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constamment l'inflammation plus grave, et la font dégénérer en gangrène pour peu qu'il y ait disposition, comme on l'observe souvent dans la fièvre érysipélateuse : continuez le second et le troisième jour l'application des sangsues, mais laissez couler moins de sang des morsures le troisième jour que les jours précédents, de peur de trop abattre les forces si nécessaires pour la résolution, et si essentielles quand l'érysipele est menacé ou attaqué de gangrène, pour favoriser les bons effets du quinquina, qu'il faut dès-lors administrer intérieurement et extérieurement.

En général, on ne sauroit déterminer pour chaque espèce de fièvre le nombre des sangsues à appliquer, et la quantité de sang à évacuer sans exposer les jeunes praticiens à tomber dans l'erreur, parcequ'il est impossible de rien établir de précis sur ces deux objets : il faut donc, avant d'appliquer les sangsues, consulter le pouls, la respiration, les fonctions du cerveau et des autres viscères, le tempérament, la constitution, l'âge, le sexe, les habitudes, le degré d'intensité de la fièvre, ses complications, les efforts de la nature, la voie par où elle se prod'évacuer la matière morbifique, la cons

pose

titution de l'air, le climat, la saison, les maladies régnantes, et une infinité d'autres circonstances que souvent on ne peut prévoir. Ainsi l'expérience et l'observation peuvent seules mettre le praticien à même de saisir et d'apprécier au juste le moment et l'endroit favorables où il doit faire mordre tel nombre de sanget laisser évacuer la quantité de sang nécessaire pour obtenir de la nature une crise heureuse.

Maladies inflammatoires.

Il n'est point d'affection morbifique où l'on se serve aussi fréquemment des sangsues que dans les maladies inflammatoires; mais afin que les sangsues produisent un bon effet, il faut les employer les jours propres à favoriser les efforts de la nature pour la résolution, les faire mordre à l'endroit où il est démontré qu'elles procurent le plus de soulagement, et en appliquer le nombre convenable à l'espèce de maladie, à son degré d'intensité, au tempérament, à la constitution, à l'âge, aux habitudes du sujet, au sexe, etc.

Les moments les plus favorables pour appliquer les sangsues sont depuis le premier jusqu'au troisième jour de la maladie ; lorsqu'on les a oubliées pendant ce terme, elles peuvent encore causer beaucoup de soulagement le quatrième et le cinquième jour; mais il est rare qu'elles soient utiles le sixième et le septième jour on peut cependant les tenter quand il ne reste plus d'autres ressources pour sauver le malade; il faut excepter les inflammations lendont la terminaison n'a rien de fixe, et où l'application des sangsues, quoique faite longtemps après le septième jour, obtient souvent un grand succès.

tes,

L'endroit où il faut appliquer les sangsues doit varier suivant celui que l'inflammation occupe. Pour ne pas s'égarer en suivant la pratique des médecins dirigés par la routine, consultez l'expérience et l'observation; elles défendent l'application des sangsues sur les parties extérieures enflammées; quels que soient l'organe affecté et l'espèce d'inflammation, les sangsues en augmentent toujours la chaleur, la douleur et la rougeur; elles s'opposent souvent à la résolution; elles établissent fréquemment la suppuration, et quelquefois elles causent la gan

grène appliquées proche de l'endroit enflammé, si elles ne font pas ordinairement autant de mal, elles sont très rarement utiles. Mais veut-on calmer l'inflammation, favoriser la résolution, empêcher que la suppuration ne soit accompagnée d'accidents graves, ou que l'inflammation ne se termine par gangrene; faites mordre les sangsues à l'endroit le plus éloigné de la partie enflammée : par exemple, l'inflammation attaque-t-elle la tête, vous mettrez les sangsues à la cuisse, ou à la jambe, si elles ne veulent pas mordre à la cuisse; au contraire l'inflammation a-t-elle son siège aux téguments ou aux muscles du ventre, aux parties naturelles, aux extrémités inférieures ; vous appliquerez les sangsues aux bras; alors l'inflammation s'apaisera, et pour peu qu'elle soit disposée à la résolution, elle se résoudra plus facilement, la suppuration sera moins grande, et la gangrène n'aura pas lieu, ou, si elle est inévitable, elle n'aura pas des suites aussi fâcheuses..

Il ne faut pas croire qu'il en soit toujours ainsi de l'inflammation qui attaque les parties internes. Quelquefois les sangsues mises sur la portion des téguments qui répond au viscère enflammé contribuent à la résolution; par

exemple, dans l'inflammation des poumons, après avoir pratiqué deux, trois, quatre, cinq saignées au bras avec la lancette, si on pose les sangsues sur l'endroit douloureux de la poitrine, il arrive souvent qu'elles diminuent la douleur, et qu'elles rendent la respiration plus libre et l'expectoration plus facile. Dans l'inflammation du cerveau par teigne, si, après l'application aux cuisses d'un grand nombre de sangsues, on en fait mordre le même jour sur le cuir chevelu ou aux environs, souvent il en résulte un grand avantage; mais lorsqu'on met les sangsues sur les téguments du ventre dans l'inflammation du diaphragme, de l'estomac, du foie, des intestins, du mésentère ou de l'épiploon, bien loin de faire autant de bien, elles portent ordinairement préjudice: c'est dans ces espèces de maladies inflammatoires que les sangsues appliquées sur les bras diminuent sensiblement l'inflammation, principalement si elles ont été précédées d'une, deux, trois saignées au bras avec la lancette; il faut néanmoins excepter l'inflammation des viscères du ventre à la suite d'une couche, et l'inflammation d'un de ces viscères par suppression ou par diminution subite du flux menstruel, des fleurs blanches, du

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