Images de page
PDF
ePub

K

[ocr errors]

KAAB, poete arabe, mort l'an fer de l'hégire. | Il était fils de Zohaïr, qui était lui-même un poëte distingué, et qui vivait avant l'époque de l'islamisme. Son frère Bodjaïr ayant embrassé le mohammédisme, qui commençait à faire des prosélytes, Kaab s'en indigna, et consacra une pièce de vers à railler la religion nouvelle et son apôtre. Mahomet, pour se venger de cette attaque, fit publier qu'il était permis aux mu. sulmans de tuer le fils de Zohaïr. Kaab, fort inquiet, se rendit à Médine, se fit admettre en présence de Mahomet, et lui récita une pièce de vers dans laquelle il louait la réforme et le réformateur. Enchanté de ce poëme, le prophète fit grâce à l'auteur, et lui jeta son manteau pour marquer son enthousiasme. Ce fut à cause de cette circonstance que le poëme prit le titre deCacidat el Borda (Le Poëme du Manteau); on le désignait aussi sous le titre de : Banat Soad. La première édition du poëme de Kaab parut en 1748, à Leyden, par les soins de Lette, qui y joignit une version latine et des notes. Une nouvelle édition du même poëme fut publiée par Reiske, dans le numéro de décembre 1747 des Acta Eruditorum ; enfin, une version allemande de Wahl parut dans le Magazin de Littérature ancienne et biblique. C. DUYERNOIS. Essais sur l'Histoire des Arabes avant l'islamisme par Caussin de Perceval. Bibliothèque Orientale de d'Herbelot.

KAAS (Nicolas), homme politique danois, né en 1535, mort en 1594. Issu d'une ancienne famille, il compléta ses études en Allemagne, où il suivit même un cours de théologie sous Melanchthon. Après avoir été pendant plusieurs années protecteur de l'université de Copenhague, il fut élevé, en 1573, à la dignité de chancelier et en 1588, à la mort de Frédéric II, il fut élu, par l'aristocratie, le premier des quatre membres du conseil des nobles qui devaient, sous le nom de régents, administrer les affaires de l'État. Jusqu'à sa mort, il se conduisit an pouvoir avec une grande prudence, et fit donner au jeune Christian IV une excellente éducation. Fort instruit lui-même, il correspondait avec la plupart des savants étangers, et plusieurs de ses lettres ont été conservées dans le recueii de Chytræus. On croit que l'édition de la Loi de Julland, Copenhague, 1590, in-4°, a été revue, corrigée et notablement augmentée par le chancelier Kaas.

K.

Moeller, Cimbria Litterata. - Hofmann, Portr. hist. des Hommes célèbres du Danemark. Niels Slange, Kong Christ, IV Historie. Freher, Theatrum Viforum, etc.

KAAU-BOERHAVE (Abraham), médecin russe, d'origine hollandaise, naquit à La Haye en 1713, et mourut à Moscou, le 18 octobre 1753. Il avait pour père Jacques Kaan, docteur en droit et en médecine à Leyde, et pour mère Marguerite Boerhave, sœur du célèbre Hermann Boerhave. Il s'était déjà acquis une certaine notoriété dans sa patrie par la pratique de la science traditionnelle dans sa famille, lorsque l'impératrice Anne, dangereusement malade, le fit venir à Saint-Pétersbourg en 1740. L'impératrice Élisabeth le nomma conseiller d'État en 1743 et son premier médecin en 1748. Outre différents Mémoires insérés dans les Novi Commentarii du collége médical de Saint-Pétersbourg, dont il était directeur, Kaau-Boerhave a laissé les ouvrages suivants : Perspiratio dicta Hippocratis per universum corpus anatomix illustrata; Leyde, 1738, in-8°; Impetum faciens dictum Hippocrati per corpus consentiens philogice et physiologice illustratum; ibid., 1745, in-12; Sermo academicus de iis quæ verum medicum perficient et ornant; ibid., 1752, in-8°, excellente dissertation, digne d'être reproduite. A. pce G.-N.

Ein Russicher Staatsmann; Heidelberg, 1857, I.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

KABEL (Adriaan VAN DER ), peintre et graveur hollandais, né en 1631, à Ryswick, mort à Lyon, en 1695. Il fut élève de Jean van Goyen, paysagiste habile. Ses progrès furent rapides; il prit surtout la manière de Benedetto Castiglione et de Salvator Rosa. Il a très-bien imité le premier, au point même de tromper les connaisseurs; sa touche est libre, belle et large. Il dessinait fort bien, surtout les animaux, et ses tableaux sont toujours composés d'après nature; on en possède de lui remarquables par une facilité et une finesse singulières. Ce sont au surplus les qualités dominantes de ses œuvres. Quant à son coloris, il donna trop dans la manière rembrunie; aussi ses paysages, quoique composés avec goût, sont tristes à l'œil par la couleur sombre qui règne partout. Il a gravé à l'eau-forte quelques estampes aujourd'hui fort recherchées. A. DE L.

Jakob Weyerman, De Schilderkonst der Nederlanders, t. 1, p. 277. - Descamps, La Vie des Peintres 349-350

Hollandais, etc., t. II, p. 173. Pinkelton (à Cabel), Dictionary of Painters.

KABRIS (Joseph), aventurier français, né à Bordeaux, en 1780, mort le 23 septembre 1822. Il servit d'abord dans la marine impériale, en qualité de simple matelot. Ayant été fait prisonnier et jeté dans une prison d'Angleterre, il obtint, comme faveur extrême, de servir à bord d'un baleinier anglais qui tentait de compléter son équipage pour la mer du Sud. Ce bâtiment navigua avec assez de bonheur jusque dans les mers de l'Océanie; mais, arrivé devant les fles

Marquises, il fit naufrage sur les récifs de Noukahiva. Les insulaires se portèrent en foule vers les débris du navire, et s'emparèrent de tous les hommes dont se composait l'équipage. Ces malheureux furent tous mis à mort pour être dévorés; Kabris allait subir le même sort, lorsque la fille d'un chef, nommée Valmaïca, usa de l'ascendant que lui donnait sa naissance pour l'arracher aux anthropophages qui allaient le sacrifier. Kabris épousa sa libératrice légale ment et selon les rites, beaucoup plus compliqués qu'on ne le croit généralement, de ces peuples. Dès ce moment le jeune matelot fut compté parmi les chefs de Noukahiva: son beau-père lui fit solennellement cadeau d'un magnifique manteau de plumes d'ivi, et il dut se résoudre à subir l'opération douloureuse du tatouage. Revêtu de cet ornement indélébile, dont le caractère hiéroglyphique constatait sa valeur, Kabris marcha l'égal des plus grands guerriers, et prit part à une foule d'expéditions dans l'intérieur de l'île. Il paraît certain que son adhésion très-franche aux lois que lui imposaient les sauvages lui constitua bientôt une sorte de magistrature; il jugeait ceux qui aguère devaient le dévorer. Il était père de six enfants lorsque l'amiral Krusenstern arriva en 1804 aux Marquises. Le célèbre navigateur commandait alors une expédition scientifique de circumnavigation entreprise aux frais de la Russie. Malheureusement pour Kabris, il n'était pas le seul Européen admis parmi les chefs qui cût du crédit dans Noukahiva. Un matelot anglais, nommé Roberts, partageait avec lui la faveur de l'aristocratic; ce dernier parvint à entrer dans les bonnes grâces du commandant russe et à lui faire partager l'antipathie bien marquée qu'il avait conçue contre le Français. Krusentern ne déguisa pas les soupçons qu'il avait conçus contre le matelot bordelais, dont, à son avis, les menées sourdes mettaient fréquemment obstacle à la réussite de ses projets. Ainsi une misérable question de nationalité, vidée aux antipodes, devint pour un pauvre diable, dont on ne peut s'empêcher d'admirer le cou rage, la source des plus grands maux. On était au mois de mai, et le commandant russe songeait à quitter ces parages lorsque, pour son malheur, l'ariki européen alla le visiter à bord (1); le vent

(1) Si l'on admettait les confidences de Kabris fuimême, confidences reproduites par M. Aimé Leroy, les

était favorable, et Kabris n'était pas apparemment un assez grand personnage pour qu'on s'occupât de ses doléances et pour qu'on mit une embarcation à la mer afin de le ramener à son ile; le savant et célèbre amiral a soin de faire observer néanmoins que « cet enlèvement involontaire débarrassa à tout jamais l'Anglais Roberts de l'influence de son compatriote ». L'influence que l'on constate ici d'une façon presque ironique, Kabris l'avait obtenue par tous les genres d'habileté qui distinguent le guerrier noukahivien, et, cela soit dit à son honneur,

"

sans faire la moindre concession aux usages féroces qui dominaient dans l'île. Krusenstern a la bonne foi d'en convenir lui-même lorsqu'il raconte quels genres de ruse les naturels employaient dans les combats sans fin dont l'île était alors ensanglantée. Après avoir énuméré les vertus quasi lacédémoniennes qu'on exigeait d'un chef, il ajoute : Joseph Kabris se distinguait par toutes ces qualités. Il nous a depuis entretenu assez souvent de ses hauts faits en ce genre. Il nous racontait combien d'hommes il avait tués dans cette sorte de guerre, en nous en détaillant toutes les circonstances. Il nous assura, du reste, et son ennemi Roberts lui a rendu justice en ce point, qu'il n'avait jamais mangé de chair humaine, ayant toujours troqué son homme contre un cochon ». Le malheureux matelot bordelais eût pu rester dans l'Océanie; on lui proposa de le débarquer à Owibée; mais, n'entendant pas le dialecte des îles Sandwich, il ne consentit pas à demeurer dans leur capitale naissante; il préféra, dit-on, suivre l'expédition russe jusqu'au Kamtschatka. Ce fut là qu'au mois d'août 1804, on débarqua « le Français sauvage, qu'on avait été obligé de ramener de Noukahiva (1) ».

Kabris traversa la Sibérie, et parvint jusqu'à Saint-Pétersbourg; là il se fit professeur de natation. Il ne revint en France qu'en l'année 1817. Louis XVIII lui accorda une légère gratification; mais la munificence du roi de France n'alla pas jusqu'à armer un bâtiment pour reconduire le prince de Noukahiva dans ses lointaines possessions. Le roi de Prusse, auquel notre aventurier fut présenté ensuite, n'avait pas de raisons pour être plus généreux. Kabris se rendit dans sa ville natale avec l'espoir de trouver à s'embarquer pour les îles Marquises. Il y était soutenu par la pensée qu'en mettant de côté ses petites épargnes il pourrait réunir une somme suffisante pour aller rejoindre aux antipodes sa femme et ses enfants. Comme il était admira

choses se seraient passées fort différemment; il aurait été saisi dans un bois, garrotté et conduit à bord. L'humanité connue du chef de l'expédition russe ne permet guère d'admettre cette version; les qualités qui distinguaient l'amiral Krusenstern ne doivent pas laisser supposer qu'il ait agi ainsi, mème à l'égard d'un homme dont il croyait avoir à se plaindre.

(1) Krusenstern, Voyage autour du Monde, trad. en français par Eyrics, 2 vol. in-8°.

blement tatoué, l'idée lui vint de se faire voir pour de l'argent sur une sorte de petit théâtre bordelais qu'on appelait en ce temps le Cabinet des illusions. Ce titre malheureux ne s'appliquait que trop bien à la situation du mime improvisé. L'argent ne venant pas et ne recueillant même pas, de quoi vivre, le pauvre diable résolut de porter sa chétive industrie dans les départements voisins. De pérégrination en pérégrination, il parvint jusqu'à Valenciennes; déjà fort épuisé, il parlait avec douleur de Valmaika, de ses enfants, de l'espérance qu'il conservait encore de les revoir un jour; mais déjà la maladie avait vaincu le robuste matelot; il entra à l'hôpital le 22 septembre et s'éteignit le lendemain (1).

Ferdinand DENIS. Krusenstern, Voyage autour du Monde. Aimé Leroy, dans les Archives du Nord (Promenade au cimetière de Valenciennes ).

*KACYAPA, nom du sixième Bouddha, qui, suivant les livres bouddhiques, précéda immédiatement Çakya Mouni. C'est aussi le nom d'un

aussi dans le tome II de l'édition de l'Historia Polonorum de Dlugoss, donnée à Leipzig, en 1712. Le texte qui a paru à Dantzig en 1749, en un volume in-fol., qui contient aussi la chronique de Martin Gallus, n'est qu'un extrait de l'Historia Polonica, fait au commencement du quinzième siècle; un autre extrait, traduit en polonais, a été publié en 1803. Quoique écrit dans un style barbare et rempli de fables sur l'histoire primitive de la Pologne, le travail de Kadlubek n'en est pas moins précieux, à cause des détails qu'il contient sur les événements qui se sont passés en Pologne durant le onzième et le douzième siècle. L'Historia Polonica est divisée en quatre livres ; les trois premiers, dans lesquels l'auteur résume les entretiens que Jean, archevêque de Guesne, et Mathieu, évêque de Cracovie, avaient eus ensemble sur l'histoire de leur pays, s'arrêtent à l'année 1146; le dernier, qui est entièrement l'œuvre de Kadlubek, finit à l'an 1202. L'ouvrage entier a été commenté par un auteur anonyme qui vivait à l'époque des Jagel

-

Scriptor. Ecclesiasticis, t. III, p. 25. E. G. Sim. Staravolski, Commentar. de Vita V. Kadluko. Visch, Biblioth. Script. Ord. Cister. Groddeck, De Script, Polonicis. - Hopp. De Historicis Polonicis. O solinski, V. Kudlubek, ein historisch critischer Beitrag zur slavischen Litteratur; Varsovie, 1822, in-8°.

des principaux disciples du dernier, qui le char-lons, et sur lequel on peut consulter: Oudin, De gea d'enseigner sa doctrine. On met généralement devant son nom l'épithète de Mahd (le Grand), ce qui le distingue d'un autre disciple qui portait le même nom. Maha Kâcyapa, qui n'était pas auprès de son maître au moment de la mort, fut averti de cet événement par un tremblement de terre. Il se båta d'aller rendre les derniers devoirs au Bouddha, et fut un de ceux qui présidèrent à ses funérailles.

Ph. Ed. Foucaux.

Rgya tcher-rol-pa; Paris, 1848, vol. in-4°. KADI-PACHA. Voy. CAD-ABD ERRAHMAN. KADLUBEK ( Vincent), historien polonais, né en 1161, à Karnow (Gallicie), mort le 8 mars 1223. Son père, Baguchwal, était gentilhomme et appartenait selon les uns à la famille des Rosa, selon d'autres à celle des Koscza-Kadlubek. S'étant adonné à l'étude de la théologie, Kadlubek devint d'abord prévôt de Sendomir, et en 1208 évêque de Cracovie. Le roi Leszek le Blanc, qui le consultait souvent dans les affaires importantes, le chargea en 1214 de mener à Halich sa fille Salomé, pour qu'elle y épousât Coloman, fils du roi de Hongrie. En 1218 un incendie ayant détruit la cathédrale de Cracovie et le palais épiscopal, Kadłubek, affecté de ce désastre, se démit de son évêché, et se retira à Jendrzeiow, en Gallicie, dans un couvent de l'ordre de Citeaux. Il y termina son Historia Polonica, qu'il avait entreprise à l'invitation du roi Casimir II. Cet ouvrage, publié à Dobromiel, 1612, in-8°, se trouve

(1) Des circonstances particulières se rattachent à l'inhumation du pauvre matelot bordelais; le tatouage varié dont sa peau était ornée avait tenté un curieux; on crai. gnit la violation d'une sépulture qu'aucune construction ne défendait; l'autorité prit ses mesures. « On venait d'enterrer un vieillard de l'hospice de Valenciennes, dit M. Aimé Le Roy; Kabris fut mis au-dessus de lui, et sur Kabris on plaça le cadavre d'un autre vieillard du même hospice. »

NOUT. BIOGR. GÉNÉR. -T. XXVII.

*KADOU, surnommé l'Ulysse polynésien, né vers 1795. Ce sanvage, si intelligent, avait pris naissance dans l'ile d'Ouléa-Jouli, qui appartient au groupe des Carolines. Son début en navigation aventureuse explique parfaitement comment se sont peuplées certaines régions de la Polynésie. Il était à la pêche avec plusieurs naturels de la Caroline, lorsque son embarcation fut emportée par le vent en pleine mer; les provisions étaientexiguës, elles furent bientôt épuisées, et plusieurs compagnons de Kadou succombèrent. Des sauvages comme lui, mais des sauvages de TongaTabou, le secoururent, et il vécut plusieurs années dans leur île. Lors du voyage de circumnavigation entrepris pour le compte de la Russie par le capitaine Kotzbue, Kadou se sentit pris d'une telle admiration pour les merveilles de la civilisation européenne, qu'il résolut bon gré mal gré de faire partie de l'expédition; grâce à sa persévérance il obtint ce qu'il désirait, et bientôt, considéré à bord comme l'ami du capitaine, il rendit largement en renseignements utiles, en récits de traditions curieuses l'hospitalité qu'il avait reçue. Sa bonne humeur constante ne fut pas même troublée par le froid rigoureux qui se fit sentir à l'approche des régions américaines de l'extrême nord. Son empressement d'être utile à tous l'avait fait aimer de l'équipage entier. Kadou était un observateur sagace, comme le sont la plupart des sauvages; il savait diriger une embarcation d'après le cours des étoiles, mais il sentit tout d'abord la supériorité que donnaient sur lui aux Européens les indications de la boussole: surpris de voir dans les lati

12

tudes élevées que parcourait Kotzbue, la chute des neiges, il fut longtemps à s'accoutumer à ce phénomène; il cherchait à retenir entre ses doigts cette eau condensée, et, en la voyant se fondre, il alla jusqu'à imaginer que tous les blancs usaient de sorcellerie, et pouvaient à leur gré changer l'aspect des éléments; ses bonnes dispositions à l'égard de ses compagnons de voyage en furent même un moment troublées. Sa bonne humeur naturelle reprit néanmoins le dessus, et il admira sans crainte les autres merveilles qui se présentaient à ses yeux. Kadou avait résolu d'aller contempler les splendeurs de Saint-Pétersbourg; mais cette résolution ne put tenir contre les affections de famille et les séductions de la terre natale. Ramené par Kotzbue à son île de Radack, où le Rurick devait relâcher, il revit sa femme, ses enfants, et abandonna sagement ses projets, pour continuer une vie de paix et de bonheur. Le naturaliste de l'expédition, M. de Chamisso, dit que cet Indien voyageur s'entendait à merveille à soigner les plantes qui lui étaient confiées et qu'on voulait naturaliser. Il est possible que sous sa direction, et d'après ses conseils, l'île si fertile de Radack soit devenue un lieu de relâche avantageux pour les baleiniers. Un artiste voyageur, dont la mort a été prématurée, a donné le portrait de Kadou. Ferd. DENIS.

Otto de Kotzbue, Entdeckungs Reise in die sud see, etc. -L. Choris, Pouage pittoresque autour du Monde, avec des portraits de sauvages d'Asie, d'Afrique, d'Amerique et des iles du grand Ocean; Paris, 1822, in-fol.

KEMPF (Jean), médecin allemand, né à Deux-Ponts, le 14 mai 1726, mort à Hanau, le 29 octobre 1787. Il étudia la médecine à Bâle, et entra au service du prince de Hesse-Hombourg, à la cour duquel il passa sept ans. En 1770 il devint médecin du prince d'OrangeNassau, et en 1778 le prince de Hesse-Hanau l'attacha à sa personne. Kæmpf resta auprès de ce dernier jusqu'en 1787, et se retira alors à Hambourg. On a de lui De Infractu vasorum ventriculi; Bâle, 1753, in-4°; - Von den Temperamenten (Des Tempéraments); Schafthouse et Francfort, 1760, in-8°; - Enchiridium Medicum; Francfort et Leipzig, 1778, in-8°; ibid., 1792, in 8° cet ouvrage a été traduit en alleand par G.-F. Duerr (Chemnitz, 1794, in-12) et par J.-C.-F. Baehrens (Dortmundt et Leipzig, 1796, in-8°); Fuer Erzte und Kranke bestimmte Abhandlung von einer neuen Methode die hartnäckigsten Krankheiten, die ihren Sitz im Unterleib haben, besonders die Hypochondrie, sicher und gruendlich zu heilen (Dissertation destinée aux médecins et aux malades traitant d'une nouvelle méthode de guérir les maladies, les plus tenaces du basventre, surtout l'hypochondrie); Dessau, 1784, in-8"; Leipzig, 1785, in-8°; ibid., 1786; Hanau, 1788; Augsbourg, 1790 et 1791. Traduction en hollandais par G.-J. de Koning; Utrecht, 1787, in-8°. Cet ouvrage, dans lequel Kæmpf développa

l'idée que les obstructions des viscères abdominaux sont la cause méconnue de presque toutes les affections chroniques, fit beaucoup de bruit;

Von der Wasserscheu, oder der

tollen Hundswuth, nebt den bewährtesten Mitteln diesem Unglück zu begegnen (De l'hydrophobie et des meilleurs remèdes contre ce mal); Hanau, 1780, in-8°; plusieurs dissertations insérées dans les Actes de l'Académie de Giessen, dans le Magazin de Hanau et dans le Magazin de Baldingen.

Il ne faut pas confondre Jean Kæmpf avec son frère Guillaume-Louis Kæmpf, médecin comme lui, mort en 1779, et qui a laissé un manuel à l'usage des sages-femmes: Denkbuch fuer die Hebammen; Francfort, 1777.

Biographie Médicale.

Dr L.

KÆMPFER ( Engelbert), célèbre voyageur et médecin allemand, né à Lemgo (Westphalie), le 16 septembre 1651 (1), mort dans cette même ville, le 2 novembre 1716. Il était fils de Jean Kæmpfer, qui remplissait les fonctions de ministre

l'église Saint-Nicolas de Lemgo. Très-jeune encore, Engelbert Kæmpfer fut envoyé à Hameln, dans le duché de Brunswick, afin d'y faire ses premières études pour la carrière de médecin, que ses parents lui avaient choisie. Il se rendit ensuite à Lunebourg, puis à Hambourg et à Lubek, pour se perfectionner dans les sciences exactes. De là il passa en Pologne, où il s'adonna avec ardeur à la philosophie et à la pratique des principales langues étrangères; il y séjourna trois ans, et reçut à Varsovie le grade de docteur. Peu de temps après, il alla à Kenigsberg pour approfondir les sciences naturelles et médicales, afin de se rendre capable d'exercer les fonctions auxquelles son père l'avait destiné. Le goût des voyages engagea bientôt le jeune Kæmpfer à se transporter en Suède, où l'attendait le plus brillant accueil. Présenté d'abord à l'université d'Upsal, puis à la cour de Charles XI, il vit s'ouvrir devant lui un brillant avenir; on lui fit des propositions propres à lui assurer une carrière vaste et belle s'il voulait demeurer en Suède; mais le penchant irrésistible de Kæmpfer pour les pérégrinations lointaines l'empêcha d'accepter de telles offres; et il eût sans doute renoncé aux avantages que lui assurait un prince protecteur des lettres s'il ne se fût présenté une occasion de se joindre à l'ambassade suédoise qui allait partir pour l'empire de Perse, dans le but d'ouvrir des relations commerciales entre les deux pays. Engelbert Kæmpfer partit donc de Stockholm, le 26 mars 1683 ( ancien style), pour se rendre à Moskou, par Aland, la Finlande et Novogorod. En moins d'un mois, Fabricius, l'ambassadeur de Suède, termina les négocia tions dont il était chargé par son gouvernement. Il se dirigea donc vers la Perse avec son se

(1) Suivant le Conversations-Lexikon, Kæmpfer serait né le 16 novembre 1661; nous pensons toutefois que cette date est erronée.

crétaire Kæmpfer et tout le personnel de sa légation; à cet effet, il s'embarqua sur la rivière de Moskwa, qui aboutit au Volga par une de ses branches nommée l'Oka. Après s'être arrêté à Kazan, qui se trouvait sur sa route, il atteignit Astrakan, capitale, sur les bouches du Volga, d'un fameux royaume annexé à la couronne de Russie par Ivan Basilowitch. En quittant cette célèbre cité, ils s'embarquèrent sur la mer Caspienne, où ils faillirent faire naufrage par suite d'un malentendu entre les deux pilotes du navire (1), qui parlaient chacun un idiome différent, durant une violente tempête. Arrivée en Perse, l'ambassade suédoise se rencontra avec deux autres légations envoyées, l'une par la cour de Pologne, l'autre par celle de Russie, et partit avec celles-ci pour Chamakhi (province de Chirvan, dans la Trans-Caucasie actuelle), où l'on devait attendre jusqu'à ce que la cour de Perse eût fait connaître ses intentions relative. ment à la manière de recevoir ces députations et à la route qu'elles devaient suivre pour se rendre à la capitale. Ce retard, qui ne manqua pas d'ennuyer les ambassadeurs, causa au contraire une joie réelle à Kæmpfer, qui trouvait ainsi l'occasion d'étudier un pays nouveau pour l'Europe, et d'herboriser dans une contrée riche en espèces ignorées des botanistes.

Vers le milieu de janvier 1684, les ambassades recurent l'avis d'avoir à se rendre à la cour de l'empereur Soleiman, mais chacune par une route différente. Fabricius, avec toute sa suite, arriva le premier à Ispahan, qui était alors la capitale de la Perse. La mission de l'ambassadeur suédois une fois terminée, on se prépara au retour. Kæmpfer vit prendre ces mesures avec un tel regret, qu'il résolut d'abandonner la légation et de se mettre au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Instruit de cette résolution, Fabricius ne crut point devoir en détourner son zélé secrétaire; mais comme marque toute particulière de son estime, il accompagna Kæmpfer jusqu'à un mille d'Ispahan. Fermement décidé de se suffire à lui-même par son travail et son talent, notre voyageur s'engagea comme chirurgien dans la flotte hollandaise qui croisait en ce moment dans les eaux du golfe Persique. Cette place, bien qu'inférieure à celle qu'il venait d'abandonner de plein gré, lui sourit d'autant plus qu'elle s'accordait davantage avec son amour ardent des voyages. Il venait de visiter les ruines de l'antique Persé polis et le palais majestueux de Daryavouch; il avait parcouru Chiraz, ville principale du Farsistan, renommée par la beauté de ses femmes et la bonté de ses vins, et que l'on avait qualifiée du titre de paradis terrestre avant l'affreux tremblement de terre de 1853; enfin il avait abordé à Bender-Abbassi, port situé à l'opposite de l'île d'Or

(1) C'était un bâtiment avec deux gouvernails et dirigé par deux pilotes.

mus, près de l'entrée du golfe Persique. Après y avoir subi les atteintes d'une maladie longue et dangereuse qui mit sa vie en danger, Kæmpfer passa quelque temps dans la campagne des environs afin de rétablir sa santé altérée. Il profita de cette circonstance pour faire d'utiles observations, qu'il publia en partie dans ses Amanitates exoticæ, et parmi lesquelles il faut mentionner entre autres sa notice sur l'Assa fœtida, cette plante fameuse que les Grecs appelaient «< mêts des dieux », tandis que les Latins lui donnaient l'épithète peu gracieuse de stercus diaboli ;ses remarques sur la Vena Medinensis des auteurs arabes; sa monographie du dattier commun, etc. Il quitta Bender-Abassi en juin 1688, s'embarqua à bord de la flottille néerlandaise, et visita successivement l'Arabie Heureuse, les États du Grand-Mogol, les côtes de Malabar, l'ile de Ceylan, les abords du golfe de Bengale, et l'île de Sumatra. - Vers le milieu de septembre 1689, il débarqua dans l'ile de Java, et demeura environ sept mois et demi à Batavia. La plus grande partie de son temps fut passée à recueillir les plantes de ce pays, à les décrire et souvent aussi à les dessiner ou à les dessécher.

[ocr errors]

Ces précieux documents ont été conservés avec soin: le fonds Sloane au musée britannique de Londres en renferme la plus grande partie. La plupart des notices botaniques de Kæmpfer renferment des détails extrêmement curieux sur les emplois de certaines plantes en Orient. Le 7 mai 1690, il s'embarqua, comme médecin, à bord du navire envoyé chaque année, par la Compagnie des Indes néerlandaises, aux îles du Japon, pour y commercer. Les résultats scientifiques qu'Engelbert Kæmpfer devait retirer de ce voyage devaient faire passer son nom à la postérité et l'immortaliser : on eût dit qu'il s'y attendait. En effet, il n'eut pas plus tôt débarqué à Dé-sima ( 25 septembre), qu'il déploya toute l'activité dont il était capable pour se procurer des renseignements précis sur un pays si peu connu de l'Europe .et cependant si digne de l'être. Non-seulement il s'efforça de se procurer les livres qui pouvaient l'instruire sur tout ce qui concerne le Japon; non-seulement il parvint à réunir de riches collections de plantes recueillies dans les diverses parties de l'empire, mais encore il sut, par ses largesses et par ses profondes connaissances, s'attacher plusieurs Japonais instruits, qui lui firent connaître une foule de faits curieux sur l'histoire, les sciences et la littérature des Japonais, et même, nous dit-il, certains renseignements sur lesquels les Japonais devaient conserver le plus scrupuleux silence devant les étrangers. Le 10 février 1691, Kæmpfer partit pour Yédo, résidence du syógoun ou grand général des Japonais, près duquel se rendait le chef de la factorerie hollandaise. L'année suivante, il lui fut donné de faire encore une fois ce curieux voyage, ce qui lui

« PrécédentContinuer »