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La sangsue exposée à l'action continuelle du gaz hydrogène vit donc plus long-temps qu'étant à sec dans un vase où elle communique immédiatement avec un air libre et pur.

A en juger par la lenteur des mouvements de la sangsue et par l'espèce d'engourdissement où elle se trouve au milieu de ce gaz, il faut le regarder comme stupéfiant, mais incapable de nuire à la sangsue, puisqu'elle y vit plus longtemps qu'au milieu d'un air libre et pur. On prétend que ce gaz étant appliqué chez l'homme sur une plaie accompagnée de vives douleurs, il les calme sur-le-champ; en le faisant aspirer à très petite dose et peu de temps à un homme attaqué de douleurs internes très vives, peutêtre le rendroit-il moins souffrant. Je recom mande de l'administrer à petite dose, parceque

je craindrois que ce gaz, aspiré long-temps et à haute dose, ne produisît des effets funestes, malgré les expériences réitérées de Pilâtre du Rosier, qui le laissoit passer à haute dose dans sa bouche, et l'y enflammoit sans en éprouver ni sommeil, ni stupeur, ni aucune autre espèce d'incommodité.

Expériences sur les sangsues avec la machine pneumatique.

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PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Placez sous un récipient de la machine pneumatique de trois pouces et quart de diamètre et de sept pouces de hauteur, une sangsue renfermée dans un petit vase à moitié rempli d'eau et couvert d'une toile fine; faites le vide; elle s'agite, il sort de la surface de son corps et de l'eau des bulles d'air; tout le temps qu'on pompe l'air elle tient l'extrémité antérieure hors de l'eau; dès qu'on cesse de faire mouvoir les pistons et tant que le vide se soutient presqu'au même degré elle paroît agir comme la sangsue la mieux portante exposée dans l'eau à un air libre..

Depuis le premier jour jusqu'au douzième jour elle semble ne souffrir aucune altération; seulement toutes les fois qu'on fait le vide plus grand, la sangsue se meut et porte sa tête hors de l'eau vers la toile qui couvre le vase. Le treizième jour étant mise dans l'eau pure et à l'air libre, elle jouit de la même force et de la même santé que les sangsues les plus vigou

reuses. Pendant tout ce temps l'eau où la sangsue vit ne se putréfie point.

La privation de l'air nécessaire pour la vie, d'une multitde d'animaux ne porte ici aucun préjudice à la sangsue contenue dans l'eau et long-temps exposée à l'action de la machine pneumatique : il est vrai que le vide opéré par cette machine, quelque bien construite qu'elle soit, n'est jamais parfait, et qu'il faut renouveler le jeu des pompes au moins de deux en deux heures, si on veut entretenir un vide à peu près égal. Peut-être que la petite portion d'air raréfié qui pour lors reste dans le récipient et dans l'eau suffit pour maintenir la vie, la force et la santé de la sangsue.

DEUXIÈME EXPERIENCE. Mettez à sec sous le récipient d'une machine pneumatique une sangsue vigoureuse retirée d'un étang depuis quelques jours, faites le vide, aussitôt elle s'agite, s'alonge, se raccourcit, donne des bulles d'air qui n'adhèrent qu'un instant à la surface de l'épiderme, et rend en même temps plus ou moins de sérosité muqueuse; ensuite elle fait peu de mouvements, et par intervalles reste immobile, la tête et la queue adhérentes aux

parois du vase, la surface de son ventre devient concave; elle se gonfle par portions, elle sereplie sur elle-même plus tuméfiée et plus immobile. Renouvelez-vous le vide dès qu'il commence la sang

à diminuer d'une manière sensible, sue à l'instant s'alonge et se remue pour revenir presqu'à son état précédent; elle rend par la bouche un peu de sang clair; l'extrémité postérieure est plus gonflée, proportion gardée, que le reste du corps ; la tête et le disque adhérent par intervalles aux parois du vase..

Le second jour, si on a soin de soutenir le vide autant qu'il est possible, en réitérant souvent le jeu des pistons, elle se meut pendant leur action et peu de temps après; puis elle rend plus ou moins de sang et de mucus par la bouche, elle tombe dans une sorte d'immobilité, et demeure plus souvent repliée sur elle-même qu'elle n'adhère aux parois du vase, soit par la queue ou par la tête, soit par l'une et l'autre la tête seule paroît opérer le transport du corps d'un endroit à l'autre : les téguments se dessèchent, elle est tuméfiée par portions inégales; l'extrémité postérieure se trouve comme étranglée proche du disque; la portion attenant le disque est plus tuméfiée et se meut

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difficilement; on remarque dans sa circonférence un vaisseau sanguin plus dilaté, lorsqu'on rend le vide plus grand.

1. Le troisième jour elle ne rejette ni sang, ni mucosité; il ne sort point de bulles d'air de son corps, quelque grand que soit le vide; elle devient plus sèche et plus grêle, elle se meut difficilement; chaque fois qu'on fait le vide plus considérable, l'étranglement de la queue augmente, et elle paroît immobile.

Le quatrième jour elle reste étendue sur le plateau; l'extrémité de la queue relevée est pour ainsi dire immobile; l'étranglement de cette extrémité postérieure est plus profond la tête et le corps jouissent à peine d'un mou vement sensible, rarement la tête adhère aux parois du vase,et le corps de la sangsué se dessèche de plus en plusz

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Le cinquième jour la sangsue est immobile; en faisant agir long-temps les pistons de la machine pneumatique, il est extraordinaire d'aper cevoir des mouvements très légers dans le corps et la tête, autrement elle paroît morte: communément elle meurt vers la fin du cinquième jour si on a eu soin d'entretenir le plus grand vide dans le récipient.

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