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Plus la dissolution de la pierre à cautère dans l'eau pure est forte et soumise à une grande chaleur, plus la décomposition de la sangsue est prompte. Pourquoi donc les alkalis fixes et la lessive des savonniers [ composé d'alkali fixe et de chaux vive], reconnus de tout temps pour détruire les substances ani→ males, sont-ils encore administrés à haute dose par des empiriques, intérieurement et extérieu→ rement avec plus ou moins d'eau, lorsqu'il s'agit de résoudre des tumeurs dures, plus ou moins douloureuses, soit internes, soit externes, de dissoudre différents calculs, et d'attaquer l'humeur cancéreuse ou l'humeur scrofuleuse? Ils veulent ignorer aux dépens de l'humanité les effets funestes de semblables substances.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Plongez une sangsue qui depuis long-temps n'a pas sucé le sang dans six onces d'eau filtrée, tenant en solution tartre émétique deux grains; la sangsue se meut avec rapidité; elle ne, vomit ordinairement ni mucosité, ni sang; ensuite ses mouvements se ralentissent et elle vit plusieurs semaines dans cette dissolution comme dans

l'eau pure.

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Jetez une sangsue qui a sucé le sang depuis deux ou trois mois dans quatre onces d'eau filtrée, tenant en solution douze grains de tartre émétique; la sangsue s'agite et vomit la plus grande partie du sang qu'elle contient dans ses estomacs; rarement elle vit au-delà de vingtquatre heures.

Le tartre émétique communément ne fait pas vomir la sangsue à la dose suffisante pour produire cet effet chez l'homme; mais à haute dose cette substance fait également vomir et périr la sangsue; on cite aussi des exemples d'hommes qui ont résisté à la dose de quinze à vingt grains de tartre émétique; mais ces exemples sont rares.

CINQUIÈME EXPÉRIENCE. — Mettez une sang. sue dans eau distillée quatre onces, tenant en solution vitriol de fer une drachme; la sangsue s'alonge et se raccourcit sans cesse ; elle se contourne plusieurs fois sur elle-même comme en spirale; elle ne reste jamais dans la même place, elle perd de son volume et vomit plus ou moins de mucosité; au bout de trois heures environ ses mouvements deviennent moins ra= pides et diminuent peu à peu jusqu'à ce qu'elle

soit presque immobile, la queue médiocrement rapprochée de la tête. Vers la sixième heure environ après son immersion elle meurt pour ainsi dire desséchée. D'après cette expérience, il ne faut pas s'étonner de ne trouver aucune sangsue dans les eaux minérales ferrugineuses.

SIXIÈME EXPÉRIENCE. - Jetez une sangsue dans trois onces d'eau pure tenant en solution vitriol de cuivre une drachme; aussitôt elle s'agite en tout sens avec rapidité; elle rend par la bouche et par la peau beaucoup de mucosité blanchâtre et opaque : les violents mouvements de la sangsue se soutiennent pendant demiheure, ensuite ils diminuent par degrés; dè temps en temps elle se rapetisse, sa tête se rapproche de la queue, et tout à coup elle s'étend en faisant des mouvements convulsifs, et se roule sur elle-même : deux heures ne se sont

pas écoulées que les mouvements paroissent plus petits; elle se raccourcit, enfin elle meurt après avoir resté trois heures environ dans la dissolution aqueuse du vitriol de cuivre. Si on y laisse la sangsue morte, elle s'étend, devient molle et répand une odeur fétide presqu'à la même époque que la sangsue morte naturelle

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ment dans l'eau pure: le vitriol bleu ne retarde donc pas la putréfaction des substances animales, comme plusieurs le prétendent.

SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Plongez une sangsue dans deux onces d'eau pure tenant une drachme de verdet, partie en solution, partie en suspension; la sangsue s'agite de mille manières pendant près d'une heure, ensuite elle jouit de peu de mouvement, et au bout de deux heures au plus eile meurt; le corps reste comme en état de rigidité en demi-cercle, d'une couleur tirant sur le bronze et présentant les premières heures ses rides transversales très saillantes, la bouche rétrécie et l'extrémité de la queue épanouie : huit jours après sa mort, la dissolution de verdet ne donne point d'odeur putride, la sangsue ne change point de couleur, seulement elle paroît plus tuméfiée que le premier jour. Au bout de quatre mois la sangsue n'a point changé de forme, seulement les rides transversales paroissent plus saillantes, et la couleur des téguments se trouve bronzée: le liquide où la sangsue est plongée ne donne aucune odeur quoiqu'il communique avec l'air extérieur. L'eau saturée de verdet

peut donc empêcher l'eau et les substances animales de se putréfier, au moins pour un long espace de temps.

HUITIEME EXPÉRIENCE.

Introduisez une

sangsue dans un bocal contenant une drachme d'alun en solution dans deux onces d'eau pure; la sangsue 's'agite pendant deux heures à la manière des serpents, elle rend par là bouche plus ou moins de mucosité, ensuite son corps se courbe du côté du ventre, faisant faisant peu de mouvement, la bouche béante et l'extrémité de la queue épanouie et couverte de mucosité. On juge que le moment de la mort de la sangsue approche lorsqu'en l'irritant on la voit à peine jouir d'un mouvement sensible; après sa mort, qui arrive ordinairement la sixième heure depuis l'immersion, le corps de la sangsue est rapetissé, courbé du côté du ventre et rigide; au bout de huit jours, elle est plus raccourcie en tout sens; l'eau alunée où elle est contenue ne donne aucune odeur ; plusieurs mois se passent sans qu'on aperçoive un changement dans la forme et la couleur de la sangsue. Cependant l'eau alunée ne défend pas aussi long-temps de la putréfaction les substan

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