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rez quelquefois jouir d'un mouvement plus sensible, et vivre ainsi quelque temps. La chaleur de l'air libre produite seulement par les rayons du soleil, quelque grande qu'elle soit, bien loin de nuire à la sangsue contenue dans un étang, ne fait qu'accroître sa force et son activité pour mordre les vaisseaux sanguins ; aussi pendant les grandes chaleurs de l'été et dans les pays méridionaux, les sangsues multiplient-elles davantage au printemps, sontelles plus vigoureuses, et mordent-elles plus fortement qu'en hiver et dans les contrées septentrionales.

Il n'en est pas de même des sangsues renfermées dans des bocaux avec de l'eau pure; s'ils sont exposés long-temps à une chaleur d'environ quarante degrés suivant le thermomètre de Réaumur, les sangsues mordent avec peu d'activité et ne sucent qu'une petite quantité de sang ainsi durant les grandes chaleurs de l'été, tenez les bocaux dans des endroits où l'air soit pur, et la chaleur depuis vingt jusqu'à trente degrés au plus.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Exposez à un froid

-

de cinq degrés au-dessous de la glace une sangsue très vivace renfermée dans un vase rempli d'eau pure; pendant la première heure, la sangsue s'alonge, se raccourcit au milieu du liquide dont elle est environnée : sa queue adhère aux parois du vase, et sa tête ne se fixe que pour en rapprocher la queue, et ainsi aller avec lenteur d'un endroit à l'autre : les rides transversales deviennent saillantes, ensuite la queue s'élargit; elle cesse d'adhérer aux parois du vase et elle se forme en godet : cependant la sangsue continue à se mouvoir, mais ses mouvements se ralentissent à mesure que l'eau se congèle et que la glace se concentre et resserre la celle-ci rend alors par la bouche une matière. limpide et visqueuse et un peu de sang ; il s'échappe de son corps une grande quantité de bulles d'air, et elle ne reste immobile qu'au moment où la glace commence à l'environner; la glace dont la sangsue se trouve entourée est remplie de bulles d'air. Plongez dans ce moment le bocal dans l'eau dont la chaleur est de douze ou quinze degrés au-dessus de zéro, la glace se fond et la sangsue reste morte, le corps flasque, la tête et le cou en partie envi

sangsue;

ronnés d'une espèce de mucosité écumeuse; alors la sangsue morte surnage jusqu'à ce qu'elle entre en putréfaction.

Ayez donc soin, durant l'hiver, de tenir continuellement dans un endroit d'une chaleur de douze à quinze degrés au-dessus du terme de la glace, le bocal où se trouvent renfermées l'eau et les sangsues, avec la précaution que l'air environnant le bocal soit pur, et que l'eau dans laquelle nagent les sangsues soit souvent renouvelée.

Expériences avec des sangsues sur les téguments de l'homme.

PEMIÈRE EXPÉRIENCE.

Appliquez sur une

portion des téguments de l'homme une sang

à

sue, elle ne tarde pas y adhérer, à mordre un vaisseau sanguin, et à en sucer plus ou moins de sang; elle se tuméfie; elle rend d'ordinaire par la bouche plus ou moins de sérosité visqueuse, et lorsqu'elle est gorgée de sang, elle se détache de la peau. La sangsue préfère communément les vaisseaux sanguins superficiels aux vaisseaux sanguins situés profondément dans la peau, les grands

vaisseaux veineux extérieurs aux petits vaisseaux sanguins profonds, à moins que les parois des grands vaisseaux ne soient beaucoup trop épaisses; elle s'attache encore plus volontiers aux artérioles superficielles qu'aux veines cutanées profondes, mais elle ne donnera pas la préférence à une artériole superficielle sur une veine superficielle, car elle ouvre très rarement les petites artères cutanées : elle n'attaque jamais les grandes artères superficielles, mais souvent les grandes veines superficielles, telles que la veine jugulaire externe; et lorsqu'elle suce le sang d'une artériole, elle ne se gorge pas plus de sang que si elle suçoit celui d'une veine il paroît d'après cela que la sangsue n'aime pas plus le sang artériel que le sang veineux; d'un autre côté en faisant attention à la facilité qu'ont les sangsues de mordre les grandes veines superficielles, et d'attaquer les artérioles, ainsi qu'aux inconvénients graves qui peuvent en résulter, on doit toujours éviter de diriger les morsures sur les grandes veines superficielles et même sur les petites artères dont on connoît le siège, d'autant plus que l'ouverture par les sangsues, soit de la veine jugulaire externe, soit de la veine crurale, soit enfin des petites ar

tères, est souvent fort difficile à fermer par les topiques astringents et par la compression.

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Faites mordre

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. par une petite sangsue du poids de quatre ou six grains un vaisseau sanguin; pourvu qu'elle soit forte, vivace, qu'elle entame promptement le vaisseau, et qu'elle en suce le plus de sang possible, elle discontinuera au bout de trois quarts d'heure ou d'une heure et demie au plus d'adhérer au vaisseau; quoiqu'elle paroisse avoir acquis une grosseur considérable, il est extraordinaire qu'elle pèse une once de plus qu'avant de sucer le sang : la même chose se passe à l'égard des sangsues les plus grosses, les plus affamées et les plus fortes; leur poids après la succion n'augmente ordinairement que de deux, trois, quatre, cinq, six ou huit drachmes au plus : les sangsues avant de mordre un vaisseau sanguin varient toutes de poids; et aucune ne suce la même quantité de sang; ajoutez que la même sangsue appliquée sur un vaisseau sanguin une fois tous les deux ou trois mois n'avale jamais la même quantité de sang.

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