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du pays et de la saison est grande, plus elles agissent fortement.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Mettez une dorade de la Chine, de deux pouces de longueur, avec six sangsues très vivaces dans un bocal renfermant une pinte d'eau de rivière; la dorade attaque les sangsues, particulièrement celles qui se tiennent au fond de l'eau ; les premiers jours elles redoutent ce poisson, et il paroît maître du champ de bataille; mais comme il ne cesse de harceler, il se trouve à la fin mordu dans la bouche au moment où il veut saisir l'extrémité de la tête d'une sangsue; après de grands efforts souvent il s'en débarrasse; cette morsure le rend plus timide, il ne poursuit pas avec autant de courage la sangsue: la dorade est-elle de nouveau mordue dans la bouche ou à l'œil, les seules parties que les sangsues peuvent plus facilement attaquer; il est rare qu'elle ne succombe, s'il lui est impossible de les détacher. La dorade qu'on nourrit bien, et qu'on tient dans de l'eau pure et souvent renouvelée, vit ordinairement avec ces insectes un ou deux mois, et quelquefois davantage, sans en devenir la victime. D'après ces expériences on conçoit aisément

sangsues

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que les sangsues, en quelque nombre qu'on les suppose dans un étang, ne peuvent en détruire les poissons ; d'ailleurs on verroit ceux-ci surnager après leur mort: c'est donc sans raison qu'on a avancé que les étoient capables, en se multipliant beaucoup, de faire périr tous les poissons d'un étang, et que le seul moyen de les préserver étoit de jeter beaucoup de sel marin dans l'étang; mais avant d'en pouvoir saler l'eau, quelle prodigieuse quantité de sel ne faudroit-il pas employer? Et en salant ainsi cette eau, n'exposeroit-on pas tous les poissons à un danger plus réel ? D'ailleurs on ne doit pas avoir tant d'inquiétude sur la multiplication des sangsues dans les étangs empoissonnés, elles servent de pâture à plusieurs espèces de poissons, tels que le brochet, et à divers oiseaux d'eau.

Expériences avec des substances animales sur des sangsues.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.-Renfermez dans une fiole contenant cinq onces de salive une sangsue depuis deux mois à jeun, la sangsue fait des efforts continuels pour sortir du vase; elle se

meut beaucoup; à la fin du premier jour elle commence à vomir du sang; le second jour elle en vomit beaucoup plus, ainsi que le troisième jour; vers ce temps elle se tient ordinairement au fond du vase assez tranquille, sans néanmoins avoir perdu toutes ses forces: si le vase est entièrement rempli, la sangsue vit rarement au-delà de huit jours.

La salive d'un homme attaqué de salivation par le mercure tourmente beaucoup plus la sangsue, et elle périt plus promptement que dans la salive d'un homme sain.

Une sangsue vigoureuse et affamée mord souvent avec peine aux gencives d'un homme bien portant, et sur-tout d'un scorbutique ; dans l'un et l'autre cas elle ne reste pas si longtemps adhérente aux vaisseaux sanguins de cette partie, que lorsqu'elle mord et suce un vaisseau des téguments.

Si en avalant de l'eau, il s'y trouve une sangsue, elle ne s'attachera pas en passant aux parois du pharynx et de l'œsophage ou elle sera sur-le-champ rejetée par la bouche, ou elle glissera dans l'estomac ; ce qui est extraor dinaire. Les sangsues qui se trouvent dans les eaux de citerne d'Egypte, et qu'on prétend

adhérer avec tant de force et si long-temps au pharynx ou à l'œsophage sont certainement d'une autre espèce que la sangsue médicinale; car une forte vapeur de tabac brûlé, ou l'eau saturée de nitre, ou l'esprit-de-vin, qui détachent et font mourir la sangsue médicinale avec tant de promptitude, n'agissent pas d'une manière aussi sensible, suivant les voyageurs médecins, sur la sangsue égyptienne.

la

DEUXIÈME EXPÉRIENCE.-Mettez une sangsue dans une fiole renfermant du fiel de l'homme, ou du bœuf, ou du mouton, quatre onces; aussitôt la sangsue s'agite en tout sens ; elle se replie sur elle-même de manière que tête et la queue regardent le ventre; elle change rarement d'attitude; elle rend par la bouche une grande partie du sang contenu dans les premiers estomacs et pour l'ordinaire au bout de deux heures elle périt. Peu de temps avant sa mort le conduit filiforme commence à sortir de son fourreau; à peine vingt-quatre heures se sont-elles écoulées depuis sa mort que l'épiderme se sépare facilement de la peau, que le conduit séminal se trouve mou et lâche, et que la sangsue exhale une odeur fétide. Sup

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posons donc qu'une sangsue parvienne dans l'estomac, qu'elle s'attache aux vaisseaux de ses parois, l'irritation qu'elle causera ne tardera pas à y à y faire refluer la bile par la contraction du duodénum; peu de temps après la sangsue se détachera, et elle périra bientôt. Si le suc gastrique de l'homme ressembloit à celui des quadrupedes ruminants, ce que je ne crois pas, la sangsue ne pourroit mordre les parois. de l'estomac, parcequ'on observe qu'étant plongée dans le suc gastrique d'un bœuf ou d'une brebis, elle s'y agite beaucoup, elle vo mit du sang, ensuite elle se meut difficilement, et périt le second ou le troisième jour.

TROISIÈME EXPÉRIENCE.

Introduisez dans

une fiole renfermant six onces d'urine une sangsue très vivace ; elle s'agite, fait effort pour sortir du vase ; il ne se passe pas six ou huit heures qu'elle ne vomisse du sang clair, quoiqu'elle l'ait sucé depuis deux mois environ; ensuite sa tête et sa queue adhèrent aux parois du vase; la bouche laisse voir les trois dents dont les pointes se touchent. et s'éloignent comme si elles entamoient un vaisseau sanguin. Le second jour elle est plus

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