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aux grosses et aux petites : les sangsues moyennes pour l'ordinaire des morsures plus considérables que les petites sangsues, le sang s'écoule avec facilité et promptitude, et les caillots se forment plus difficilement que dans les petites

morsures.

Le cours du sang provenant des morsures des sangsues diminue au moment où un caillot de sang commence à se former dans l'ouverture du vaisseau et dans la plaie faite aux téguments; l'évacuation sanguine se trouve entièrement supprimée, dés que le caillot bouche entièrement l'ouverture du vaisseau; enlevez ce caillot, vous renouvellerez aussitôt le cours du sang, et si vous agissez ainsi à mesure que le caillot tend à se former, vous entretiendrez l'hémorragie. En détachant le caillot extérieur, vous n'ôtez pas toujours le caillot interne, je veux dire celui qui ferme immédiatement l'ouverture du vaisseau; si ce caillot interne reste, le sang ne reparoît pas. Lavez continuellement la plaie avec de l'eau chaude, vous retarderez la formation du caillot, ou vous le détacherez à mesure qu'il se forme : nonobstant cette précaution, souvent le caillot s'établit et bouche exactement l'ouverture du vaisseau. Plus le

vaisseau sanguin mordu est grand, superficiel et dilaté, tel que la veine jugulaire externe plus le caillot est difficile à se former : aussi eston obligé, pour qu'il ait lieu, d'employer les topiques astringents et la compression : ce n'est pas le même principe qui empêche la formation du caillot à l'ouverture de l'artériole mordue par la sangsue, il faut l'attribuer à la forte impulsion du sang que le mouvement du cœur produit dans les artères ; si vous n'avez pas recours aux astringents et à la compression pour suspendre l'hémorragie artérielle, vous exposez le sujet aux accidents les plus funestes, et même à la mort lorsque le caillot ne peut se former.

La disposition qu'a le sang à se coaguler au sortir d'une veine mordue varie à l'infini. La disposition du sang à se coaguler est - elle grande; à l'instant le caillot se forme, et d'ordinaire, malgré tous les moyens que l'art a imaginés pour s'y opposer, le sang s'arrête; tandis que si le sang n'est pas disposé à se coaguler, les topiques astringents les plus forts et les compressions les mieux dirigées peuvent à peine supprimer son écoulement; ainsi ne vous étonnez pas en ôtant les topiques et les bandages trois ou quatre heures, quelquefois douze

ou vingt-quatre heures après qu'ils ont arrêté le sang, de voir renaître l'hémorragie, il est vrai avec beaucoup moins de force qu'aupa

ravant.

La disposition du sang à se se coaguler, ou à rester fluide en sortant de la morsure, peut encore varier dans le cours de l'année, chez le même sujet, quelque bien portant qu'il soit ; il arrive par exemple qu'au commencement du mois où l'on applique les sangsues, le sang se coagule à mesure qu'il s'échappe de la plaie; et à la fin du même mois où l'on réitère leur application, la fluidité du sang est si grande qu'on est obligé, pour en arrêter le cours, de mettre en usage les topiques astringents et la compression: pourtant il ne faut pas regarder

ce phénomène comme ordinaire.

Appliquez plusieurs sangsues au bras ou à la cuisse d'un homme pléthorique, doué d'une constitution robuste, peu irritable et médiocrement sensible; les sangsues ne tarderont pas à mordre, la douleur pendant les morsures et la succion du sang sera supportable; le pouls ne se concentrera pas d'une manière sensible, les sangsues suceront beaucoup de sang et avec assez de promptitude, elles acquerront aussi

un grand volume. Il n'en est pas de même chez tous les sujets bilieux, d'une constitution délicate, très irritable et sensible; quelquefois l'irritabilité et la sensibilité s'accroissent jusqu'à leur faire éprouver des défaillances, des mouvements convulsifs; alors les sangsues tombent souvent peu de temps après leurs morsures, et le sang coule à peine des plaies. L'action des sangsues varie donc selon le degré de sensibilité et d'irritabilité du sujet. On voit encore des sangsues qui ne veulent ni saisir, ni mordre certaines personnes; ou si elles s'y fixent, elles ne font que des morsures légères dont il s'écoule très peu de sang peut-être cela provient-il de la qualité particulière de la transpiration.

A-t-on de l'horreur pour les sangsues, redoute-t-on la douleur qu'elles causent, ne peuton voir sans effroi son sang couler; tout le corps s'agite, les muscles de la partie où elles mordent entrent dans une forte contraction; les téguments même participent de cet état; alors les sangsues mordent d'ordinaire avec peine; chaque morsure fait pousser des cris de douleur; le pouls se resserre beaucoup ; la succion est presque toujours de courte durée; et

fréquemment le sang coule en coule en petite quantité après la chute des sangsues; souvent il survient défaillance, rarement mouvements convulsifs. Après la suppression, il reste pendant vingtquatre, et fréquemment trente-six heures, beaucoup de sensibilité et d'irritation.

La partie où la sangsue mord et suce peut jouir d'une si grande sensibilité que la morsure produise une douleur très aiguë et capable de causer des convulsions, ou de faire tomber en défaillance, symptômes qui, pour l'ordinaire, cessent aussitôt qu'on a détaché la sangsue, à l'aide du sel marin, ou du nitre ou du tabac; il y a lieu de croire que cette excessive douleur provient de l'entamure d'un nerf cutané, par les dents de la sangsue.

Les sangsues n'agissent pas absolument de la même manière sur l'enfant, le jeune homme, l'adulte, et le vieillard, sur l'homme et la femme. Elles mordent les vaisseaux des enfants avec promptitude; elles causent une douleur vive, elles sucent en peu de temps beaucoup de sang, et après leur chute les plaies saignent abondamment; le caillot est ordinairement long à se former, et on est plus souvent obligé d'arrêter l'hémorragie avec les topiques astrin

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