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pour provoquer le frottement, ordinairement suivie de rougeur, chaleur, douleur, tension et tuméfaction plus ou moins considérables. Cette espèce d'inflammation se termine communément par résolution : quelquefois la chaleur, la douleur, la tension, la rougeur et la tuméfaction s'accroissent jusqu'à causer un érésipèle très étendu et long à se résoudre; il est extraordinaire qu'il abcède, encore plus qu'il dégénère en gangrène. Il arrive plus fréquemment que les bords et les environs de la morsure sont attaqués d'une inflammation forte et douloureuse qui se termine en peu de temps par suppuration de plus ou moins longue durée.

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Les praticiens ne sont point d'accord sur la cause de ces derniers symptômes les uns les attribuent aux mauvaises qualités des sangsues; les autres à un haut degré de sensibilité et d'irritabilité du sujet et de la partie mordue; ceuxlà à la disposition inflammatoire tendant à la suppuration ou à la gangrène; ceux-ci aux dents que la sangsue laisse dans la plaie. On observe souvent que parmi les sangsues appliquées en grand nombre et en même temps à la cuisse ou à la jambe, il s'en trouve plusieurs dont

les morsures après la suppression du sang s'enflamment et suppurent, tandis que les morsures des autres sangsues ne sont accompagnées que d'inflammations légères, promptement terminées par résolution. On observe encore que les mêmes sangsues qui ont excité une vive inflammation, étant appliquées deux mois après sur le même sujet, font des morsures dont les bords s'enflamment à peine.

Ces différentes espèces d'inflammation dépendent plus de la grande sensibilité et irritabilité, et de la disposition inflammatoire du sujet, que des mauvaises qualités des humeurs de la sangsue et de la manière dont ses dents agissent sur les nerfs et sur le vaisseau sanguin; la disposition inflammatoire subsiste quelquefois des années entières, quoique le sujet jouisse d'une bonne santé : car on voit des hommes habitués chaque année à se faire appliquer par précaution des sangsues aux cuisses, éprouver constamment à l'endroit des morsures et aux environs un érésipele ou des tumeurs inflammatoires qui dégénèrent en abcès.

Les dents de la sangsue ne restent jamais dans la plaie, soit qu'on arrache la sangsue au moment où elle mord avec le plus de force,

soit qu'on l'oblige de se détacher au moyen du sel marin, ou du tabac mis sur sa peau.

Faites mordre des sangsues à la cuisse d'une jeune femme, deux ou trois jours avant le temps où les menstrues ont coutume de couler; elles paroîtront plus tôt et en plus grande quantité que les mois précédents; quelquefois il en résultera une grande perte de sang utérin, , pour peu que la femme y soit disposée. Appliquez des sangsues à la cuisse pendant le temps de l'écoulement des menstrues; ordinairement il devient plus considérable, à moins que l'irritation causée par les sangsues ne soit excessive, que la femme ne soit naturellement très sensible et irritable, et qu'elle n'ait horreur de ces insectes.

Faites mordre des sangsues à l'anus ou aux cuisses d'une femme grosse, vous l'exposez à avorter heureusement que cet effet est rare.

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Faites mordre et sucer un grand nombre de sangsues, dans le même temps, à une des extrémités du corps, et ne laissez couler des morsures qu'une médiocre quantité de sang, les forces vitales et musculaires s'en trouveront légèrement affoiblies pendant vingt-quatre au trente-six heures au plus. Mais s'il s'écoule

il

des morsures une grande quantité de sang, les forces musculaires seront abattues pendant plusieurs jours, particulièrement les premières vingt-quatre heures; le pouls est petit, lent et concentré, le cœur bat avec moins de force, y a de l'agitation, de l'inquiétude : cependant l'abattement des forces vitales et musculaires n'est jamais aussi considérable et d'aussi longue durée que lorsqu'on a évacué en une seule saignée avec la lancette une semblable quantité de sang.

En général la saignée avec les sangsues affoiblit infiniment moins que la saignée avec la lancette, à égale quantité de sang tiré.

CHAPITRE V.

EFFETS SENSIBLES DES SANGSUES SUR
L'HOMME MALADE.

Les premiers jours d'une fièvre inflammatoire de quatorze, dix-sept à vingt-un jours, avec violente douleur de tête, grande chaleur, pouls plein, accéléré et fort, attaquant un jeune homme robuste, faites mordre à la cuisse quinze sangsues : elles ont à peine sucé quatre onces de sang, que le malade commence à sentir du soulagement; après la chute des sangsues, et lorsqu'il s'est écoulé de leurs morsures cinq à à six onces de sang, la douleur de tête s'adoucit, la chaleur est moins vive, le pouls plus souple et moins accéléré. Les sangsues mises au cou ou à la tête, bien loin de bien loin de procurer ces bons effets, augmentent pour l'ordinaire la douleur de tête, la chaleur, l'agitation; et le pouls est moins régulier et aussi accéléré.

Le second jour des fièvres de quatorze, dix

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