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chute, des bains de jambes aiguisés de moutarde ou des sinapismes sur l'un et l'autre pied; laissez long-temps écouler le sang des morsures. Mettez aux cuisses le même jour de nouvelles sangsues, mais en plus petit nombre, ainsi que les jours suivants; si les signes de pléthore ne sont pas dissipés, faites prendre en même temps chaque jour trois ou quatre bains de moutarde.

Les sangsues qu'on est dans l'usage de poser aux tempes, aux paupières, au cou, détruisent toute espérance de guérison; car souvent elles tendent à causer la privation entière de la vue, lorsque le malade auroit pu distinguer encore la lumière pendant quelque temps.

S. La diminution de l'ouïe par pléthore, et la surdité pléthorique', demandent aussi les premiers jours des sangsues aux cuisses: proportionnez le nombre des sangsues au degré de pléthore, soit générale, soit particulière à l'organe de l'oreille et au cerveau. Le premier jour tirez plus de sang que les jours suivants. Favorisez l'action des sangsues par les sinapismes aux extrémités inférieures ou par les bains de jambes aiguisés de moutarde. Ne faites point mordre de sangsues derrière les oreilles et à

la nuque, vous augmenteriez la difficulté d'ouïr, ou vous rendriez la surdité plus rebelle aux autres remèdes.

par

Pour la diminution de l'ouïe et la surdité

humeur teigneuse, avant d'appliquer les vésicatoires sur les bras et au-dessous de la nuque, mettez des sangsues aux cuisses plutôt qu'à la nuque; les vésicatoires opéreront un changement plus prompt et plus avantageux.

9° L'apoplexie la plus legère, comme la plus forte, ne peut être combattue avec succès qu'autant qu'on applique au commencement de l'attaque un grand nombre de sangsues sur les cuisses: s'il est impossible de se procurer surle-champ des sangsues, saignez d'abord au pied avec la lancette; souvent même il faut débuter par cette saignée lorsque l'attaque est violente et la pléthore considérable: aussitôt après, faites mordre un grand nombre de sangsues aux cuisses, et ne laissez pas couler des morsures une trop grande quantité de sang, si la saignée avec la lancette a été forte. Répétez le même jour et le suivant la morsure des sangsues, sans tirer après leur chute beaucoup de sang, principalement lorsque le sujet est foible ou d'un tempérament pituiteux, d'une consti

tution délicate, et lorsqu'il respire un air froid et humide; autrement vous abattriez les forces vitales et musculaires au point de faire craindre une nouvelle attaque. Aidez les effets salutaires des sangsues par les frictions et les sinapismes sur les extrémités inférieures, et par les lavements.

C'est pour cette maladie qu'on ne sauroit trop recommander aux praticiens routiniers 1o de ne pas faire mordre des sangsues à la tête et au cou; 2o de n'administrer ni émétique ni purgatif, ce que malheureusement ils exécutent tous les jours malgré les conseils des médecins expérimentés et observateurs.

Toutes les espèces d'apoplexie doivent être regardées primitivement ou secondairement comme sanguines, il ne faut pas en excepter une seule; ou le sang circule difficilement dans les vaisseaux du cerveau, ou il y abonde trop.

Les espèces d'apoplexie qui résultent de la trop grande abondance de sang dans les artères et les veines, ou de la rupture d'un de ces vaisseaux à la suite d'une pléthore particulière du cerveau, d'une blessure à la tête ou de la suppression subite d'une évacuation sanguine naturelle, indiquent à l'instant où elles se montrent la saignée au pied, et non point la

saignée à la jugulaire, que prescrivent certains auteurs : aussitôt après, appliquez un très grand nombre de sangsues sur les cuisses.

L'apoplexie vient-elle de la suppression du flux hémorroïdal ou de la répercussion des hémorroïdes, la plupart des médecins préfèrent avec raison de mettre les sangsues autour de l'anus; il est certain que les morsures faites dans cette partie fournissent souvent beaucoup plus de sang que les morsures aux cuisses ou aux jambes, principalement lorsqu'on fait asseoir le malade sur un vase rempli à moitié d'eau chaude pour en recevoir la vapeur; l'irritation que les sangsues produisent au bord de l'anus et aux environs est, chez les bilieux et les personnes douées de beaucoup de sensibilité, quelquefois plus forte que celle qu'elles causent aux cuisses ou aux jambes; alors les sangsues mises aux bords de l'anus ne diminuent pas sensiblement l'assoupissement et les autres symptômes de l'apoplexie; cependant si vous craignez que la première saignée aux cuisses avec les sangsues ne procure pas une. évacuation assez abondante de sang, faites-les mordre autour de l'anus, pour ensuite les mettre aux cuisses et aux jambes., e!

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Les espèces d'apoplexie par transport d'humeur séreuse sur le cerveau, et les apoplexies par transport d'une humeur morbifique sur ce viscère, exigent au moment de l'attaque l'appli cation d'un grand nombre de sangsues sur les cuisses; seulement ayez l'attention, de ne pas laisser couler des morsures autant de sang que dans les précédentes espèces d'apoplexie, et de renouveler plus souvent les morsures. Ne croyez donc pas, comme le vulgaire, que la saignée par les sangsues est mortelle dans les apoplexies par transport d'humeur séreuse; que l'émétique est le remède le plus nécessaire et les plus urgent; qu'on ne peut tout au plus se servir des sangsues qu'après l'effet de l'émétique ; et qu'il faut absolument les appliquer sur les tempes et sur le cou : l'expérience démontre au contraire qu'ici l'émétique est ordinairement funester, et que les sangsues aux tempes et au cou sont toujours dangereuses.

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L'apoplexie laiteuse indique la prompte application d'un très grand nombre de sangsues sur les cuisses, et celle de larges sinapismes sur les extrémités inférieures : ces sinapismes, jusqu'à formation d'ampoules, contribuent plus à rendre efficaces les sangsues aux cuisses

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