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Il faut encore observer les phénomènes sui

vants :

1° Plusieurs sangsues appliquées en même temps sur les téguments de l'homme ne mordent point au même instant; elles mordent et sucent chacune avec plus ou moins de célérité et de force; les premières qui ont mordu ne sont pas toujours celles qui sont le plus tôt gorgées de sang : et quand elles mordroient au même instant, elles cessent de sucer et d'adhérer dans des temps différents;

2° Souvent la même sangsue mord deux, trois ou quatre vaisseaux sanguins, quelquefois elle y suce peu de sang;

3 Pendant leur succion, les sangsues vomissent quelquefois une petite quantité de sang et de sérosité, ou elles laissent couler un peu de de la morsure sans cesser d'adhérer aux parois de l'ouverture et de sucer le sang;

sang

4° La plupart des sangsues après leur chute vomissent d'ordinaire plus ou moins promptement une quantité indéterminée de sang.

5° Plongez les jambes dans l'eau qui contient des sangsues, elles s'attachent aux téguments, elles y ouvrent des vaisseaux sanguins et en

sucent le sang communément avec autant det force et de célérité que si on les avoit appliquées à sec sur la peau.

TROISIÈME EXPÉRIENCE. Présentez la sangsue la plus forte et la plus vorace aux téguments d'un homme pléthorique, mais d'ailleurs bien portant; avant qu'elle morde et qu'elle adhère au vaisseau sanguin, irritezla par toutes sortes de moyens, la blessure qu'elle aura faite ne sera suivie d'autres symptômes que ceux produits par une sangsue qu'on n'a point tourmentée et qui mord et suce tranquillement hors de l'eau ou dans l'eau. La même chose arrive lorsqu'on emploie une sangsue tirée d'un marais, ou d'un lac, ou d'une rivière, ou d'un ruisseau. Elle ne porte jamais. rien avec elle de vénimeux. Si après la morsure d'une de ces sangsues il survient des symptômes particuliers, attribuez-les à l'espèce de nerf ou de vaisseau mordu, à la qualité des humeurs du sujet, à son degré de sensibilité, et à sa disposition à l'inflammation.

Faites mordre à la cuisse, ou aux bras, ou aux bords de l'anus d'un homme sain, des des sangsues qui ont déjà mordu des galeux, des véné

riens, des dartreux, des personnes attaquées de petite vérole, ou de rougeole, ou de fièvre scarlatine, elles ne communiquent aucune de ces maladies. Cependant, pour tranquilliser l'esprit du malade et des assistants, ne vous servez que des sangsues récemment tirées d'un marais ou d'un ruisseau, et qui n'ont jamais été appliquées sur les téguments de l'homme.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE. — Appliquez des sangsues sur la cuisse d'un homme affecté d'une maladie inflammatoire, avec affoiblissement des forces vitales et musculaires, haleine et transpiration fétides, pouls petit, fréquent et dur, elles mordront avec plus de lenteur et de peine, elles suceront moins de sang, elles se détacheront plus tôt, et il en périra un plus grand nombre que des sangsues qu'on aura fait mordre à la cuisse d'un homme pléthorique d'ailleurs très sain. Le sang d'un sujet attaqué d'une maladie grave où les fluides sont aussi essentiellement altérés que les solides, est donc pour la sangsue une nourriture beaucoup moins saine que le sang d'un homme bien portant.

CINQUIÈME EXPÉRIENCE.

Mettez des sang

sues sur les cuisses d'un certain nombre de sujets différant peu d'âge, de tempérament, de constitution et indisposés par pléthore, elles ne mordront pas dans le même temps, elles ne se rempliront pas également de sang, elles se détacheront dans des temps différents; chez quelques uns elles refuseront de se fixer, de mordre et de sucer, ou si elles mordent, elles suceront lentement, peu de sang, ou se détacheront presque aussitôt qu'elles auront mordu, et après leur chute il s'écoulera peu de sang des des morsures; tandis qu'appliquées sur d'autres sujets, elles mordront avec promptitude, elles suceront rapidement beaucoup de sang, et après leur chute il s'écoulera des morsures une grande quantité de sang. Cela ne dépend pas seulement du degré d'activité, de sensibilité et de voracité de la sangsue, mais souvent de la qualité des solides et des fluides que présente chaque personne mordue.

Expériences avec des sangsues sur les poissons.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Renfermez dans un

bocal contenant une pinte d'eau de rivière huit sangsues très vivaces avec une grenouille; changez l'eau de deux en deux jours. Pour peu que les sangsues touchent la grenouille, elle s'agite violemment, elle se transporte avec rapidité d'une extrémité du vase à l'autre ; mais au bout de quinze jours, d'un mois, de six semaines, soit que les sangsues s'habituent à ce genre de combat, soit que la grenouille perde de sa vivacité, une ou deux sangsues s'attachent à l'improviste au ventre ou au dos de la grenouille, la mordent et sucent son sang; souvent à la première succion elle périt, rarement elle résiste à une seconde ou troisième attaque, sur-tout lorsque deux sangsues mordent et sucent en même temps. Cependant il est extraordinaire de voir les sangsues obtenir semblable victoire dans les étangs, les ruisseaux et les marais, quelque nombreuses qu'elles y soient, parceque les grenonilles sont pour lors très fortes et agiles, et qu'elles ne se laissent pas approcher aussi facilement. Il n'en est pas ainsi des hommes et des quadrupedes qui vont se baigner dans les étangs, les sangsues s'y attachent communément avec une promptitude et une force extrêmes : en Europe, plus la chaleur

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