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faire mordre des sangsues; mais cette portion renferme-t-elle de grandes veines superficielles, des artérioles, un grand nombre de branches nerveuses cutanées, il faut appliquer les sangsues ailleurs, non loin toutefois de l'endroit convenable, et de manière que la peau soit assez fine, les petites veines assez extérieures, pour engager les sangsues à la morsure.

Lorsque l'indication de l'espèce de maladie exige qu'on les applique à la tête et au cou, ne les faites pas mordre indifféremment dans tors les points: faut-il mettre les sangsues sur le cuir chevelu, préférez l'occiput au sommet de la tête et aux parties pariétales et temporales: se croit-on forcé de les appliquer sur d'autres portions de la tête, donnez la préférence aux parties situées au-dessus et au-dessous des principales ramifications de l'artère temporale, aux ailes du nez, ou à la partie interne du nez; dans ce dernier cas, renfermez la sangsue dans un cylindre creux, dont vous appliquerez l'extrémité où se trouve la tête sur la face interne des narines pendant tout le temps de la succion. -Pour les autres parties de la tête, évitez de faire mordre les saugsues sur le globe de l'œil, la caroncule lacrymale,

les paupières, l'artère temporale et ses principales ramifications, les bords et la face interne des lèvres, sur celle des joues, sur les gencives, la langue, le palais, le voile du palais, les amygdales, et sur les portions du visage qui répondent aux glandes parotides. S'il y a indication urgente d'appliquer les sangsues sous la mâchoire inférieure, indication très rare, éloignezles des glandes salivaires. Lorsque vous mettez derrière les oreilles les sangsues, prenez garde qu'elles ne mordent l'artère auriculaire externe · et ses principales ramifications. N'approchez jamais des parties latérales du cou les sangsues, c'est vous exposer à leur faire mordre la veine jugulaire ; placez-les alors derrière le cou depuis la seconde vertèbre cervicale jusqu'à la première vertébre dorsale vous ne courrez aucun risque de les faire mordre sur la face antérieure du larynx ou du pharynx, pourvu que vous ayez soin de les écarter de toutes les artérioles qui rampent sur ces parties.

Lorsqu'une espèce quelconque de maladie nécessite l'application des sangsues aux extré mités supérieures pour y faire dériver arre plus grande quantité de sang, et pour en éloigner une partie,des vaisseaux sanguins du ventre

et des extrémités inférieures, faites mordre des sangsues à la partie antérieure du bras, à la face externe ou interne de l'avant-bras, au dos de la main; ne les placez point sous l'aisselle, elles y exciteroient beaucoup de douleur, de chaleur, de rougeur, et même de dureté, de gonflement, et quelquefois la suppuration : ne les mettez point sur la face interne du bras le long du trajet de l'artère humérale, elles pourroient s'attacher à de petites artérioles; ne les approchez pas du pli du bras, elles seroient capables d'y ouvrir de grandes veines ou des artérioles, et d'y mordre de petites branches nerveuses cutanées.

Dans les espèces de maladies de la poitrine, où il faut absolument faire dériver vers les parties extérieures de la poitrine une portion du sang qui se porte en trop grande quantité dans les poumons, fixez les sangsues sur les parties les plus douloureuses de la poitrine; quel que soit l'endroit où on les applique, elles ne peuvent attaquer ni des vaisseaux sanguins considérables, ni de grosses ramifications nerveuses cutanées.

Il en est de même pour les maladies des viscères du ventre, du diaphragme, des muscles

du dos et des lombes, des organes renfermés dans le conduit de la moelle épinière, quand il s'agit d'attirer à l'extérieur une partie du sang qui se porte dans l'intérieur : sur quelque partie du ventre, du dos ou des lombes qu'on applique les sangsues, on ne doit point craindre qu'elles s'attachent à des vaisseaux et à des nerfs dont la blessure puisse être accompagnée d'aucun accident fâcheux; car les vaisseaux sanguins et les nerfs qui se ramifient dans les téguments du ventre et du dos sont la plupart petits.

Les bords de l'anus sont la partie du corps où l'on applique le plus souvent les sangsues; cette saignée qui se pratique dans le dessein d'obtenir une abondante évacuation de sang, ou de rappeler les hémorroïdes, ou de remplacer le flux hémorroïdal, offre fréquemment des inconvénients si graves, que, dans la plupart des cas ou elle est indiquée, il ne faut pas hésiter à mettre les sangsues à quelque distance de l'anus ou vers la partie supérieure et interne des cuisses, à moins qu'on ne soit assuré qu'elles ne causeront point d'inflammation et de suppuration aux bords de l'anus et dans le tissu cellulaire du rectum, ce qui est très difficile à reconnoître; car souvent les sangsues ne pro

duisent point d'inflammation aux bords de l'anus chez les personnes qui sont disposées à l'inflammation, tandis que, chez les sujets pituiteux ou doués de peu de sensibilité et d'irritabilité, elles font naître autour de l'anus inflammation et suppuration. Appliquez-les rarement sur les hémorroïdes engorgées et douloureuses, pour éviter leur inflammation; préférez d'ouvrir les hémor roïdesavec la lancette; ou faites mordre les sangsues, comme nous l'avons déjà dit, à un ou deux travers de doigt de l'anus, préférablement vers la partie supérieure et interne de la cuisse : lorsque vous êtes obligé de poser les sangsues sur les bords de l'anus, placez-les de manière qu'elles ne puissent pas entrer dans le rectum; car ce n'est pas un, phénomène extraordinaire que de voir les sangsues entrer dans le rectum malgré la constriction de l'anus, et leur répugnance à l'odeur de la matière fécale; pour lors injectez de l'eau tenant en solution nitre purifié ou sel marin, depuis demi-once jusqu'à une once dans une livre d'eau pure; ou bien faites passer dans le rectum' la vapeur du tabac (comme il est rapporté à l'article des remèdes à mettre en usage pour combattre les accidents qui proviennent des sangsues.)

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