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et la tunique mamelonnée, adhère moins à la première qu'à la seconde; car l'épiderme en se détachant n'emporte avec lui ni tissu coloré, ni matière colorante: la tunique colorée paroît sensible; au moins, dès qu'on la touche, la sangsue s'agite: peut-être les nerfs qui se répandent dans la tunique mamelonnée éprouventils une irritation plus grande que lorsqu'on touche cette même tunique dépouillée de l'épiderme et de la tunique colorée.

La matière colorante varie suivant les différentes parties du corps; sur le dos elle est en partie jaunâtre, et placée régulièrement par bandes; au milieu et le long du dos, elle est brune et présente une large bande qui s'étend depuis la tête jusqu'à la queue: le ventre a pour fond de couleur une teinte jaunâtre parsemée de petites taches brunes : en général cette tunique offre une couleur rembrunie; on voit donc tout le dos divisé en plusieurs bandes, une brune au milieu, et quatre raies jaunâtres de chaque côté de la bande brune; deux de ces raies entièrement jaunes touchent, l'une la bande brune, et l'autre un des bords latéraux du ventre. Les deux autres raies qui se trouvent entre celles entièrement jaunes sont parsemées

de petites taches brunes. La tunique colorée présente à la loupe un tissu comme spongieux où est logée la matière colorante.

La tunique mamelonnée, située entre la tunique colorée et la tunique musculeuse, est douée d'une grande sensibilité; elle se compose d'une multitude de mamelons terminés chacun par une ouverture d'où transsude une humeur transparente, douce au toucher, légèrement visqueuse, qui lubréfie continuellement la surface de l'épiderme : les mamelons varient pour la grandeur et la forme; entre chaque mamelon il y a un tissu composé de fibres plus ou moins blanchâtres, de très petites ramifications de vaisseaux sanguins et de nerfs, et vraisemblablement de conduits blancs ou exhalans ou absorbans.

Quand la sangsue est plongée dans un fluide qui irrite avec force les tégumens, les mamelons deviennent plus gros, plus saillans, et ils fournissent une plus grande quantité d'humeur limpide, dont la viscosité semble s'accroître en raison de l'irritation. Les mamelons paroissent distribués plus régulièrement sur certaines parties du corps que sur d'autres; c'est principalement sur

les rides transversales de la peau qu'on les voit rangés d'une manière régulière.

La structure particulière des mamelons échappe à l'œil armé d'une loupe ou du microscope: l'humeur qui sort par les vaisseaux excrétoires de l'extrémité postérieure de la queue ou du disque est ordinairement plus visqueuse que celle dont tout le reste des tégumens est. lubréfié.

La tunique musculeuse, située sous la tunique mamelonnée, renferme toutes les parties internes de la sangsue; elle produit par ses diverses contractions et relâchemens tous les mouvemens extérieurs de cet insecte; elle est douée de sensibilité; elle offre une couleur d'un gris brun plus ou moins rougeâtre, et une épaisseur plus ou moins grande, suivant les différentes parties du corps.

Cette tunique présente deux plans de fibres; le premier plan est transversal et presque circulaire; il se trouve plus fort dans le creux que laissent les rides entre elles; plusieurs fibres de ce plan musculeux circulaire affectent dans leur marche la direction de la spirale; il est d'ailleurs fortifié par des faisceaux musculeux.

et ils

Les anneaux musculeux ou faisceaux musculeux, quoique unis intimement avec le plan circulaire musculeux, en sont très distincts; ils sont éloignés les uns des autres d'une manière régulière vers le milieu du tronc sont plus rapprochés vers l'extrémité antérieure et postérieure des tégumens: ces anneaux musculeux n'admettent dans leur structure ni cartilage, ni substance approchant de la nature du cartilage, ou du ligament, ou du tendon.

Le second plan musculeux intérieur est en grande partie longitudinal; ces deux plans paroissent entrelacés et unis par des fibres particulières, ce qui empêche de séparer les deux plans l'un de l'autre, même dans la sangsue morte et macérée. Un certain nombre de fibres musculaires de ces deux plans change de direction autour des ouvertures extérieures du corps, ou plutôt ils s'entrelacent de manière qu'ils paroissent former une espèce de sphincter autour de chaque ouverture.

Dans les sangsues injectées, on voit une infinité de ramifications sanguines pénétrer la tunique musculeuse; les unes se perdent dans cette tunique, les autres entrent vraisemblablement dans la composition des mamelons.

Ouvertures extérieures.

Les ouvertures des conduits qui vont de l'extérieur à l'intérieur appartiennent les unes à la tête, les autres au ventre, et les dernières au dos.

La tête ne présente qu'une seule ouverture; elle est située vers l'extrémité antérieure de la tête, et porte le nom de bouche; ses bords s'appellent lèvres; on les distingue en lèvre supérieure et lèvre inférieure, quoiqu'elles soient continuës; elles se raccourcissent et s'alongent avec tant de facilité et de promptitude qu'elles donnent à la bouche toutes sortes de formes : la lèvre supérieure est principalement celle qui agit le plus; en s'alongeant, elle prend une forme triangulaire ou demi-circulaire, et laisse voir au-dessous une ouverture ovale. En adhérant avec la lèvre inférieure à un corps solide et transparent, elle présente communément une surface plate, circulaire, et peu différente de l'extrémité de la queue lorsqu'elle est épanouie et fixée à un corps solide : souvent la lèvre supérieure se replie de dehors en dedans, ou de dedans en dehors; alors elle forme une espèce de mamelon rond d'un gris brun, qui remplit

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