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temps que la maladie; mais quelquefois ils contribuent à en accélérer la guérison.

11o Dans toutes les espèces de maladies où il faut tirer promptement et en grande abondance une quantité de sang déterminée, les sangsues ne peuvent pas être employées, parcequ'il se passeroit trop de temps pour la morsure, la succion et l'évacuation du sang après leur chute; d'ailleurs on n'est jamais certain d'obtenir une abondante évacuation de sang, ni de pouvoir déterminer à volonté, et d'une manière fixe, la quantité de sang à évacuer. Ainsi les premières heures ou le premier jour de plusieurs espèces de maladies inflammatoires, de fièvres éruptives inflammatoires, de maladies soporeuses, de blessures avec forte commotion et grande contusion, de suppression subite d'évacuation sanguine habituelle, suivie de symptômes très graves, etc., les sangsues feroient perdre un temps précieux, et la nature seroit opprimée par la surabondance du sang et par les obstacles à sa circulation, avant de pouvoir triompher.

12° La douleur que la morsure et la succion de la sangsue font éprouver est quelquefois si grande,qu'on est forcé de faire tomber lasangsue,

crainte de voir naître des défaillances ou des mouvements convulsifs, ce qui arrive souvent quand on s'opiniâtre à ne pas la détacher. Après la chute de la sangsue il s'écoule ordinairement très peu de sang, et après la suppression du sang la sensibilité et l'irritation parviennent à un très haut degré : cette douleur laisse encore dans l'esprit du malade une horreur pour les sangsues telle qu'il en refuse l'application dans d'autres maladies où elle est indiquée; et lorsqu'on veut l'effectuer par la force, il survient des accidents qui font regretter de n'avoir pas préféré la saignée avec la lancette ou les ventouses scarifiées.

13 Les sangsues augmentent beaucoup la sensibilité et l'irritation générales: principalement chez les sujets d'un tempérament bilieux, ou bilieux sanguin, ou mélancolique, d'une constitution très irritable, soit robuste, soit délicate: cet accroissement de sensibilité et d'irritation s'observe d'ordinaire six, huit, dix heures après l'application des sangsues; il dure souvent vingt-quatre, trente-six heures, quelquefois plus alors le pouls est concentré, petit, les forces musculaires, beaucoup moins diminuées qu'après la saignée avec la lancette.

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Lorsque la sensibilité et l'irritation sont très grandes, il y a souvent anxiété, malaise, vive inquiétude, forte agitation, symptômes qui détruisent toujours une partie du bien que peuvent procurer les sangsues. Ces symptômes sont encore plus sensibles chez les femmes enceintes et pléthoriques, quand même on auroit eu la précaution d'appliquer les sangsues au bras pour éviter qu'elles ne les fissent blesser, accident qui n'est que trop souvent arrivé: pour lors la saignée au bras avec la lancette est préférable.

14° La couleur et la forme des sangsues inspirent souvent à certains malades une telle répugnance pour ces insectes, qu'ils refusent de se soumettre à leurs morsures; ou s'ils y consentent comme malgré eux, ils en ressentent toujours une grande irritation qui s'oppose aux bons effets des sangsues.

15o Le temps que les sangsues mettent à mordre et à sucer, et celui qui se passe à l'évacuation du sang par les morsures après la chute des sangsues, sont si longs, que le médecin est ordinairement dans l'impossibilité de rester auprès du malade pendant cette opération; cependant la présence du praticien est très

essentielle : est-il certain, 1o qu'on applique les sangsues précisément à l'endroit où il a recommandé qu'on les fit mord re; 2° qu'on remplacera les sangsues qui ne veulent pas mordre; 3° qu'on évacuera seulement la quantité de sang qu'il a jugée nécessaire; 4° qu'il ne surviendra pas dans le cours de la saignée des symptômes qui indiquent d'augmenter ou de diminuer l'évacuation sanguine; 5 qu'on emploiera tous les moyens capables de favoriser la sortie du sang lorsqu'il coule difficilement ou qu'il s'arrête; 6o qu'on éloignera avec soin les sangsues des vaisseaux sanguins qu'il seroit dangereux d'ouvrir; 7° qu'on supprimera l'évacuation sanguine au moment où elle commence à être trop abondante, en mettant en usage le moyen le plus propre à la suspendre et à l'empêcher de reparoître combien de fautes ne commettent pas tous les jours sur ces objets les assistants et les gardes-malades?

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Il résulte aussi de la longueur du temps employé pour la morsure des sangsues, pour leur succion, pour l'écoulement du sang après leur chute, et quelquefois pour la suppression de ce sang, que le malade s'inquiète, qu'il en est toujours plus ou moins fatigué, et que pour le

moment les symptômes de la maladie prennent souvent un accroissement sensible.

16 Les morsures des sangsues laissent des cicatrices de si longue durée, que souvent les femmes jeunes et idolâtres de la beauté de leur peau ne veulent point permettre qu'on leur applique des sangsues aux bras ou aux cuisses, crainte de rendre ces parties désagréables à la vue; elles aiment mieux souffrir plus longtemps, ou s'exposer à périr que de porter de semblables empreintes : encore heureux le praticien qui peut obtenir de les saigner avec la lancette, au bras ou au pied, selon l'indication.

17° Les sangsues produisent souvent des effets plus ou moins préjudiciables lorsqu'elles sont appliquées ou sur les parties du corps disposées à l'inflammation, ou sur les parties très sensibles, irritables et susceptibles de s'enflammer à la plus légère blessure, comme l'œil, les paupières, le conduit externe de l'oreille, les lèvres, l'intérieur de la bouche, l'aréole et le mamelon de la femme, le gland, le prépuce, le scrotum, le périné, l'orifice de l'urètre, les parois internes de la vulve et les bords de l'anus.

Cependant il faut souvent excepter les

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