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qui est ce jeune homme, et quel il est, et ce qu'il veut, et ce qu'il promet, et ce qu'il peut. En attendant, je t'envoie un hymne que tu chanteras le matin et le soir, afin de te souvenir toujours de moi. Si ton âge ne te permet pas de parfaitement comprendre et cet hymne et ma lettre, interroge ta mère, qui désire t'avoir, par sa piété, engendrée pour Dieu. Puisse aussi ce Dieu, qui t'a engendrée, te garder à jamais, ô ma fille bien-aimée !

HYMNE DE SAINT HILAIRE, ÉVÊQUE DE POITIERS,

A SA FILLE ABRA.

Magnifique dispensateur de la lumière, toi qui fais luire des clartés sereines, quand le temps de la nuit s'est écoulé.

Toi, le véritable flambeau du monde, et qui ne ressembles point au pâle messager du jour, dont une étroite lumière annonce à peine la présence;

Astre plus brillant que le soleil, la lumière même et le jour même, qui, de tes pénétrants rayons, illumines le fond de nos cœurs;

O créateur de toutes choses, gloire de ton père, répands les trésors de ta grâce dans nos âmes, qui s'ouvrent pour les recevoir.

Remplis de ton esprit, portant Dieu en nous-mêmes, nous serons inaccessibles aux ruses cruelles d'un perfide ennemi;

Parmi les agitations du siècle et les nécessités de la vie, exempts de toute faute, nous vivrons sous tes lois.

Puisse la chasteté de nos âmes vaincre les honteuses passions de la chair, et l'Esprit-Saint conserver pur le tabernacle de nos corps!

Voilà notre espérance et nos prières; voilà nos vœux; fais que l'étoile du matin nous guide à travers les obscurités de la nuit;

Gloire à toi, Seigneur, gloire à ton Fils unique; gloire au Saint-Esprit, maintenant et dans tous les siècles. Ainsi soit-il. (Saint Hilaire. Lettre à sa fille Abra.)

IX. COMMENT LES VIERGES DOIVENT SE CONDUIRE.

La discipline qui est la gardienne de l'espérance, l'ancre de la foi, le guide du chemin du salut, qui cultive et augmente les avantages d'un bon naturel, et qui est la maîtresse de la vertu, nous fait immuablement demeurer en Jésus-Christ et vivre en Dieu, et nous conduit ensuite aux récompenses célestes qui nous ont été promises. Il est donc aussi avantageux de la suivre que dangereux de la négliger. C'est ce que le Saint-Esprit déclare dans les Psaumes : « Gardez la discipline, de peur que le Seigneur ne se mette en colère, et que vous ne périssiez en vous égarant du droit chemin, lorsque sa colère s'allumera tout d'un coup contre vous. » Et encore : « Mais Dieu a dit au pécheur : Pourquoi vous mêlez-vous d'expliquer ma loi et de parler de mon alliance, vous qui haïssez la discipline, et qui ne tenez compte de mes paroles?» Nous lisons encore, que « celui qui rejette la discipline est misérable. » Et Salomon nous donne ce précepte de sagesse : Mon fils, ne négligez point la discipline du Seigneur, et ne vous découragez point lorsqu'il vous reprend. Car le Seigneur reprend celui qu'il aime. » Que si Dieu aime ceux qu'il reprend, et qu'il ne les reprenne que pour les corriger, il n'y a point de doute non plus que les fidèles et surtout les évêques ne haïssent pas, mais aiment ceux qu'ils reprennent pour les rendre meilleurs, puisque Dieu a prédit et marqué par Jérémie le temps où nous sommes, quand il a dit : « Je vous donnerai des pasteurs qui seront selon mon cœur, et ils vous conduiront avec discipline. » Si donc la discipline est recommandée partout dans l'Écriture sainte, et que la crainte et la régularité soient comme le fondement de la religion et de la foi, à quoi devons-nous travailler davantage qu'à nous établir

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solidement sur une pierre, afin de n'être point ébranlés par les tempêtes du siècle, et d'arriver à la récompense par l'accomplissement des commandements de Dieu ? Car il faut que nous considérions que nos membres sont les temples de Dieu purifiés par les eaux sanctifiantes du baptême de toutes les souillures de l'ancienne corruption, de telle sorte qu'il ne nous est plus permis d'en violer la pureté à moins de vouloir nous perdre. Nous sommes nous-mêmes les prêtres de ces temples; tâchons, en les conservant inviolables, de rendre le culte qui lui est dû à celui à qui nous avons déjà commencé de nous consacrer. Saint Paul dans ses épîtres où il nous donne d'excellents préceptes pour la conduite de la vie, dit : « Vous n'êtes pas à vous, car vous avez été achetés bien chèrement; glorifiez et portez Dieu dans votre corps. » Glorifions donc et portons Dieu dans un corps chaste et pur avec encore plus de soin que nous n'avons fait jusqu'ici; et puisque nous sommes rachetés par le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ayons pour notre Rédempteur une pleine obéissance comme étant ses esclaves, et prenons garde que rien d'impur et de profane n'entre dans le temple de Dieu, de peur qu'en étant offensé il ne l'abandonne. Voici les paroles de Notre-Seigneur qui guérit et instruit en même temps : « Vous voilà guéri, dit-il au pécheur; prenez garde de ne plus pécher, de peur qu'il ne vous arrive pis. » Après qu'il lui a rendu la santé, il lui donne des préceptes pour bien vivre; et il ne lui lâche pas la bride pour le laisser aller où il lui plaît, mais, au contraire, il prend sujet de sa guérison pour le menacer sévèrement; parce que les fautes qu'on commet avant de connaître la loi de Dieu sont bien moindres, mais celles qu'on commet ensuite ne méritent point de pardon. Et ce que je dis ici, je le dis pour toutes sortes de personnes : car tous, sans différence d'âge ni de sexe, sont obligés par le respect et la fidélité qui est due à Dieu, de prendre garde de ne pas laisser souiller par leur négligence ce qu'ils ont reçu pur

et saint des mains du Seigneur, puisqu'il est écrit « qu'il n'y aura de sauvé que celui qui persévérera jusqu'à la

fin. »

Maintenant c'est aux vierges que je m'adresse : car nous en devons avoir d'autant plus de soin que la gloire de leur état est plus éclatante. En effet, l'on peut dire qu'elles sont comme les fleurs odoriférantes de l'Église, le chefd'œuvre de la grâce, l'ornement de la nature, un ouvrage parfait et incorruptible, l'image de Dieu où se réfléchit la sainteté de Notre-Seigneur, et la plus illustre partie du troupeau de Jésus-Christ. Ce sont elles qui font la joie de l'Église comme étant une des plus nobles causes de sa fécondité glorieuse; et la joie de cette sainte Mère augmente toutes les fois qu'elle voit le nombre des vierges s'augmenter. C'est donc à elles que nous parlons; ce sont elles que nous exhortons, plutôt par affection que par autorité. Car comme la connaissance que nous avons du peu que nous sommes nous empêche de censurer leur conduite, le soin que nous prenons de ce qui les regarde fait que nous appréhendons davantage pour elles les embûches de l'ennemi. Et véritablement cette précaution ne doit pas être estimée inutile, ni cette crainte vaine, puisqu'elle tend à assurer la voie du salut, à sanctionner les commandements de Dieu, et à faire que celles qui se sont consacrées à Jésus-Christ, et ont renoncé à la concupiscence de la chair pour se vouer à Dieu de corps et d'esprit, achèvent un ouvrage dont la récompense doit être si grande, et ne songent plus à se parer pour plaire à d'autres qu'à leur Seigneur, de qui elles attendent la couronne de la virginité.

Il ne sied, en effet, à aucun chrétien, et moins encore à une vierge, de faire état de la beauté du corps: un chrétien ne doit aimer que la parole de Dieu, et n'embrasser que des biens qui demeureront éternellement. Ou s'il se faut glorifier de son corps, il ne s'en faut glorifier que lorsqu'il est dans les tortures pour la confession du nom

de Jésus-Christ. Lorsqu'une femme est plus forte que les hommes qui la tourmentent, lorsqu'elle souffre le feu, ou la croix, ou le fer, ou la rage des bêtes, pour être ensuite couronnée, ce sont là les perles et les diamants qui ornent véritablement le corps.

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Mais il y a des vierges qui étant riches s'excusent làdessus, et prétendent qu'elles se doivent servir de leurs biens. Mais qu'elles sachent premièrement que celle-là seule est riche et opulente, qui l'est en Dieu et en JésusChrist, et qu'il n'y a de biens véritables que les biens spirituels qui nous mènent à Dieu et que nous possédons éternellement avec lui. Car pour les autres biens que nous avons reçus en venant au monde, et que nous y laisserons quand nous en sortirons, nous les devons autant mépriser que le monde même, aux pompes et aux délices duquel nous avons renoncé, lorsque nous sommes venus à Dieu dans le baptême. L'apôtre saint Jean nous fait cette exhortation toute céleste « Prenez garde de ne point aimer le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du père n'est point en lui: car tout ce qui est dans le monde n'est que convoitise de la chair, ou convoitise des yeux, ou ambition; ce qui ne vient point du Père, mais du monde. Or le monde passera et les convoitises passeront avec lui; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement comme Dieu même, » Il ne faut donc aimer que les choses divines et éternelles, et accomplir en tout la volonté de Dieu, afin de suivre les traces de Notre-Seigneur qui a dit pour nous instruire : « Je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé. » Que si le serviteur n'est pas plus grand que son maître, et si celui qui a été délivré doit honneur et obéissance à son libérateur, nous qui désirons être de véritables chrétiens nous devons imiter Jésus-Christ. Il est écrit et on le lit et on l'entend, et l'Église ne nous le prêche qu'afin que nous le pratiquions « Celui qui dit qu'il demeure en Jésus

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