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alors les praticiens sont obligés d'avoir recours aux ventouses scarifiées, bien préférables à la saignée avec la lancette lorsque les sangsues sont indiquées.

26° La sangsue médicinale est l'espèce de sangsue la plus commune en Europe. On rencontre dans quelques torrents des Alpes la sangsue noire des Alpes ; qu'il faut bien se garder de confondre avec la sangsue médicinale, et d'appliquer sur les téguments : cette sangsue des Alpes cause des douleurs atroces en mordant et en suçant, et des convulsions qui en sont la suite.

27° Les sangsues qui ont sucé plusieurs fois et en peu de temps du sang humain, quoique dégorgées et tenues dans l'eau pure, d'ordinaire mordent avec moins d'activité, ne sucent qu'une petite quantité de sang, et après leur chute il ne découle de leurs morsures qu'une médiocre quantité de sang; il y a de l'imprudence de les employer, ainsi que les sangsues conservées depuis long-temps, et en trop grand nombre, dans de petits bocaux, ou renfermées dans des bocaux exposés à des vapeurs qui leur sont nuisibles. On ne rencontre que trop souvent de semblables sangsues dans les boutiques des apothi

caires, des droguistes et des herboristes. Pour les sangsues qui auroient mordu les vaisseaux sanguins et sucé le sang d'un vérolé, d'un galeux, ou d'un dartreux, elles ne communiquent, comme nous l'avons déjà rapporté, aucune de ces maladies; néanmoins ce seroit s'exposer à fatiguer l'esprit du malade que d'appliquer de telles sangsues.

28. L'application des sangsues se fait avec tant de facilité, et leur usage est devenu si familier et tellement à la mode, que les personnes les plus ignorantes en médecine, et les empiriles prodiguent tous les jours pour la plus légère indisposition, et dans une multitude d'espèces de maladies où elles sont contre-indiquées. 29° Lorsqu'on tire des marais ou des étangs

ques,

des sangsues, il n'y a point de signes certains pour distinguer les bonnes des mauvaises; d'ailleurs il y a des étangs qui fournissent de meilleures sangsues les uns que les autres.

Les apothicaires ne peuvent alors juger de la bonté des sangsues que par leur grosseur, leur force et leur vivacité; mais quand ils vendent des sangsues malades ou affoiblies par un trop long séjour dans le bocal, ou par toute autre cause dépendante d'eux, ils trompent sans que

la garde-malade puisse s'en douter; ce n'est donc qu'en les appliquant sur les téguments qu'on sera en droit de soupçonner qu'on a été trompé, parcequ'elles refuseront de mordre, ou qu'elles se détacheront peu de temps après avoir mordu.

CHAPITRE VIII.

MALADIES OU LES SANGSUES SONT INDIQUÉES.

Maladies febriles.

LES fièvres continues, intermittentes et éruptives, sont aux yeux d'un grand nombre de praticiens les maladies où l'on doit être avare de la saignée, crainte de troubler les efforts salutaires de la nature pour la coction et la crise: mais observez-vous, dès l'invasion de la fièvre, qu'elle est accompagnée d'une tendance à une forte inflammation, d'abattement des forces par pléthore, d'assou pissement ou de délire par difficile circulation du sang dans le cerveau (symptômes très fréquents), la saignée et principalement les sangsues sont indiquées : cette indication devient infaillible, lorsque les fièvres ont pour principe la surabondance du sang, suppression d'une évacuation sanguine et habituelle, ou des hémorroïdes, la diminution subite de la transpiration insensible, la réper

la

cussion d'une dartre, de la teigne, de la gale, de la goutte ou du rhumatisme, etc., et lorsque les fièvres attaquent des sujets sanguins, robustes, disposés aux maladies inflammatoires, abusant des boissons spiritueuses, des aliments échauffants ou trop succulents, menant une vie sédentaire, prenant beaucoup de nourriture, exposés par intervalles plus ou moins éloignés à des exercices violents, et respirant un air chaud auquel ils ne sont point habitués.

Les enfants, dès le plus bas âge jusqu'à celui de quinze à seize ans, sont-ils pléthoriques, (pléthore plus fréquente qu'on ne pense) présentent-ils une grande disposition à l'inflammation, ou des signes évidents d'une forte inflammation, soyez certain qu'ils éprouveront toujours de bons effets des sangsues, pourvu qu'on les applique à la cuisse les premiers jours de la fièvre; elles détournent vers les extrémités inférieures le sang qui se porte constamment en plus grande quantité et avec plus de force à la tête des enfants, proportion gardée, qu'à celle des jeunes gens et sur-tout des adultes il faut donc, malgré la routine,

:

évi

ter dans toutes les espèces de fièvres où les

sangsues sont indiquées de les faire mordre à

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