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n'est pas rare de voir la sangsue cesser un ins tant la succion, pour rendre par la bouche du sang et une quantité plus ou moins grande de matières limpides, visqueuses ou séreuses.

La succion dure communément trois quarts d'heure, une heure, une heure et demie, deux heures au plus : aussitôt que la sangsue a fini de sucer, elle détache ses lèvres, et tombe.

Il arrive souvent que la sangsue, après avoir sucé du sang pendant plusieurs minutes quitte le vaisseau entamé pour en aller prendre un autre, causer de nouvelles douleurs et sucer le sang de ce dernier vaisseau; quelquefois elle réitère jusqu'à trois ou quatre morsures : rarement la sangsue qui a mordu plusieurs vaisseaux se gorge de sang jusqu'à devenir très grosse, et communément les vaisseaux qu'elle a ouverts donnent après sa chute peu de sang.

Peu de temps après que la sangsue s'est détachée, on voit les bords et les parties environnantes de la morsure tuméfiés, chauds, tendus, et les vaisseaux sanguins dilatés : à mesure qu'on s'éloigne du temps de la succion, la tuméfaction, la chaleur, la rougeur, la tension augmentent; cet accroissement dure ordinairement douze heures, souvent vingt-quatre

heures, quelquefois quarante-huit heures. Fréquemment au hout de huit ou douze heures les environs de la plaie présentent une couleur violette semblable à une enchymose récente.

La quantité de sang dont chaque sangsue se remplit, et le temps qu'elle emploie à cette opération varient à l'infini; elles sucent du sang depuis une drachme jusqu'à une once au plus; il est extraordinaire qu'elles en avalent jusqu'à une once et demie; qu elles le vomissent en grande partie, ou elles périssent de réplétion.

Faites mordre plusieurs sangsues en même temps sur une portion de téguments; pendant la succion le pouls se concentre, souvent il devient petit, dur, et plus fréquent que dans l'état naturel; les muscles qui répondent aux morsures sont plus contractés, les artères voisines paroissent battre avec plus de force, les veines qui les accompagnent sont ordinairement plus dilatées : la succion cesse-t-elle d'être douloureuse et approche-t-elle de sa fin, le pouls commence à se développer. Au contraire la succion est-elle douloureuse, la concentration du pouls augmente; il survient souvent anxiété, malaise, inquiétude, agitation, particulière

ment chez les sujets très irritables, quelquefois défaillance, très rarement mouvements convulsifs.

Aussitôt que les lèvres et la bouche de la sangsue discontinuent d'adhérer à l'endroit où elle a mordu, on voit le sang sortir d'une ouverture qui, étant examinée sur-le-champ avec attention, représente trois angles égaux dont les sommets aboutissent au point le plus considérable de l'ouverture; ensuite elle prend la forme d'un triangle.

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La quantité de sang qui découle de la morsure de la sangsue est proportionnée à l'espèce, à la grandeur, à la situation du vaisseau sanguin, à la vigueur de la sangsue, à l'étendue de l'ouverture du vaisseau, à la disposition du sang à se coaguler, au degré de sensibilité et d'irritabilité du sujet et de la partie mordue, à l'âge, à la saison, et au degré de chaleur.

L'espèce de vaisseau sanguin que la sangsue mord le plus communément est la veine; après la chute de la sangsue, le sang sort sans jet, en pllis ou moins grande abondance, jusqu'à ce qu'il s'arrête naturellement ou par le secours de l'art': Partère est la seconde espèce de vais-> seau sanguin que la sangsue ouvre; elle n'at

taque que les artérioles superficielles, encore s'y attache-t-elle rarement; alors le sang sort par jets qui répondent à chaque pulsation du cœur; le sang qui s'écoule de l'artériole n'est pas plus vermeil que celui de la veine; il ne se coagule. pas ordinairement dans la plaie, à moins qu'on n'y applique un remède astringent et qu'on ne la comprime; et si l'art ne parvient à suspendre l'hémorragie artérielle, elle peut devenir mortelle.

L'ouverture d'un grand vaisseau veineux par une sangsue fournit toujours plus de sang que celle d'un petit vaisseau ; aussi une morsure à la veine jugulaire externe donne-t-elle beaucoup plus de sang qu'aucune veine des extrémités : il en est de même des artérioles,; plus elles sont grandes, plus elles doivent fournir de sang et présenter de difficultés pour l'arrêter. Les veines et les artérioles mordues laissent d'autant plus écouler de sang qu'elles sont plus superficielles; faites mordre des sangsues aux bords de l'anus à l'endroit où les veines se présentent à la surface de la peau, il sortira plus. de sang que des morsures faites aux veines des extrémités supérieures et inférieures, quelque superficielles qu'elles paroissent; cependant il

découle ordinairement beaucoup de sang des morsures faites aux veines superficielles' des jambes et des bras, plus particulièrement des veines qui rampent sur le pli du bras, sur la face interne de la cuisse, sur le tibia, sur les malléoles et le dessus du pied, que des veines situées sur le bras et les parties externes des cuisses et des jambes.

Appliquez sur la face interne de la cuisse un grand nombre de sangsues retirées le même jour d'un étang; les unes s'attacheront aussitôt aux téguments, mordront avec force le vaisseau sanguin, causeront une vive douleur, fer ront une grande ouverture et suceront avec promptitude beaucoup de sang; les autres resteront long-temps sans vouloir mordre, malgré les soins pris pour les y engager; la morsure sera lente, quelquefois peu douloureuse; elles surceront lentement peu de sang, et souvent elles se détacheront plus tôt que les premières. La grosseur et la vivacité des sangsues ne sont pas des signes qui annoncent d'une manière certaine qu'elles doivent mordre et sucer avec force ot rapidité; les grosses sangsues sont ordinairement gorgées de sang; les moyennes fortes et vives doivent toujours être préférées

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