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la ventouse, en laissant brûler plus ou moins de temps des étoupes sur les téguments avant l'application de la ventouse en conséquence, on est maître d'établir une forte dérivation, lorsque le cas l'exige; au lieu qu'avec les sangsues on ne peut pas ainsi diriger les degrés d'irritation, d'inflammation et d'évacuation sanguine.

Les ventouses scarifiées, pendant tout le temps de leur action, raniment davantage les forces vitales et musculaires que les sangsues; mais après la morsure et la succion des sangsues, les forces vitales et musculaires se squtiennent plus long-temps au degré qu'elles viennent d'acquérir qu'après l'éloignement des

ventouses.

L'usage des ventouses scarifiées est aussi négligé en France que celui des sangsues l'étoit il y a quarante ans. Mais l'expérience et l'observation forceront certainement avant peu de temps les praticiens à employer plus souvent les ventouses. C'est aux médecins de Lyon à donner l'exemple, puisqu'ils ont si bien réussi de mon temps à engager tous les médecins français à faire usage des sangsues dans la plupart des maladies où la saignée avec la lancette étoit si usitée et si répétée.

Les sangsues ressemblent encore, par quelques uns de leurs effets sur l'homme sain et sur l'homme malade, au sinapisme, au vésicatoire

et au moxa..

Les semences de moutarde, pulvérisées et délayées avec eau quantité suffisante pour un cataplasme, étant appliquées sur une portion des téguments, y produisent en très peu de temps une douleur cuisante, aiguë et brûlante, une rougeur érysipélateuse, une grande chaleur, un gonflement et une tension considérables. Lorsque l'application du sinapisme est de longue durée, l'inflammation est très forte, et souvent accompagnée de vessies remplies de sérosité ces vessies se changent en ulcères superficiels dont la durée est proportionnée à l'action de la moutarde: pendant l'action de la moutarde les forces vitales et musculaires sont ranimées et le pouls est accéléré. Les sangsues, de quelque manière qu'elles agissent, ne causent jamais autant d'inflammation, et ne réveillent jamais avec la même activité les forces vitales et musculaires, à moins que les morsures et les environs ne s'enflamment beaucoup le second, le troisième et le quatrième jour, et qu'ensuite les morsures enflammées ne

s'ulcèrent; alors les effets des sangsues approchent, avec le temps, de ceux du sinapisme, L'emplâtre de mouches cantharides, appliqué sur une portion des téguments, y fait naître, au bout de quelques heures, de la chaleur, de la cuisson, de la tension, de la rougeur, du gonflement et de la douleur à un degré bien audessous de celui de semblables symptômes causés par le sinapisme; ensuite il paroît une vessie de la grandeur de l'emplâtre, remplie de sérosité, et se terminant par suppuration d'ordinaire moins abondante que celle que procure le sinapisme: pendant ces effets, le pouls est plus fort et plus accéléré, le corps est souvent agité, il y a fréquemment soif et sécheresse dans la bouche, la sensibilité générale s'accroît, les urines deviennent souvent brûlantes, quelquefois jusqu'à causer la strangurie, ou la rétention d'urine, avec tension douloureuse dans le bas-ventre. Dans toutes les maladies où il faut établir une prompte et forte dérivation et révulsion, où il est nécessaire de ranimer les forces vitales et musculaires, et où l'on craint l'action des mouches cantharides sur les voies urinaires, sur le cerveau, sur les poumons, sur un des viscères du ventre, préférez au vésicatoire le sinapisme. Il est

une infinité de circonstances où, pour favoriser fes bons effets de l'un ou de l'autre topique, il importe, quelques instants avant leur application, de faire mordre au même endroit des sangsues, quoiqu'elles augmentent de beaucoup l'irritation et l'inflammation de la partie; par exemple les premiers jours des fièvres éruptives, des maladies soporeuses par fièvre intermittente pernicieuse, ou par transport d'humeur dartreuse, goutteuse, rhumatismale, galeuse ou teigneuse, l'application du sinapisme est ordinairement indiquée avant celle du vésicatoire; mais la première application doit être souvent précédée de celle des sangsues; alors le vésicatoire mis après le sinapisme établira sans danger une dérivation et une révulsion plus promptes et plus sûres.

L'application des vésicatoires pour les maladies inflammatoires internes, ainsi que celle des sangsues ne doivent pas toujours se faire dans la partie la plus éloignée du siège de l'inflammation; il suffit d'avoir observé qu'elles établissent, à quelque distance, dérivation et révulsion plus promptes, pour s'écarter des lois générales: par exemple, appliquez, 1o les sangsues et le vésicatoire au-dessus de la nuque

dans l'iuflammation de l'œil par humeur teigneuse; 2° les sangsues au cuir chevelu, à la nuque, et l'emplâtre vésicatoire sur tout le cuir chevelu dans l'assoupissement et le délire par humeur teigneuse; 3° les sangsues, le sinapisme, et quelquefois le vésicatoire sur la poitrine, les quatrième, cinquième ou sixième jours de la violente inflammation essentielle de poitrine, et particulièrement de l'inflammation de poitrine catarrheuse : dans tous ces cas, les sangsues, les sinapismes et les vésicatoires sont souvent accompagnés de succès. L'observation n'exclut pas pour cela l'application des sangsues aux cuisses dans l'inflammation teigneuse et dans les maladies inflammatoires douloureuses de la tête par teigne quant à l'inflammation des poumons, il importe que les saignées au bras précèdent l'application des sangsues sur la poitrine; la dérivation et la révulsion par les sangsues, par les sinapismes et par les vésicatoires en deviennent plus grandes et plus avantageuses.

Les effets du moxa diffèrent plus des effets des sangsues que ceux du sinapisme et du vésicatoire: Le moxa excite pendant son action une douleur aiguë et une inflammation vive dans les

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