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doigt ou un linge usé, elle reste comme engourdie, rend souvent du sang par la bouche, et pour l'ordinaire meurt vingt-quatre ou trente-six heures après son immersion.

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› Avant d'appliquer les sangsues sur le corps de l'homme, gardez-vous de les frotter quelque temps avec un linge; elles mordent plus difficilement et avalent beaucoup moins de sang.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Faites à une sangsue une blessure avec un instrument tranchant, pénétrante dans un des estómacs et de la grandeur de deux, trois ou quatre lignes ; renfermez aussitôt la sangsue dans un vase rempli d'eau avec trois ou quatre sangsues vives et affamées; la sangsue blessée s'agite, il sort de la plaie beaucoup de sang; en même temps les trois autres sangsues, bien loin de s'attacher à la plaie, et de se gorger de sang, semblent au contraire y répugner et s'éloigner dans les premiers moments. Au bout. de deux heures, changez d'eau, le sang cesse de couler, la sangsue, adhère souvent aux parois du vase, elle ne fait pas de grands mouvements; elle se roule fréquemment en forme

de spirale, la bouche ou l'extrémité de la queue étant fixées aux parois du vase.

Le troisième et quatrième jour la sangsue paroît presque aussi vigoureuse que le second jour; quelquefois il s'échappe de la blessure une matière muqueuse demi-transparente et blanchâtre. Le quatrième et cinquième jour environ la plaie se dilate, donne un sang clair, et quelque soin qu'on prenne de renouveler l'eau, il s'écoule les jours suivants plus ou moins de sang.

Le huitième jour les inégalités et le gonflement des bords de la plaie ordinairement augmentent; elle fournit une matière muqueuse d'un blanc jaunâtre et une plus grande quantité de sang; la sangsue se tient au fond de l'eau sans adhérer aux parois du vase; la portion du ventre située au-dessous de la plaie présente beaucoup plus de tuméfaction que la portion du ventre au-dessus de la blessure; les téguments ont une couleur moins foncée; le fourreau du conduit génératif fait saillie, et le conduit commence à sortir. La sangsue fait peu de mouvement.

Le neuvième jour, les mouvements sont à peine sensibles, il s'écoule toujours beaucoup

de sang de la blessure; le conduit génératif est en grande partie hors de son fourreau plus ou moins saillant et jouissant par intervalles d'un mouvement sensible. Communément vers la fin du neuvième jour la sangsue meurt, et après sa mort la plaie ne cesse pas de rendre un sang clair pendant vingt-quatre heures au moins. Quelquefois la sangsue ne meurt que le dixième jour ou le onzième, principalement sion n'a blessé que les estomacs les plus proches de la queue. Durant tout ce temps, les trois sangsues bien portantes n'attachent jamais leur bouche à la plaie de la sangsue blessée, elles n'en sucent point le sang, elles conservent le même volume; si elles la touchent avec les autres parties de leur corps, il semble que c'est plutôt pour calmer ses souffrances que pour l'irriter. On a donc avancé faussement que les sangsues saines et voraces s'attachent aux plaies, récentes et profondes des sangsues, qu'elles en sucent le sang, enfin qu'elles les dévorent lorsqu'elles sont mortes. Mais avant de tenir ce langage, on auroit dû consulter l'expérience et l'observation, on auroit constaté les faits que je viens d'exposer. Ainsi les sangsues les plus vigoureuses et les plus affamées, réunies

dans un vase contenant de l'eau pure avec des sangsues blessées, ne s'y attachent pas plus qu'aux sangsues nouvellement gorgées de sang humain; ainsi ces insectes ne se font point la guerre et ne se nuisent jamais les uns aux

autres.

Quoique les sangsues ne se mordent point les unes et les autres, ce n'est pas une raison pour les réunir en grand nombre dans un petit bocal; elles corrompent l'eau en peu de temps; elles perdent de leur force; elles ouvrent avec moins de promptitude les téguments et les vaisseaux sanguins; et après la chute de ces sangsues, comme nous l'avons déjà rapporté, le sang qui sort des vaisseaux ouverts coule en moindre quantité que des morsures faites par des sangsues retirées vigoureuses des marais, et tenues depuis peu de jours et en petit nombre dans un grand bocal rempli d'eau pure souvent renouvelée.

Expériences sur des sangsues exposées à une grande chaleur et à un froid au-dessous de la glace.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Renfermez une

sangsue vigoureuse dans un bocal rempli d'eau pure et soumis à une chaleur graduée jusqu'au quatre-vingtième degré au-dessus de la glace suivant le thermomètre de Réaumur; la queue semble adhérer avec plus de force aux parois du vase; le reste du corps commence à se balancer, ensuite à s'agiter; plus la chaleur s'accroît et approche du moyen degré de l'eau bouillante, plus les mouvements de la sangsue deviennent fréquents sans avoir rien de régulier : lorsque la chaleur surpasse le moyen degré de l'eau bouillante, les mouvements sont violents; il se dégage des bulles d'air de la surface du corps; ensuite l'extrémité de la queue s'élargit et se forme en godet; il s'échappe des téguments beaucoup de bulles d'air et une matière filandreuse visqueuse, qui d'un côté se tient en suspension dans l'eau, et de l'autre adhère à la surface des téguments; les lèvres grossissent, l'ouverture de la bouche paroît plus grande, et lorsque la chaleur n'est pas éloignée du quatre-vingtième degré, la sangsue se rapetisse, le tuyau génératif sort, et elle reste sans mouvement. Ayez pour lors de l'eau à vingt-cinq ou trente degrés au-dessus de la glace, jetez-y la sangsue, vous la ver

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