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queue, et avant qu'il se soit écoulé demi-heure la sangsue reste immobile et périt; son corps flasque ne tarde pas à donner une odeur fétide. le sel marin, qui passe pour faire mourir avec promptitude la sangsue, agit plus lentement que le nitre; d'ailleurs il est extraordinaire de voir une sangsue, quelque peu de temps qu'elle soit exposée à l'action du nitre, échapper à la mort, au lieu que la sangsue qui ne demeure qu'une minute dans de l'eau aiguisée de sel marin, et qu'on lave ensuite dans plusieurs éaux reprend ordinairement sa première vigueur.

La sangsue morte dans l'eau nitreuse devient propre à faire des recherches sur sa structure interne et externe. L'eau nitreuse ne s'oppose pas à la putréfaction de la sangsue morte; au contraire il paroît que la sangsue s'y putréfie plus promptement qu'une sangsue morte de réplétion de sang et tenue dans l'eau pure.

Expériences sur les sangsues avec les sels neutres métalliques ou avec des substances minérales.

PREMIERE EXPÉRIENCE. Jetez une sang

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sue dans eau distillée quatre onces, tenant en solution sublimé corrosif deux grains; elle s'agite de diverses manières pendant deux minutes environ; elle s'alonge, s'aplatit, se contourne, et ne présente que des mouvements. convulsifs; elle rend par la bouche et par les mamelons voisins de la queue une matière visqueuse demi-transparente, qui d'un côté adhère à ces orifices, et de l'autre flotte dans le fluide où la sangsue se trouve plongée; ensuite elle se rapetisse, ses rides transversales deviennent très saillantes, elle reste presque immobile, l'extrémité de sa queue s'épanouit et offre à la simple vue des rides longitudinales ou plutôt de petits faisceaux musculeux qui s'étendent en forme de rayons du centre du disque à sa circonférence; au bout d'une demi-heure au plus le dos se replie en demi-cercle, des bulles d'air y sont comme attachées; alors la sangsue se tient couchée sur le dos, et meurt dans cette attitude, le conduit génératif tendu et saillant hors de son ouverture extérieure. {、༼༨¢ས ན

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La sangsue se conserve dans cette dissolution pendant plusieurs années sans donner le moindre signe de putréfaction et de décomposition. De tous les moyens connus pour la conservation

des insectes et de plusieurs autres animaux, cette dissolution est le moins dispendieux et peutêtre le plus utile; l'esprit-de-vin, le seul fluide qui puisse l'emporter pour conserver les animaux, est cher et s'évapore promptement.

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plongée dans deux onces d'eau distillée, tenant en solution six grains de pierre infernale, tout à coup se rapetisse; aussitôt après elle s'alonge, s'agite, se raccourcit, se recourbe tantôt sur le dos, tantôt sur le côté ; l'extrémité de la queue est évasée, la bouche se rétrécit et ne rejette qu'une très petite quantité de sang et de mucosité; ensuite la sangsue forme de tout son corps un cercle, elle se redresse par intervalles en s'agitant avec plus ou moins de force. Rapetissée, courbée et couchée sur le dos ou sur le côté, elle reste près d'une minute comme immobile, la bouche fermée, l'extrémité de la queue épanouie et formant le godet; enfin trois minutes après son immersion elle meurt sans changer de situation; elle la conserve même pendant plusieurs mois, seulement elle prend une couleur d'un gris cendré, et durant

ce temps elle n'offre aucuns signes de putré faction et de décomposition.

D'après cette expérience et une multitude d'autres faites avec la pierre infernale sur les tumeurs, excroissances où chairs morbifiques superflues qui attaquent plusieurs espèces d'animaux, il est permis de conclure que pour consumer ces parties, sur-tout lorsque les environs sont disposés à la putréfaction, la pierre infernale est préférable à tous les autres caustiques. En formant un escarre, elle paroît préserver les chairs situées sous la partie brûlée de la corruption, ou du moins elle la retarde.

TROISIÈME EXPÉRIENCE.

Plongez dans

deux onces d'eau, tenant en solution six grains. de pierre à cautère, une sangsue très vivace,. et qui depuis long-temps n'a pas sucé du sang; la sangsue s'agite avec force; alternativement elle se met en cercle et s'étend; la tête et l'extrémité de la queue s'élargissent; il s'échappe de la surface de la peau quelques bulles d'air et plus ou moins de mucosité; tout son corps s'aplatit; elle acquiert du volume, ses mouvements sont insensibles, et trois minutes en

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viron après son immersion elle meurt; elle est alors flasque, alongée et entourée d'une espèce d'auréole muqueuse. Au bout de douze heures les extrémités de la sangsue deviennent d'un blanc grisâtre et presque transparentes ; il s'exhale du bocal une odeur à peine fétide; le second et le troisième jour la fétidité augmente et la décomposition commence à s'opérer; le cinquième ou le sixième jour, il n'y a plus vestige de sangsue, il ne s'est point dégagé d'air d'une manière sensible, et l'odeur est assez fétide.

Introduisez une sangsue vigoureuse dans un petit flacon renfermant deux drachmes d'eau pure, tenant en solution douze grains de pierre à cautère, bonchez exactement le flacon; à l'instant la sangsue se rapetisse, ses extrémités s'épanouissent, elle jouit de peu de mouvement, et au bout de deux ou trois secondes elle meurt. Douze ou quinze heures après, il y a entière décomposition de son corps, la dissolution est rougeâtre avec sédiment noirâtre, et lorsqu'on vient à déboucher le flacon il en sort une odeur très fétide, sans qu'il s'échappe de l'air sensiblement : cette dissolution exposée à l'air hbre prend une couleur de vert foncé.

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