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que les vésicatoires, les ventouses scarifiées et le moxa. L'apoplexie laiteuse est toujours plus soulagée par les sangsues à la cuisse que par la saignée au pied avec la lancette; mais il faut qu'elles soient mises en très grand nombre dès le premier jour, et qu'on ne craigne pas de laisser couler le sang jusqu'à affoiblir la malade. Les deux jours suivants réitérez les morsures de sangsues avec moins d'effusion de sang : après leur chute, couvrez les pieds et les jambes d'un cataplasme de riz aiguisé de moutarde, cataplasme que vous renouvellerez de six en six heures; les lavements d'infusion de racine de persil ne sauroient être trop répétés. Les ventouses scarifiées entre les épaules, quoiqu'elles ne portent pas autant de préjudice que les sangsues aux tempes et au cou, ne doivent jamais être préférées à la saignée au pied avec la lancette, encore moins à l'application des sangsues

aux cuisses.

L'apoplexie par fièvre intermittente est domtée avec plus de promptitude, si dès les premiers instants de l'attaque on fait mordre un grand nombre de sangsues aux cuisses, et si peu de temps après on administre le quinquina à très haute dose, soit intérieurement, soit en

lavement, avec la précaution de tamponner fortement l'anus aussitôt qu'on a injecté la décoction de quinquina; lorsque la durée ordinaire d'un accès de fièvre intermittente est passée, réitérez l'usage du quinquina à très haute dose, et l'application des sangsues sur les cuisses; mais ne laissez couler que la quan tité de sang nécessaire pour dissiper l'assoupissement sans trop abattre les forces vitales.

10° L'abolition du mouvement ou de la sensibilité, et l'abolition de ces deux facultés à la fois, précédées d'apoplexie, semblent interdire toute espèce d'évacuation de sang, parcequ'il paroît convenable de rétablir les forces vitales et musculaires au lieu de les diminuer : mais l'apoplexie n'a-t-elle pas été combattue par l'application d'un grand nombre de sangsues ou par des saignées réitérées avec la lancette, appliquez alors des sangsues sur les extré mités inférieures; cela est essentiel; car la sensibilité et les forces musculaires, bien loin de s'affoiblir, s'accroissent: quand même on auroit saigné l'apoplectique-paralytique avec la lancette, vous ferez encore mordre des sangsues aux extrémités inférieures du malade, pour peu que le pouls soit dur, et qu'il y ait stupeur ou douleur de tête.

L'insensibilité pléthorique des téguments est plus facile à vaincre lorsqu'on met dès les premiers jours des sangsues aux cuisses : peu importe quelle est la partie des téguments affectée, il faut toujours détourner du cerveau une portion du sang pour en favoriser la circulation: on ne doit donc pas s'étonner qu'en plaçant des sangsues à la tête et au cou on n'obtienne aucun soulagement, à cause qu'elles font affluer une plus grande quantité de sang dans le cerveau; elles y rendent alors la circulation du sang plus pénible par rapport aux obstacles qu'il rencontre, et elles augmentent les douleurs de tête et souvent l'insensibilité.

La paralysie des extrémités supérieures, des extrémités inférieures, de la moitié du corps, d'un ou de plusieurs muscles des joues, de la langue, du pharynx, de l'intestin rectum, de la vessie ou d'un autre viscère, soit qu'elle entraîne l'abolition complète du mouvement et de la sensibilité, ou seulement l'abolition de l'une de ces deux facultés, lorsqu'elle a pour principe la pléthore ou la suppression d'une évacuation sanguine habituelle, nécessite l'application des sangsues sur les extrémités infé

rieures, particulièrement sur les cuisses. Faites en sorte d'employer les sangsues les premiers jours, car plus vous retarderez, moins vous obtiendrez du soulagement. Prenez garde aussi de faire mordre les sangsues à la tête ou au cou, comme on le pratique journellement, surtout dans la paralysie des différentes parties de la tête ou du cou. Le moxa si vanté pour toutes les espèces de paralysie, quel qu'en soit le principe, et mis par préférence au sommet de la tête, aux tempes, à la nuque, n'a jamais favorisé les bons effets des sangsues aux cuisses dans les espèces ci-dessus désignées; au contraire, il s'est toujours opposé à ces bons effets; il fait porter le sang à la tête en plus grande quantité et avec plus de force, et s'il paroît réveiller la sensibilité ou le mouvement, cela n'est que momentané.

11° L'assoupissement précédé de douleur de tête, de vertige, de pouls plein, ou dur et concentré, de difficulté de se mouvoir, doit être, combattu avec les sangsues aux cuisses pour peu qu'il soit de longue durée, particulièrement s'il dépend de l'insolation, du séjour dans un endroit fermé et très chaud, d'une blessure à la tête, d'une violente com

motion du cerveau ou de la moelle épinière à la suite d'un coup ou d'une forte se cousse, d'une pléthore générale ou d'une pléthore particulière du cerveau, de la suppression d'une évacuation sanguine habituelle, ou bien enfin de la répercussion subite d'une humeur excrétoire morbifique ou naturelle chez des sujets robustes sanguins, ou sanguins bilieux. La saignée au pied avec la lancette est moins utile que les sangsues à la cuisse ou à la jambe; ne les appliquez jamais sur les tempes, sur la nuque ou sur le cou; réitérez leurs morsures les premiers jours et les suivants, jusqu'à ce que le pouls devienne lent, petit, foible, et qu'on ne craigne plus de voir l'assoupissement dégénérer en apoplexie. Les sinapismes aux jambes sous forme de bain ou de cataplasme, avant et après chaque application des sangsues, contribuent à rendre leurs effets plus avantageux. Les vésicatoires sur les jambes, malgré la préférence que plusieurs praticiens leur donnent, ne l'emportent jamais sur les sinapismes, et d'ordinaire ils nuisent au malade. Quelqu'opiniâtre que soit l'assoupissement, n'employez ni le cautère actuel, ni le cautère potentiel sur la nuque ou sur d'autres parties du corps; commu

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