temple et n'en brise les portes?
Suffira-t-il contr'eux de vos Ministres saints,
Qui, levant au Seigneur leurs innocentes mains,
Ne savent que gémir, et prier pour nos crimes,
Et n'ont jamais versé que le sang des victimes?
Peut-être dans leurs bras Joas percé de coups....
JOAD, l'interrompant.

Et comptez-vous pour rien Dieu qui combatt
Dieu qui de l'orphelin protége l'innocence,
Et fait dans la foiblesse éclater sa puissance?
Dieu qui hait les tyrans, et qui dans Jézraël
Jura d'exterminer Achab et Jésabel?

pour

nous?

Dieu qui frappant Joram, le mari de leur fille,
A jusques sur son fils poursuivi leur famille?
Dieu dont le bras vengeur, pour un tems suspendu,
Sur cette race impie est toujours étendu ?

JO SABET.

Eh! c'est sur tous ces Rois sa jusice sévere
Que je crains pour le fils de mon malheureux frere.
Qui sait si cet enfant, par leur crime entraîné,
Avec eux, en naissant, ne fut pas condamné?
Si Dieu, le séparant d'une odieuse race,
En faveur de David voudra lui faire grace?
Hélas! l'état horrible où le Ciel me l'offrit
Revient à tout moment effrayer mon esprit!
De Princes égorgés la chambre étoit remplie.
Un poignard à la main, l'implacable Athalie
Au carnage animoit se sbarbares soldats,

Et poursuivoit le cours de ses assassinats.
Joas, laissé pour mort, frappa soudain ma vue.
Je me figure encor sa nourrice éperdue,

Qui devant les bourreaux s'étoit jettée en vain,
Et foible le tenoit renversé sur son sein.

Je le pris tout sanglant. En baignant son visage,
Mes pleurs du sentiment lui rendirent l'usage;
Et, seit frayeur encore ou pour me caresser,
De ses bras innocens je me sentis presser....

(A part. )

Grand Dieu! que mon amour ne lui soit point funeste! Du fidele David c'est le précieux reste.

Nourri dans ta maison en l'amour de ta loi,

Il ne connoît encor d'autre pere que toi.
Sur le point d'attaquer une Reine homicide,
A l'aspect du péril si ma foi s'intimide,

Si la chair et le sang, se troublant aujourd'hui,
Ont trop de part aux pleurs que je répands pour lui,
Conserve l'héritier de tes saintes promesses,

Et ne punis que moi de toutes mes foiblesses!
JOAD.

Vos larmes, Josabet, n'ont rien de criminel;
Mais Dieu veut qu'on espere en son soin paternel.
Il ne recherche point, aveugle en sa colere,
Sur le fils qui le craint, l'impiété du pere.
Tout ce qui reste encor de fideles Hébreux
Lui viendront aujourd'hui renouveler leurs vœux,
'Autant que de David la race est respectée,
Autant de Jésabel la fille est détestée.

Joas les touchera par sa noble pudeur

B

Où semble de son rang reluire la splendeur,

Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple,
De plus près à leur cœur parlera dans son Temple.
Deux infideles Rois, tour-à-tour, l'ont bravé;
11 faut que sur le trône un Roi soit élevé

Qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres
Dieu l'a fait remonter par la main de ses Prêtres,
L'a tiré par leur main de l'oubli du tombeau,
Et de David éteint rallumé le flambeau....

(A part. )

Grand Dieu! si tu prévois qu'indigne de sa race
Il doive de David abandonner la trace,
Qu'il soit comme le fruit en naissant arraché,
Ou qu'un souffle ennemi dans sa fleur a séché !
Mais si ce même enfant, à tes ordres docile,
Doit être à tes desseins un instrument utile,
Fais qu'au juste héritier le sceptre soit remis !
Livre en mes foibles mains ses puissans ennemis !
Confonds dans ses conseils une Reine cruelle !
Daigne, daigne, mon Dieu! sur Mathan et sur elle
Répandre cet esprit d'imprudence et d'erreur,
De la chûte des Rois funeste avant-coureur !....

(A Josabet.)

L'heure me presse... Adicu... Des plus saintes familles Votre fils et sa sœur vous amenent les filles.

( Il sort. )

SCENE III.

ZACHARIE, SALOMITH, LE CHŒUR, JOSABET,

JO SABET, à Zacharie.

CHER Zacharie, allez; ne vous arrêtez pas. De votre auguste pere accompagnez les pas.... (Zacharie sort.)

SCENE I V.

JO SABET, SALOMITH, LE CHŒUR.

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JO SABET, au Chaur.

FILLES de Lévi! troupe jeune et fidelle, Que déja le Seigneur embrase de son zele, Qui venez si souvent partager mes soupirs, Enfans, ma seule joie en mes longs déplaisirs ! Ces festons dans vos mains et ces fleurs sur vos têtes Autrefois convenoient à nos pompeuses fêtes; Mais, hélas! en ce tems d'opprobre et de douleurs Quelle offrande sied mieux que celle de nos pleurs ! J'entends déja, j'entends la trompette sacrée, Et du Temple bientôt on permettra l'entrée. Tandis que je me vais préparer à marcher.

Chantez, louez le Dieu que vous venez chercher.

(Elle sort, avec Salomith. }

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