Images de page
PDF
ePub

qu'elle dilate de nouveau à sa volonté lorsqu'elle veut chasser l'air contenu ou seulement l'humeur muquense; car elle peut retenir l'un sans expulser l'autre; et elle peut également chasser tous les deux à la fois, à moins que l'air renfermé dans la cavité du mamelon ayant perdu sa propriété élastique, et s'étant uni avec l'humeur muqueuse, ils ne sortent ensemble sans former de bulles dans l'eau où la sangsue est plongée.

L'air contenu dans les mamelons ne contri

bue pas à faire nager la sangsue; ce qui se passe lorsqu'elle est exposée à l'action de la machine pneumatique semble le démontrer.

L'hypothèse que nous venons d'exposer pour expliquer comment l'air extérieur pénètre et agit dans la sangsue, et de quelle manière la sangsue décompose l'air pour se l'assimiler, est peu satisfaisante, Je pense qu'il seroit encore aussi difficile de donner une bonne explication de la manière d'agir des divers gas sur la sangsue, que de démontrer comment plusieurs de ces gas opèrent autrement sur la sangsue que sur l'homme, et pourquoi la sangsue conserve autant de vigueur dans les eaux marécageuses et au milieu d'un air altéré

par

la

vase des marais, que dans une eau pure, courante, et sans cesse agitée par un air sain.

Des physiciens anatomistes assurent avoir découvert dans la sangsue des espèces de sacs membraneux, transparents, sous la forme d'une vessie, remplis d'air et placés régulièrement sur les deux côtés de cinq en cinq anneaux depuis la bouche jusqu'à l'extrémité postérieure; ils prétendent que ces vésicules ont chacune une ouverture extérieure qui donne, passage à l'air et à un liquide blanchâtre; les bords de l'ouverture extérieure sont doués d'une très grande sensibilité. Ils ajoutent encore que ces vésicules aériennes se remplissent d'une liqueur blanchâtre à mesure que la vie s'éteint, qu'il faut les regarder comme les véritables organes de la respiration, et qu'ils sont plus grands proportionnellement au volume de la sangsue que les trachées chez les vers de terre, les ouïes et les vésicules aériennes chez les pois

sons.

Il est fâcheux que la théorie de la respiration de la sangsue tirée de la structure des vésicules aériennes soit si mal fondée.

De quelque manière qu'on s'y prenne, ni la dissection ni les injections ne peuvent faire dé

couvrir à l'œil armé d'une loupe ces vésicules aériennes. Certainement on a pris pour vésicules aériennes, ou les ganglions nerveux rangés à distances égales sur les deux côtés de la sang→ sue, ou les mamelons cutanés. Comme nous l'avons déjà exposé, les ganglions nerveux ressemblent à peu de chose près au cerveau par les enveloppes, par les ramifications des vaisseaux sanguins à leur surface, excepté la substance médullaire plus solide; lorsqu'on a évacué cette substance, ils présentent une cavité qu'on a cru s'ouvrir à l'extérieur. Pour les mamelons cutanés, ils ont chacun une cavité renfermant en plus ou moins grande abondance une humeur dont la viscosité et la transparence varient : cette cavité s'ouvre extérieurement; l'ouverture a des bords d'une grande sensibilité; il est très difficile et souvent impossible d'injecter par cette ouverture dans la cavité des mamelons les fluides les plus subtils.

Du système vasculaire.

Le nombre, la situation, la marche, la terminaison, les espèces et les usages des vais

seaux sanguins ne sauroient être déterminés d'une manière précise. Les principaux troncs des vaisseaux sanguins sont peu connus jusqu'à présent; on en a découvert trois, deux latéraux et un dorsal; quelques auteurs ajoutent un quatrième nommé ventral.

Les vaisseaux sanguins latéraux sont au nombre de deux situés chacun sur la partie latérale de la sangsue; ils s'étendent depuis la tête jusqu'à l'extrémité postérieure; ils donnent l'un et l'autre en chemin faisant des branches qui se terminent sur les téguments et sur les organes internes par des ramifications très fines. Il est vraisemblable que plusieurs des ramifications des deux troncs communiquent entre elles; les autres fournissent les vaisseaux blancs sécrétoires et les vaisseaux blancs exhalants, tandis que les vaisseaux lymphatiques absorbants qui viennent de l'extérieur et de toutes les cavités internes se réunissent et forment les grands vaisseaux lymphatiques, lesquels s'abouchent avec un ou plusieurs troncs des vaisseaux sanguins pour y déposer tout ce qu'ils ont absorbé; c'est là que toutes les matières absorbées se mêlent intimement avec le sang, y subissent une espèce de fermentation qui donne pour

résultat les fluides excrétoires et sécrétoires, le suc nourricier ou réparateur.

་ས་

Le sang jouit donc de deux mouvements, l'un entre ses molécules, nommé mouvement intestin, et l'autre attaché à toute sa masse, appelé mouvement progressif. Faites une petite ouverture à un des vaisseaux latéraux, le sang en sortira pendant un très court espace de temps, sans interruption, à la manière du sang qui s'échappe de l'ouverture faite à une veine de. l'homme, et sans jaillir; il ne forme donc point de jets par intervalles égaux entre eux, et semblables à ceux qu'il fait lorsqu'il sort de l'artère de l'homme. Il y a lieu de présumer que le cours du sang est uniforme, et qu'il revient continuellement au même point d'où il est parti; en conséquence il passe du tronc du vaisseau latéral droit par les ramifications de l'extrémité antérieure de ce tronc, pour entrer dans les ramifications de l'extrémité antérieure du tronc du vaisseau latéral gauche; de là il va de ce tronc par les ramifications de l'extrémité postérieure du vaisseau latéral gauche, pour se jeter dans les ramifications correspondantes du vaisseau latéral droit; enfin il revient dans le tronc de ce

« PrécédentContinuer »