Images de page
PDF
ePub

que

un ruisseau renfermée dans un vase, quelque grand qu'il soit.

Hors le temps de la progression dans l'eau, la sangsue est immobile ou en mouvement: lorsqu'elle ne jouit d'aucun mouvement, il est or-, dinaire de voir sa tête et sa queue adhérer en même temps aux parois du vase; ou bien sa tête hors de l'eau adhérer aux mêmes parois, tandis que la plus grande partie du corps et la queue restent plongées dans l'eau; ou enfin tout son corps être couché au fond de l'eau sur le ventre, sans adhérer aux parois du vase par la tête ni par la queue.

La sangsue en mouvement dans l'eau fait mouvoir son corps ou totalement, ou partiellement; lorsque tout son corps est en mouvement, elle nage à la manière des serpents; alors sa surface supérieure et l'inférieure paroissent souvent plus aplaties que lorsqu'elle est immobile dans l'eau; cela devient quelquefois plus sensible quand on y jette la sangsue; il n'est pas rare de la voir se précipiter presque perpendiculairement et sans mouvement bien apparent au fond du vase : quelquefois encore, la queue étant fixée au couvercle du vase et hors de l'eau, la sangsue se détache et tombe

[ocr errors]

d'elle-même au fond, en suivant une ligne presque perpendiculaire.

On observe fréquemment une partie de la sangsue s'agiter dans l'eau, tandis que l'autre est immobile: ainsi la sangsue tantôt se tient suspendue par la queue aux parois du vase, et le reste du corps fait des balancements presque égaux entre eux ; tantôt la tête et la queue adhèrent à la fois, et le reste du corps éprouve encore une espèce de balancement. Il faut remarquer que les sangsues sont ordinairement plus tranquilles la nuit que le jour; que pendant les orages, ou à l'approche d'une violente tempête, elles sont quelquefois plus agitées que dans tout autre temps; qu'une vive lumière présentée subitement devant le bocal où elles jouissent d'un parfait repos les détermine quelquefois à se mouvoir et à changer de place; enfin qu'un bruit grand et soudain proche du bocal où elles sont tranquilles souvent les fait entrer en mouvement.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. - Introduisez plusieurs sangsues dans un bocal aux trois quarts rempli d'eau, fermez-le hermétiquement; au bout de six jours elles paroissent comme engourdies:

ouvrez le bocal, et aussitôt plongez au milieu de l'air qu'il contient une bougie allumée, elle ne s'éteint pas. Les mêmes sangsues peuvent à peine mordre, et encore moins sucer.

Mettez six sangsues vigoureuses dans un grand vase entièrement rempli d'eau; bouchezle hermétiquement; les sangsues y meurent les unes au bout de dix jours, les autres au bout de quinze jours; un très petit nombre survit au-delà de ce temps. Si vous changez l'eau de deux en deux jours, elles peuvent vivre vingt ou trente jours, rarement au-delà. Vous contentez-vous de boucher avec du papier ou du carton le bocal où vous venez de renfermer

les sangsues, sans coller le papier ou le carton autour de l'ouverture du bocal, elles y conserveront autant de vigueur que si l'air libre frappoit l'eau. Il est donc inutile de percer le papier ou le carton pour qu'elles reçoivent plus immédiatement l'action de l'air libre.

Mettez un grand nombre de sangsues dans un vaste bocal rempli d'eau pure et souvent renouvelée, vous les verrez se mouvoir plus ou moins, selon les différents temps de l'année. En hiver, quoique tenues à l'abri du grand froid, elles se meuvent moins qu'au printemps ou en

automne; et dans ces deux saisons, moins qu'en été. Plus l'eau est pure et changée souvent, plus les mouvements des sangsues sont accélérés, leurs forces grandes, et leur vie de longue durée. Elles ne vivent jamais aussi long-temps dans le bocal contenant l'eau du marais où on

les a prises que dans l'eau pure. Renfermezvous un nombre considérable de sangsues dans un petit bocal, quelque soin que vous ayez de changer souvent d'eau pure, leurs mouvements seront plus rares que si le vase contenoit peu de sangsues; elles perdront plus promptement leurs forces pour mordre et pour sucer le sang, et elles mourront plus tôt.

Une des sangsues mises en grand nombre dans un bocal vient-elle à périr, les autres sangsues semblent être moins disposées à se mouvoir; l'eau se corrompt bientôt, et ne tarde

pas à donner une odeur très fétide, sur-tout si on néglige de retirer la sangsue morte; dans ce ças, il périt ordinairement une ou deux sangsues tous les huit jours, quand même on changeroit l'eau journellement ; et lorsqu'on ne renouvelle pas cette eau, particulièrement en été, la plus grande partie des sangsues meurt avant les huit jours. En général, plus la sangsue reste des

1

années dans un bocal dont on renouvelle l'eau tous les jours, plus elle devient petite, perd de sa force pour mordre, et fait peu de mou

vements.

En quelque temps de l'année que vous renfermiez un certain nombre de sangsues médicinales dans un bocal contenant de l'eau pure, ou de l'eau d'un marais, ou de l'eau de marais avec de la vase, vous ne les verrez jamais s'accoupler ni engendrer des oeufs ou de petites sangsues; vous ne verrez jamais dans ce bocal de très petites et jeunes sangsues nager ou rester tranquilles; enfin, vous ne verrez jamais les sangsues, quelque affamées que vous les supposiez, se mordre entre elles.

Ces expériences nous apprennent donc que, pour conserver la sangsue vigoureuse et bien portante, il faut la mettre dans un grand bocal, et avec peu d'autres sangsues; ne couvrir que d'un linge grossier, ou d'un parchemin, le vase où elle est contenue avec de l'eau; n'y ajouter aucune substance, sous prétexte de nourrir la sangsue; et tenir ce vase à l'abri de toute vapeur hétérogène.

TROISIÈME EXPÉRIENCE.

Mettez dans une

« PrécédentContinuer »