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que la tête est douloureuse, la quantité du sang et sa vélocité deviennent plus considérables dans les artères crurales que dans les artères carotides, et cette dérivation se soutient longtemps avec un calme sensible des symptômes. L'expérience journalière confirme cette théorie.

Néanmoins avez-vous appliqué sans succès les sangsues aux cuisses dans les douleurs intérieures de la tête, des bras et de la poitrine, et les sangsues aux bras dans les douleurs intérieures du ventre; tentez alors de les faire mordre à la portion des téguments correspondante à la douleur interne, avec la précaution d'arrêter le sang après la chute des sangsues, si les saignées précédentes ont été copieuses, et si le malade s'en trouve affoibli.

Toutes les fois qu'une humeur âcre s'est fixée dans une partie du corps et y produit de la douleur, avec crainte d'une vive inflammation ou d'autres accidents graves, on doit s'efforcer de combattre la douleur avec les remèdes qui sont reconnus les plus avantageux pour la détourner et la dissiper, tels que les sangsues, les frictions, les rubéfiants, les vésicatoires, les sétons, les cautères, les ventouses, le moxa, le cautère actuel, les incisions et les topiques répercus

sifs..... Lorsqu'on emploie les sangsues dans le dessein de détourner et évacuer l'humeur âcre, faut-il les appliquer sur l'endroit douloureux ou aux environs, ou sur la portion des téguments la plus distante de la partie douloureuse? ou bien, lorsque l'humeur s'est transportée plusieurs fois d'un endroit à l'autre, doiton les appliquer sur la partie qui a été la première attaquée de cette humeur sans danger?

Les praticiens routiniers font presque toujours mordre les sangsues à l'endroit douloureux, tellement ils sont persuadés qu'elles ont la faculté d'attirer et de sucer l'humeur âcre, et que plus elles agissent près du mal, plus elles en détruisent promptement l'action et le principe : l'expérience cependant prouve tous les jours l'absurdité de cette méthode et les avantages de la méthode contraire. En effet, mettez les sangsues sur la portion des téguments la plus éloignée du point douloureux, souvent elles procureront du calme, et constamment elles s'opposeront au danger qui pourroit résulter d'une douleur aiguëet de longue durée. On ne doit donc se résoudre à appliquer des sangsues sur l'endroit douloureux par humeur âcre et avec danger, qu'autant que leur application n'a produit au

cun bien sur les extrémités du corps les plus éloignées de la douleur; car autrement les sangsues ne peuvent contribuer qu'à fixer l'humeur âcre, à causer une vive, inflammation dans la partie affectée, à donner un plus mauvais caractère à cette humeur, et à la faire agir conséquemment avec plus de force sur les organes qu'elle touche et sur les organes voisins: par exemple, dans la douleur par humeur cancéreuse, par humeur érysipélateuse, ou par humeur dartreuse, les sangsues placées sur l'endroit douloureux augmentent toujours la douleur et la disposition de la partie à se convertir en cancer, en érysipele fâcheux, ou en dartre de mauvaise qualité.

Une humeur âcre, dont le déplacement est facile, telle que l'humeur dartreuse, teigneuse, galeuse, rhumatismale, goutteuse; ou bien une humeur âcre d'une nature inconnue, mais prompte à changer de siège, s'est-elle transportée de l'extérieur à l'intérieur, il faut aussitôt appliquer sur l'endroit le premier affecté d'une de ces humeurs, ou aux environs, plusieurs sangsues: vous laisserez couler de leurs morsures plus ou moins de sang, selon le tempérament, la constitution, l'âge, les habitudes

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du sujet, le degré de pléthore, et l'espèce d'humeur âcre. L'état du malade ne permet-il pas une évacuation abondante de sang, arrêtez-le après la chute des sangsues: lorsqu'elles ont diminué la douleur interne sans trop affoiblir le malade, réitérez leur application.

1o Les maladies douloureuses de la tête, pour lesquelles on met si souvent les sangsues aux tempes ou derrière les oreilles, à la nuque ou au cou, ne sont véritablement soulagées que par la morsure des sangsues aux cuisses: préférez cette application à celle qu'on a coutume de faire au fondement, aux jambes et aux pieds: étant appliquées sur la tête ou aux environs, les sangsues augmentent d'ordinaire la douleur, particulièrement la douleur de tête par pléthore, la douleur de tête par suppression du saignement habituel du nez, par diminution ou suppression du flux menstruel ou des fleurs blanches; la douleur de tête par blessure et avec commotion, par exposition au soleil, ou par exercices violents; la douleur de tête par boissons spiritueuses ou par aliments acres, par médicament stupéfiant ou par préparation mercurielle; la douleur de tête par application trop forte et trop longue des yeux, celle par réper

par

cussion de transpiration insensible, et celle suppression d'une inflammation qui attaque les extrémités inférieures.

La douleur de tête par diminution ou par suppression des hémorroïdes ou du flux hémorroïdal est ordinairement calmée par l'application des sangsues sur les hémorroïdes flétries, ou autour de l'anus. Comme cette application a quelquefois produit une inflammation accompagnée de suppuration et de fistule à l'anus, j'ai constamment obtenu des effets aussi salutaires de l'application des sangsues aux environs de l'anus, sans avoir à craindre la fistule.

Lorsque la douleur de tête est symptôme d'une maladie aiguë, qu'elle est violente, que la saignée est indiquée, que les viscères du ventre ne sont point affectés, préférez toujours de faire mordre les sangsues aux cuisses plutôt qu'à la tête, au cou et aux bras.

La douleur de tête, par répercussion de la teigne demande, dès les premiers jours, l'application des sangsues sur le cuir chevelu, aux endroits qu'occupoient les ulcères et croûtes teigneuses: n'appréhendez pas de faire mordre plusieurs fois de nouvelles sangsues; si les forces

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