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rifiée pour obtenir des effets approchants de ceux de la sangsue.

4° La sangsue, au lieu de ne mordre qu'un vaisseau sanguin, quelquefois en mord plusieurs, ce qui multiplie la douleur : pour lors la sangsue suce d'ordinaire peu de sang; elle ne tarde pas à se détacher; il se forme presque aussitôt un caillot dans les morsures; et quelque effort qu'on fasse pour rendre l'évacuation. sanguine abondante, il ne sort communément qu'une très petite quantité de sang. On n'obtient donc dans ce cas qu'une saignée fort imparfaite, et avec plus d'irritation.

5° Les sangsues, quoique promptes à mordre et à sucer beaucoup de sang, laissent souvent après leur chute des plaies dont le sang ne s'écoule pas toujours abondamment; quelquefois même il n'en sort pas, à cause qu'il se coagule dans la plaie à l'instant où la sangsue: est tombée, ou parceque la morsure a produit dans les bords de la plaie et les environs tant d'irritabilité, de constriction et de gonflement, que l'ouverture du vaisseau se trouve fermée peu de temps après la chute de la sangsue. Dans ces circonstances il arrive ordinairement que, malgré tous les efforts de l'art, on ne peut en

lever le caillot et faire couler le sang, ou dissiper l'irritabilité, la constriction et le gonflement de la plaie. Le praticien est donc par-là déchu de l'espérance qu'il avoit de faire couler des morsures des sangsues la quantité de sang que l'espèce de maladie demandoit.

6° Après la chute des sangsues il sort souvent de leurs morsures plus de sang que l'espèce de maladie ne l'exige, accident plus ordinaire chez les enfans et les jeunes gens que chez les adultes; ou le sang, au sortir de la veine, ne forme point de caillot; ou les moyens employés pour suspendre le sang peu disposé à se coaguler sont insuffisants; ou on les applique trop tard, ou bien ils agissent avec trop de lenteur; ou le sang s'écoule sans qu'on s'en aperçoive, après avoir appliqué les astringents et les bandages nécessaires.

S'est-il écoulé une quantité de sang beaucoup plus grande que la maladie ne le comporte, les forces vitales et musculaires sont considérablement affoiblies, la sensibilité et l'irritation augmentent, la nature se trouve souvent dans l'impossibilité d'opérer une crise heureuse, ct l'art difficilement parvient à réparer tout le mal fait par de telles hémorragies; quelquefois

même la mort en est la triste suite. Combien d'exemples n'avons - nous pas de la morsure de la veine jugulaire, suivie des accidents les plus funestes à cause de la difficulté d'arrêter le sang.

7° Les bandages compressifs et les topiques astringents mis en usage pour supprimer le sang qui s'écoule en trop grande abondance de la morsure des sangsues nuisent souvent à leurs bons effets. Plus le bandage comprime et l'astringent agit avec force, plus le cours du sang se trouve gêné dans le vaisseau ouvert et dans les vaisseaux voisins, soit artériels, soit veineux; les muscles et les nerfs compris dans le bandage, étant trop serrés, font mal leurs fonctions: la dérivation et la révulsion sont imparfaites. Par exemple, le bandage employé pour arrêter l'hémorragie de la veine jugulaire externe rend toujours la circulation du sang dans le cerveau difficile, et nuit en conséquence aux effets avantageux qu'on est en droit d'attendre des sangsues qui auroient mordu de petites veines voisines de la veine jugulaire, sur-tout lorsque la plus légère compression suffit pour arrêter le sang qui vient de ces veines.

8° La quantité de sang sucé par les sangsues,

et évacué par leurs morsures, ne sauroit être fixée d'une manière précise.

Pour connoître la quantité de sang sucé par les sangsues, il faudroit les avoir pesées avant la morsure du vaisseau sanguin, et les peser après la succion du sang. Quant au sang qui sort des morsurés, il est très difficile de le recevoir dans des vases; d'ailleurs, il se perd beaucoup de sang dans les linges, les compres ses et les bandages: il arrive encore très souvent qu'après avoir appliqué les bandages nécessaires pour arrêter le arrêter le sang, il s'en évacue une grande quantité sans que le malade ni les assistants s'en aperçoivent ; ce n'est que lorsqu'il se sent comme inondé de sang et prêt à tomber en défaillance qu'il demande du secours. Combien de temps et de moyens ne faut-il pas mettre en usage pour remédier aux mauvais effets de cette hémorragie!

9° Le malade est obligé de garder le repos au moins pendant vingt-quatre heures après la suppression du sang qui s'écoule des morsures des sangsues, sur-tout si elles ont été appliquées aux hémorroïdes, aux cuisses, aux jambes et aux pieds; autrement il s'expose, 1o à déranger le bandage et à faire renaître l'hé

morragie; 2o à faire mouvoir le sang avec trop de force dans le vaisseau mordu; 3° à rendre les bords de la plaie et les environs douloureux, à les enflammer et à y faire naître une suppuration quelquefois de longue durée. Les ventouses scarifiées, la saignée avec la lancette ne présentent pas ces inconvénients.

10° Après la suppression du sang venant des morsures par les sangsues, les bords de la plaie et les environs souvent s'enflamment; alors, ou l'inflammation se borne aux bords de chaque morsure et se détermine au bout de quelques jours par résolution; ou elle est accompagnée de démangeaison, de douleur, de chaleur, de rougeur très vives, de gonflement, et de dureté considérables, symptômes bientôt suivis de suppuration ordinairement de la durée de sept, neuf, douze ou quatorze jours; ou bien l'inflammation s'étend sur les parties environnantes et prend la forme d'un érysipele avec vive douleur, chaleur forte, dureté et grande rougeur; rarement cet érysipele se termine par suppuration, plus rarement par gangrene, d'ordinaire par résolution. Ces accidents imprévus dérangent quelquefois les efforts de la nature, et durent, en certaines circonstances, plus de

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