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vaisseau latéral : ainsi il s'établit une vraie circulation du sang entre les deux vaisseaux lateraux. L'injection semble le prouver, puisqu'en injectant un des vaisseaux latéraux on injecte l'autre. Cependant si on lie le tronc d'un des vaisseaux latéraux, on ne le voit point se gonfler d'une manière sensible ni devant ni derrière la ligature; comme il existe des branches' considérables qui communiquent d'un vaisseau latéral à l'autre, cela n'est pas surprenant.

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Coupez en travers un des vaisseaux latéraux et même les deux, il s'en écoule une petite quantité de sang; presque aussitôt les bords de la plaie se resserrent et la sangsue ne cesse pas de vivre quelque temps. Cela semble nous confirmer que les anastomoses entre les deux vaisseaux latéraux sont dans leur longueur assez multipliées pour maintenir la circulation. au-dessus et au-dessous des parties coupées. Au bout de sept ou neuf jours, quelquefois d'un mois, la constriction des bords de la plaie venant à cesser, il s'écoule plus ou moins de sang par l'ouverture des vaisseaux latéraux, et la sangsue ne tarde pas à mourir.

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Mais quelle est la force qui fait mouvoir le sang dans les vaisseaux sanguins, la lymphe et

les matières absorbées, dans les vaisseaux lym phatiques, et les fluides sécrétoires et excrétoires dans les vaisseaux qui leur sont propres?

Est-ce la contraction et le relâchement alter

natifs de la tunique musculaire du canal alimentaire, mouvements qui peuvent se faire sans qu'ils paroissent sensibles à l'oeil armé d'une excellente loupe?

Est-ce la contraction de la tunique muscu laire des parois des vaisseaux sanguins? Il n'est pas hors de toute apparence de vérité que la tunique musculaire des parois de ces vaisseaux, ne soit composée de deux couches de fibres disposées en manière de spirale dans un sens opposé; une des couches peut se contracter tandis que l'autre se relâche. Ce seroit faire preuve de peu de connoissance en anatomie, si on prétendoit qu'il n'entre point de fibres musculaires dans la texture des parois des vaisseaux sanguins, parcequ'on n'y voit pas ces fibres must culaires rougeâtres semblables à celles de l'homme. La plupart des fibres musculaires de

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la sangsue sont grisâtres ou légèrement brunes, ou noirâtres, ou même blanchâtres, imitant les fibres tendineuses et rarement rougeâtres. Examinez les parois des estomacs et de la

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grande vessie générative, les fibres musculaires en sont blanchâtres et non tendineuses; ainsi les parois des vaisseaux peuvent admettre dans leur structure des fibres musculaires semblables.

Est-ce une puissance dépendante d'un organe particulier et approchant de la structure du cœur de plusieurs animaux qui fait circuler le sang? Cet organe est encore à découvrir; mais il ne faut pas conclure qu'il n'existe pas.

Est-ce la force d'attraction, ou d'affinité, ou d'adhésion qui met en mouvement le sang dans les vaisseaux sanguins, la lymphe et les matières absorbées, dans les vaisseaux lymphatiques? Une de ces forces agit-elle sur le sang comme sur les fluides dans les tubes capillaires?i

Quant au vaisseau sanguin dorsal, situé au milieu et le long du dos, on: ne connoît ni sa terminaison, ni ses communications avec les autres vaisseaux, ni ses fonctions. Ainsi il est très douteux qu'il s'abouche immédiatement avec un des vaisseaux latéraux, et qu'à son embouchure il y ait une valvule capable d'empêcher le sang de retourner dans le vaisseau dorsal. Il est plus probable qu'il aboutit à l'organe principal de la circulation, ou que ses

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ramifications antérieures et postérieures communiquent avec les ramifications antérieures et postérieures d'un des vaisseaux latéraux, mais que ces ramifications sont si subtiles, qu'elles s'opposent au passage de la matière injectée par un des vaisseaux latéraux. S'il avoit été possible d'injecter le vaisseau dorsal plusieurs fois, peut-être connoîtroit-on mieux sa terminaison et ses usages; peut-être aussi ce vaisseau dorsal communique-t-il par ses ramifications, comme les vaisseaux latéraux entre eux, avec quelque autre vaisseau, non moins grand, mais inconnu.

Les physiciens qui veulent en général rape porter la structure des animaux ‹à celle de l'homme, et qui ne peuvent s'empêcher de voir dans les objets infiniment petits tout ce qu'ils savent ont nécessairement cru apercevoir dans la sangsue un cœur ; ils l'ont ren contré derrière le cerveau à peu de distance de l'ouverture extérieure du conduit génératif: ce cœur, selon eux, représente une poche charnue, de figure conique, mais irrégulière; ils pensent que ces irrégularités sont peut-être les séparations d'autant de ventricules qui communiquent ensemble; ils ont encore trouvé

à la base du cœur un appendice de même nature que ce viscère, et fait en forme de capuchon; il est sans doute, disent-ils, destiné aux mêmes usages que les oreillettes du cœur de l'homme; enfin ils ajoutent que ce cœur est attaché au dos moyennant de gros vaisseaux qui sortent du cœur, tandis que sa pointe est libre et flottante. Cette description du système vasculeux est absolument imaginaire, et tout ce qu'on peut dire en faveur de son auteur, c'est qu'il a pris la matrice pour le cœur de la

sangsue.

Les anatomistes, qui se sont chargés de découvrir tout ce que la nature a de plus caché, croient souvent avoir vu des objets que d'autres ne peuvent distinguer,'ou bien à peine ont-ils fait un pas dans la carrière qu'ils ont à parcourir, qu'ils s'aveuglent, et se laissent conduire par l'amour-propre ; alors ils ne peuvent marcher sans tomber d'erreur en erreur. Qui ne savoit pas avant eux que les vaisseaux sanguins entroient dans la structure de la sangsue ? Il est vrai qu'ils ont les premiers désigné quatre des principaux vaisseaux sanguins, dont deux latéraux, un dorsal et un ventral:

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