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fiole propre, et sans eau, une sangsue vigoureuse et de moyenne grosseur ; bouchez le vase avec une toile fine, la sangsue reste les premiers jours attachée par l'extrémité de la queue aux parois du vase; dès le quatrième jour, le volume de la sangsue diminue sensiblement; elle perd de ses forces; ses mouvements sont plus lents le cinquième et sixième jour; elle se tient d'ordinaire adhérente au fond du vase par la queue, quelquefois par la tête; elle passe des heures entières immobile; le canal génératif sort par intervalle de son fourreau, et fait plus ou moins de saillie hors du ventre. De l'ouverture du vagin il suinte quelquefois un peu de sérosité; les rides transversales et les mamelons sont saillants; il en transsude de la sérosité en petite quantité; le corps se rapetisse et devient de plus en plus grêle; le septième, huitième et neuvième jour, la queue et la tête cessent d'adhérer aux parois du vase; le neuvième jour, la sangsue reste couchée sur le dos, le corps en demi-cercle, la queue et la tête rapprochées du ventre.

Le dixième jour, la sangsue est comme immobile, et, par intervalles assez éloignés, elle fait

des mouvements peu sensibles; le conduit génératif donne des signes de mouvement; il suinte quelquefois par l'ouverture du vagin une très petite quantité de sérosité; la sangsue perd de plus en plus de son volume et de l'humidité qui lubrifie ses téguments.

Le onzième, douzième, treizième et quatorzième jour, la sangsue ne change point d'attitude, ses mouvements deviennent progressivement moins sensibles; elle est plus petite et plus sèche, ordinairement elle meurt le quatorzième, quelquefois elle vit jusqu'au quinzième jour. On ne s'aperçoit de son existence qu'en approchant le vase du feu, ou en la jetant dans de l'eau pure et fraîche; alors l'extrémité antérieure se meut d'une manière presque imperceptible. L'extrémité postérieure meurt toujours avant l'autre; car si on jette dans l'eau une sangsue tenue à sec dans un bocal pendant onze ou douze jours, l'extrémité postérieure ne jouit d'aucun mouvement. Il faut encore observer que la sangsue tenue à sec dans un vase, bien loin d'acquérir les six ou huit premières heures de la vigueur et de l'empressement à mordre, perd l'une et l'autre; car la même

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sangsue au sortir de l'eau mord avec plus de promptitude et de force que celle qu'on prive d'eau pendant plusieurs heures.

Avant d'appliquer la sangsue sur les téguments, il n'est donc pas avantageux, pour la faire mordre plus promptement et avec plus de force, de la tenir à sec dans un vașe.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Renfermez dans un bocal rempli d'eau pure des sangsues vigoureuses aussitôt qu'elles se sont rassasiées du sang d'un homme sain: le printemps, l'été l'automne et l'hiver, tant que le mercure se soutient dans le thermomètre au dessus de la glace, exposez ces sangsues à l'air libre, le bocal recouvert d'un papier, avec la précau tion de changer l'eau tous les deux jours; elles vomiront les premiers jours une portion du sang qu'elles ont sucé; ensuite l'eau du bocal cessera d'être teinte de sang pendant six mois, un an, deux, quatre ans et plus; si yous n'ajoutez à l'eau aucune substance nutritive, si vous ne faites pas mordre aux sangsues des animaux dont elles puissent sucer du sang, dès le quatrième ou le cinquième mois elles commencent à perdre de leur force et de

leur volume; au bout d'un an elles deviennent plus petites, et sont moins actives pour ouvrir un vaisseau sanguin et en sucer le sang alors placez ces sangsues sous le récipient de la machine pneumatique, vous les verrez vomir une petite portion de sang clair qui paroît n'avoir pas souffert une grande décomposition, ou si vous ouvrez le ventre d'une de ces sangsues, vous trouverez encore dans les premiers estomacs une petite portion de sang rouge fluide et peu décomposé, tandis que le sang contenu dans les derniers estomacs est d'un rouge foncé et moins fluide; ce sang donne quelquefois une odeur plus ou moins fétide. La faculté qu'ont les premiers estomacs de la sangsue de conserver long-temps le sang sans éprouver de décomposition sensible explique pourquoi cet insecte peut vivre tant de temps sans prendre aucune espèce de nourriture.

Les sangsues retirées d'un étang, et mises dans un bocal rempli d'eau pure qu'on a soin de changer fréquemment, deviennent au bout d'un an, comme les sangsues ci-dessus, moins fortes et plus petites; elles n'y multiplient jamais; il faut donc, pour avoir des sangsues toujours promptes à ouvrir des vaisseaux

sanguins et à en sucer le sang avec force, renouveler les sangsues contenues dans le bocal tous les deux ou trois mois, et tous les mois en hiver lorsqu'elles ont supporté un certain degré de froid : les sangsues qu'on retire en his ver des étangs, des lacs ou des rivières, ont moins d'activité que celles qu'on prend au prin temps, en été et en automne; les sangsues redoutent tellement le froid, qu'en hiver elles se tiennent ordinairement au fond de l'eau, ou dans la vase, sur-tout quand le temps promet de la gelée.

Expériences sur les sangsues divisées ou blessées.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Ouvrez la bouche et le canal alimentaire d'une sangsue vivante, vigoureuse et de moyenne grosseur, le long du dos depuis la tête jusqu'à la queue; aussitôt le corps se rapetisse, les rides transversales et les mamelons sont plus saillants; il sort de la plaie du sang vermeil, et des estomacs du sang d'un rouge d'autant plus foncé qu'il a séjourné plus long-temps étendez la sangsue ainsi divisée sur le ventre, d'une manière fixe,

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