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et jouira pendant plusieurs heures de la vie. L'air extérieur ne contribue donc pas à la succion du sang, et son passage du vaisseau sanguin dans la bouche et l'œsophage ne s'opère donc point par le même mécanisme que le passage de l'eau d'un puits dans le corps d'une pompe dont le piston est mis en mouvement. 53° Coupez l'extrémité antérieure et posté rieure de la sangsue; il sort plus de sang de la partie antérieure coupée que de la partie postérieure : plongez aussitôt la sangsue dans l'eau, le sang ne tarde pas à s'arrêter; elle s'agite en tout sens, ensuite elle reste quelque temps au fond de l'eau; mais ce repos n'est pas de bien longue durée, sa partie antérieure adhère aux parois du vase et attire à elle la partie postérieure; étant mise à sec sur un corps solide d'une surface plate et unie, elle va en avant presque aussi vite qu'une sangsue entière et vigoureuse. Les premiers jours, une humeur muqueuse, transparente, et soulevée à la manière d'une ampoule, enveloppe plusieurs portions de son corps, particulièrement le dos ; cette humeur est si tenace et si étendue qu'on la prendroit volontiers pour l'épiderme. D'au tres portions du dos, principalement vers sa

partie postérieure, sont couvertes aussi d'une espèce de mucosité remplie d'un grand nombre de bulles d'air, qui se détache et souvent se renouvelle. La partie antérieure se tient fréquemment hors de l'eau, et lorsque la sangsue s'y plonge en entier, elle s'y meut parfois très rapidement; d'ordinaire elley reste immobile, l'une ou l'autre extrémité étant adhérente aux parois du vase. Ces deux extrémités coupées n'acquièrent point de grosseur; l'extrémité antérieure est toujours moins grosse que la postérieure.

Il s'échappe quelquefois par ces deux extrémités une matière fluide colorée, qui trouble l'eau et lui donne une teinte jaunâtre.

Si on change d'eau tous les deux jours, la sangsue ainsi mutilée vit ordinairement un an, quinze mois, deux ans et même plus, sans paroître avoir perdu d'une manière très sensible de son volume, de sa force et de sa mobilité; pendant tout ce temps elle ne reçoit aucune impression de la lumière la plus

vive.

Après la mort d'une sangsue dont les deux extrémités ont été coupées depuis un an, on remarque à l'extrémité antérieure une ouver

1o trois

ture moins large que la bouche d'une sangsue entière et morte depuis peu de temps. Les bords de l'ouverture sont lisses, et paroissent à l'œil différer très peu extérieurement des téguments, et intérieurement de l'œsophage. La portion interne de cette extrémité offre, éminences saillantes peu éloignées des masses charnues coupées, et où la racine de chaque dent s'implantoit ; -2° l'ouverture antérieure du canal mitoyen située comme dans l'état naturel, derrière les masses charnues des dents; 3o le canal mitoyen de la grandeur de huit à dix lignes, placé le long de l'œsophage, et dont l'ouverture est beaucoup plus sensible que chez la sangsue entière et morte naturellement pour les canaux situés à côté le canal mitoyen, rarement on les découvre avec la loupe.

:

L'extrémité postérieure de la même sangsue est unie; on aperçoit au milieu une petite ouverture qui communique par un conduit très court avec le grand canal alimentaire. Les estomacs les plus proches de cette extrémité contiennent encore quelques molécules noirâtre.

de

sang

De six sangsues auxquelles je n'ai coupé que

l'extrémité postérieure, quatre sont mortes au bout de deux mois; je n'ai pu découvrir avec la loupe à l'extrémité postérieure des sangsues mortes aucune espèce d'ouverture; tandis qu'elle est bien visible au milieu de l'extrémité postérieure de la sangsue vivante dont les deux extrémités ont été coupées depuis long-temps: peut-être que la cicatrice de cette ouverture est la cause de la mort des quatre sangsues cidessus.

Ces expériences donnent droit de conclure que la sangsue peut vivre très long-temps dans l'eau sans bouche et sans queue; qu'elle n'a pas besoin de la bouche et du disque pour aller en avant et en arrière sur un plan solide; que les parties amputées ne se régénèrent pas; que les bords extérieurs des plaies peuvent se cicatriser sans laisser de traces sensibles, et sans boucher l'ouverture antérieure de l'œsophage et l'ouverture postérieure du canal alimentaire; enfin que pour vivre ainsi dans l'eau plusieurs mois et même plusieurs années, il faut qu'elle sorte en partie ou entièrement hors de l'eau, pour recevoir immédiatement l'impression de l'air extérieur.

4° Frottez long-temps et doucement avec

un linge usé ou avec les doigts une sangsue vigoureuse; étendez les frictions de la tête vers la queue, ou de la queue vers la tête; au bout de demi-heure environ il sortira par la bouche quelques gouttes de sang clair; continuez les frictions pendant près de deux heures, un sang plus ou moins noirâtre s'échappera des estomacs par la bouche, il deviendra visqueux, très épais, et d'un rouge noir peu de temps après être sorti : les frictions de la queue vers la tête font rendre plus de sang par la bouche. Il est rare qu'il sorte par l'anus de petites portions d'excréments noirâtres. Les téguments sont secs tant qu'on les frotte; il ne s'en écoule point de sang, à moins que le linge ou la peau des doigts ne soient rudes au point d'écorcher les téguments.

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Lorsqu'on a fait des frictions' pendant une ou deux heures, on distingue sur le dos une ouverture, opposée à celle du conduit génératif; nqus n'avons jamais pu faire pénétrer un stylet ou l'injection dans le conduit de l'ouverture dorsale pour pouvoir décou vrir à quelle partie interne il alloit aboutir. Jetez dans un bocal rempli d'eau pure la sangsue frottée pendant deux heures avec le

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